Riad vit comme un petit syrien, va à l’école, s’intègre comme il peut et gravite parmi des connaissances de son père faisant partie de « l’élite » du pays. Avec lui on découvre une institutrice voilée et coquette qui ne badine pas avec la discipline, faisant régner l’ordre à coups de bâton, un général mégalo et son garde du corps aux bacchantes impressionnantes, un hôtel de luxe pour riches autochtones ou encore une station balnéaire aux allures très occidentales.
Par rapport au premier tome, j’ai trouvé que la mère s’affirmait davantage et que, sans doute par ricochet, le père semblait plus à l’écoute, et de fait plus sympathique. Ce que j’adore dans cette autobiographie, c’est le mélange de candeur et d’acuité. Riad observe. Il n’a rien d’autre à faire car ses origines et son physique de « sale juif » l’excluent le plus souvent des jeux et des conversations de ses camarades. Comme toujours, Sattouf propose différents niveaux de lecture. Derrière la légèreté du propos affleure une réalité politique et sociale décrite sans complaisance : président réélu avec 100% des voix, bourrage de crâne pour entretenir un antisémitisme d’état, place de la femme, crimes d’honneur, etc.
Au final, il reste en bouche une tendresse lucide portée par ce petit garçon découvrant le monde à hauteur d’enfant. L’arabe du futur, c’est de l’ethnographie mâtinée d’humanisme, un regard à la fois naïf et sans concession, mais aussi sans jugement. Très, très fort monsieur Sattouf !
L’arabe du futur T2 : une jeunesse au Moyen-Orient (1984-1985) de Riad Sattouf. Allary, 2015. 158 pages. 20,90 euros.
Mon avis sur le tome 1
Une lecture commune que j'ai l'énormissime plaisir de partager avec Framboise. Sa toute première lecture commune, et c'est avec moi, autant vous dire que je n'en suis pas peu fier. Et on a beau dire, une première fois, c'est toujours spécial !