Mobidic (un pseudo évidemment) est une jeune auteure franco-mexicaine qui publie ici son premier album. Un album qu’elle aura mis cinq ans à achever et dont elle signe à la fois le scénario et les dessins. Et franchement, pour un coup d’essai, c’est une très belle réussite. Une jolie prise de risque aussi, tant les influences se mélangent (mythologies Aztèques et Inuits, décors de forêt amazonienne, habitations amérindiennes) sans jamais donner la moindre impression de fouillis.
Roi Ours est un conte cruel et sauvage rondement mené à l’univers graphique extrêmement riche. Coté couleur, toutes les planches ont été passées au brou de noix, ce qui apporte des teintes brûnatres assez uniques. Le découpage très cinématographique ne laisse aucun répit mais se révèle d’une redoutable efficacité. L’histoire en elle-même est facile à suivre mais j’ai trouvé la fin trop ouverte, à tel point que je me suis demandé si ce titre était bien un one shot où s’il fallait s’attendre à une suite (mais non, c’est bien un one shot). Autre chose qui m’a surpris, le fait que les humains tuent un de leurs Dieux avec une facilité assez déconcertante (même si j’avoue que l’idée me plaît énormément !).
Des broutilles au regard d’un ensemble qui tient vraiment la route, alliage d’originalité et de fraîcheur qui dénote tant il est éloigné de nombres de productions actuelles bien plus formatées.
Roi Ours de Mobidic. Delcourt, 2015. 110 pages. 18,95 euros.