La routine au niveau professionnel chez Sauveur donc, et toujours le même sac de nœuds dans la vie privée de ce veuf d’origine antillaise, entre son fils Lazare, sa nouvelle fiancée Louise, Alice et Paul les enfants de cette dernière, le SDF Jovo qu’il a recueilli dans sa cave, Gabin, un lycéen glandeur logé dans son grenier depuis que sa mère est internée et le pianiste dépressif Wiener qui va trouver une petite place dans le canapé du salon. Beaucoup de monde, beaucoup de choses à gérer, de conflits à régler, et quelques maladresses qui pourraient se payer cher. Car malgré les apparences, Sauveur a des failles, comme tout le monde.
Un roman jeunesse que l’on ouvre comme on déplie le papier de son bonbon préféré, en salivant à l’idée du plaisir qu’il va nous procurer. Trois saisons et j’admire toujours autant ce numéro de haute voltige, ce passage incessant d’un personnage à l’autre, ces dialogues au cordeau, ces interactions qui évoluent en montagne russe et gardent en permanence une note positive en dépit des frictions. J’aime le ton unique de Marie-Aude Murail, sa vision limpide de la société d’aujourd’hui où bien des enfants sont poussés malgré eux à assumer des choses qui les dépassent et "contraints d'être les parents de leurs parents". Un carrousel de vies dans lequel Sauveur monte chaque jour et dont il tente de descendre le soir venu pour retrouver sa propre existence, même s’il lui est bien difficile de cloisonner le personnel et le professionnel.
Une série tout sauf caricaturale qui n’a rien d’un long fleuve tranquille, qui gratte et qui pique parfois mais reste au final empreinte d’optimisme et de douceur. Un bonbon quoi, fondant et acidulé, dont le parfum inimitable reste en bouche bien après l’avoir croqué.
Sauveur et fils, saison 3 de Marie-Aude Murail. École des loisirs, 2017. 320 pages. 17,00 euros.
Une pépite jeunesse que je partage une fois encore avec Noukette.