Vivre dans une yourte. Suivre les éleveurs dans leur transhumance, à la frontière de la Chine et du Kazakhstan. Juan Li, sa mère et sa grand-mère ont mené cette existence nomade pendant des années. Couturières et épicières ambulantes, ces commerçantes n’ont pas hésité à se frotter à un environnement hostile très éloigné du leur. Les contraintes climatiques, le mode de vie des autochtones, les journées à l’inéluctable monotonie, les gigantesques steppes herbeuses entourées de montagnes à arpenter, autant d’éléments auxquels il a fallu s’adapter pour trouver sa place dans une communauté en perpétuel mouvement.
Juan Li relate son quotidien : les rigueurs de l’hiver, les rencontres, les animaux, les infrastructures quasi inexistantes (banque ou poste), les ravages de l’alcool, la typologie bien plus diversifiée qu’il n’y paraît de sa clientèle. Elle raconte aussi sa brève histoire d’amour avec un camionneur, la difficulté à s’occuper d’une grand-mère vieillissante et le comportement imprévisible de sa mère. Au final, elle dresse un tableau ni cauchemardesque ni idyllique, malgré l’isolement, l’ennui et les obstacles pour faire prospérer le commerce familial, malgré les longues balades dans une nature sauvage à la beauté éblouissante et les petits moments de bonheur quotidiens.
Recueil de courts textes louant le silence, la lenteur et l’immensité d’un univers où l’homme se sent minuscule, Sous le ciel de l’Altaï est une autobiographie pleine de sensibilité qui souligne la rudesse d’une existence loin de la folie et des vicissitudes du monde moderne. Dépaysant, instructif et très touchant.
Sous le ciel de l’Altaï de Juan Li. Picquier, 2017. 170 pages. 18,00 euros.