Hautière et Dilliès - © Dargaud 2011 |
Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Si vous aimez la BD et que vous ne connaissez pas Abélard, vous passez à coté de quelque chose de grandiose. Les deux volumes, sortis à quelques mois d’écart (juin et septembre), ont bouleversé plus d’un lecteur. A première vue pourtant, pas de quoi sauter au plafond : une série jeunesse animalière au trait séduisant mais qui ne semble pas se distinguer de nombre de ses consœurs. En feuilletant les ouvrages plus précisément, on découvre un découpage original avec de très grandes cases, des planches en quatre bandes et d’autres beaucoup plus déstructurées proposant notamment pas mal de gros plans. Déjà, le charme commence à opérer. Et puis on se lance dans la lecture et là, l’évidence vous saute aux yeux : oui, ce diptyque est un petit bijou.
Abélard, c’est l’histoire d’un poussin qui rêve de quitter son marais pour découvrir le monde. Pour conquérir sa belle, il veut lui décrocher la lune. Et parce que c’est en Amérique que l’on vient d’inventer une machine pouvant voler dans le ciel, Abélard décide de partir dans cette lointaine contrée. Là-bas, un jour, c’est certain, on pourra aller sur la lune… Mais le petit poussin est naïf, il ne connaît rien du monde extérieur. Certes, il fera une magnifique rencontre, mais son innocence lui coutera cher et la longue traversée vers sa terre promise laissera dans la bouche du lecteur un goût amer de poussière et de cendre.
Poétique, philosophique, magique, mélancolique... mettez-donc tous les suffixes en « ique » que vous voulez, pour moi, cette grande œuvre est juste magnifique. Il est quand même très rare d’être à ce point secoué par une BD. Certains ont reconnu avoir versé une larme en refermant Abélard, c’est dire.
Je ne n’ai pas spécialement envie d’en rajouter davantage. Pour conclure, je vais juste piquer à mon ami Roger Wallet le titre d’un de ses ouvrages. Finalement, l’histoire d’Abélard, ça ressemble à une vie.
Une dernière petite info. A l’occasion des fêtes de fin d’année, les éditions Dargaud ont eu la riche idée de réunir les deux tomes dans un superbe coffret accompagné d’un tiré à part numéroté et signé par les auteurs. Comme j’ai offert mes albums achetés séparément, je me suis fait un doux plaisir en acquérant ce coffret. Il était impensable pour moi de ne pas avoir ce diptyque dans ma bibliothèque ! Le coffret est splendide, orné de la bouille d’Abélard fixant la lune les yeux brillants. Et le tiré à part est une carte postale envoyée par le poussin à ses amis du marais. Un tirage limité à 900 exemplaires que je recommande chaudement à tous ceux voulant découvrir ou faire découvrir un petit chef d’œuvre.
Abélard : coffret, d’Hautière et Dillies, Éditions Dargaud, 2011. 2 volumes + 1 ex-libris. 29,95 euros.
Paroles de blogueurs :
Mo’ : "Je suis émerveillée par le subtil travail d’écriture réalisé par Régis Hautière. Il est parvenu à aborder des questions essentielles et douloureuses sans lourdeur ni pathos. Beaucoup de finesse dans cette narration qui donne au lecteur un sentiment de spontanéité très ressourçant. C’est magique !
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Émouvant, poétique, ce récit fait mouche et touche le lecteur à la fois dans son âme et dans son cœur. Je relaye donc le message déjà délivré sur quelques blogs : lisez Abélard !!"
Choco : "Cet album se révèle être une histoire très fine, très touchante et au-delà d'un récit d'initiation pour le petit Abélard, une véritable ode à la tolérance et à la diversité. Pour moi, cet album est une vraie réussite et un gros coup de cœur !!"
Yvan : "Si la narration de Régis Hautière tout au long de ce conte initiatique et philosophique est un modèle du genre, le dessin de Renaud Dillies renforce encore la poésie de chaque page. Privilégiant souvent l’ambiance aux mots, les auteurs installent une atmosphère envoûtante, portée par la colorisation doucement chaleureuse et totalement adéquate de Christophe Bouchard."
Badelel :"c'est un album beau et poignant, le genre d'histoires qui vous écrasent le cœur. J'ai eu envie de mettre une rouste à ces mauvais personnages qui font du mal à notre héros, j'ai eu envie de prendre Abélard dans mes bras, j'ai eu envie de le secouer pour l'aider. Décidément on s'attache à ce petit bonhomme au cœur trop pur."
Lire pour le plaisir : "Entre poésie, philosophie et mélancolie, l’album se révèle surtout d’une insondable tristesse. La dureté du monde, sa violence, son injustice et sa stupidité sont soulignés avec une rare finesse à travers la destinée de cet adorable poussin.
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Émouvante, intelligente et d’une grande profondeur, cette fable au goût amer est à l’évidence une des plus remarquables BD jeunesse publiées cette année."
La carte postale d'Abélard à Mikhaïl son ami resté dans le marais |