Demain c’est loin raconte les mésaventures de François Feldman, pas le chanteur mais un trentenaire au nom juif et à la tête d’arabe qui a grandi parmi les racailles d’une cité lyonnaise et qui se retrouve malgré lui en cavale dans la voiture de sa banquière avec une bande de dealers aux trousses. Pas la peine d’en dire plus, il serait dommage de déflorer davantage ce scénario déjanté qui ne brille pas par sa finesse mais se révèle d’une redoutable efficacité.
J’ai aimé retrouver l’écriture très orale et pleine de verve déjà présente dans « Mauvais coûts ». Une fois encore un discours social sans langue de bois se cache sous le vernis de la rigolade, même si les personnages sont parfois caricaturaux. Après, je préfère vous prévenir, mieux vaut être amateur d'humour pas forcément de bon goût pour apprécier cette histoire. Sans tomber dans le lourdingue, le franc-parler un poil vulgaire et la répartie sans filtre de ce cher François pourraient froisser les âmes sensibles. Perso je suis toujours bon client quand on donne dans ce registre et qu’on l’assume de bout en bout, donc je me suis régalé.
Un polar divertissant, sans temps mort ni prise de tête et surtout très drôle. Du trash marrant, trivial, survolté, politiquement incorrect et violent, j’ai l’impression d’avoir réuni les ingrédients du parfait roman feelgood. Selon mes critères du moins…
Petit extrait qui donne le ton :
« Brigitte s’est mise à quatre pattes pour que je la prenne en levrette et j’ai découvert qu’elle avait le visage de Johnny Hallyday tatoué dans le dos. En énorme. Un putain de poster, c’était. Mais bon, je n’étais pas là pour faire la fine bouche, je me suis exécuté et j’ai pris Brigitte par les hanches comme on prend un chariot à Carrefour. Je l’ai secouée, car c’était ce qu’elle voulait, mais ce bon vieux Johnny s’est mis à vivre, à bouger, sa bouche remuait sur la peau de Brigitte. Plus je la besognais, plus Johnny avait des trucs à me dire. »
Demain c’est loin de Jacky Schwartzmann. Seuil, 2017. 184 pages. 17,00 euros.