Ils sont neuf. Dans une cave. Dehors, c’est la guerre. Les balles siffles, les bombes explosent, la ville s’écroule. Dans leur refuge avec matelas, réchaud, lampe à huile et provisions, les habitants de l’immeuble se serrent les coudes, terrorisés. Hommes, femmes, enfants. Khalil, Nabil, Elie, Mourad, Oumayma, Zeynab, Antoine, madame Alberti la centenaire et mademoiselle Razelle. Cette dernière, ancienne institutrice, propose pour s’occuper et donner un peu de vie et de couleurs à un décor sinistre, de refaire sur les murs de la cave la grande arche de Noé. Feutres, feuilles, ciseaux, colle, agrafes, carton, ficelle, clous et magazines animaliers s’étalent alors sur le sol. Méthodiquement, chacun se met à la tâche et les couples d’animaux s’installent sur les murs, faisant oublier pour quelques heures la peur et l’insupportable angoisse du quotidien.
Kochka m’enchante depuis «
Le grand Joseph ». Il y a dans son écriture une douceur, une bienveillance et une attention permanente à l’égard de ses personnages qui met du baume au cœur. Sans guimauve, angélisme ni naïveté, elle dit ici l’espoir au milieu de l’effroi, l’infime rai de lumière dans les ténèbres. Au fil des jours et des nuits, faute d’accéder à la paix et à la liberté, les reclus vont convoquer près d’eux l’amour et la fraternité, refusant conflits et tensions au sein de leur petite communauté.
Une réflexion tendre et positive sur l’altruisme et la possibilité d’un avenir malgré l’horreur du présent. Un très beau texte, sur un thème difficile, qui parlera à coup sûr aux jeunes lecteurs auxquels il s’adresse. Cerise sur le gâteau, l’objet-livre est superbe, joliment agrémenté par les illustrations tout en délicatesse de Sandrine Kao.
Les animaux de l’arche de Kochka et Sandrine Kao. Grasset jeunesse, 2017.
92 pages. 15,00 euros.
A partir de 8-9 ans.