Serpieri © Mosquito 2012 |
Vous connaissez Paolo Serpieri ? Druuna, ça vous dit quelque chose ? Allons, messieurs les amateurs de BD, ne faites pas semblant, je sais que vous n’ignorez rien de cette charmante jeune fille (et surtout pas sa plastique avantageuse). Il faut peut-être vous rafraîchir la mémoire ? Ok, jetez-donc un coup d’œil ci-dessous, un petit dessin vaut mieux qu’un long discours.
C’est bon, vous y êtes maintenant ? Serpieri, donc, est essentiellement connu pour cette série post-apocalyptique dans laquelle il met en scène une héroïne pulpeuse et peu farouche. Mais à ses débuts ce dessinateur italien ne donnait pas dans la SF érotico-porno. En 1975, il publie dans les magazines Skorpio et Lanciostory des récits historiques se déroulant au Far West. Les éditions Mosquito rééditent aujourd’hui quelques uns de ces récits de jeunesse et force est de constater que Serpieri y expose déjà une sacrée maturité graphique. Du noir et blanc ultra réaliste qui peut certes apparaître aujourd’hui un brin daté mais qui, personnellement, me convient parfaitement.
Cinq épisodes différents composent ce recueil. Les trois premiers retracent la vie du chef sioux Crazy Horse et plus particulièrement la période allant de la victoire indienne à Little Big Horn jusqu’à sa mort le 5 septembre 1877. Le deux derniers reviennent sur cette fameuse bataille mais du point de vue des tuniques bleues et notamment à travers l’histoire du célèbre lieutenant-colonel Custer qui mourra au cours de l’assaut donné par les indiens.
Faisant fi de la représentation fantasmée des « peaux rouges » que proposaient nombre de publications de l’époque, Serpieri et son scénariste Raffaele Ambrosio reviennent vers des fondamentaux historiques en s’appuyant sur une rigoureuse documentation. Décors, vêtements, traditions… tout est respecté à la lettre. Au final, le lecteur découvre la complexité des relations inter-indiennes au moment où nombre d’entre eux commencent à être parqués dans des réserves.
Je sais bien que le western, un genre usé jusqu’à la corde, n’est pas la tasse de thé de tout le monde. Je sais bien qu’un tel album, en noir et blanc et avec un dessin pareil, rappellera à certains l’histoire de France en BD des éditions Larousse et sera immédiatement associé avec mépris à la bande dessinée à papa qui prend la poussière dans le grenier. Bref, je sais bien que je ne soulèverais pas un élan d’enthousiasme avec ce titre. A vrai dire, peu m’importe. J’aime ça, la BD à papa, et quand les éditeurs font l’effort de remettre sur les rayons des librairies un tel patrimoine, je ne peux que m‘en réjouir… et vous en parler.
Lakota de Paolo Serpieri. Mosquito, 2012. 82 pages. 18 euros.
Serpieri © Mosquito 2012 |
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