Il y a 20 ans, en l’an de grâce 3972, l’empereur confia une mission à 14 jeunes gens qu’il dota de 14 lances sacrées. Leur but : vaincre la puissance maléfique de l’armée des ténèbres de Wischtech et rétablir la paix dans le royaume. Trois d’entre eux périrent en chemin. Quatre trahirent l’empire et furent exécutés. Les sept derniers revinrent en héros et furent portés en triomphe dans la capitale. Mais ces sept survivants sont-ils vraiment des héros ?
Aujourd’hui, dans la ville frontière de Rielde Velem, les moines guerriers sont chargés d’octroyer des laissez-passer aux réfugiés qu’ils estiment être des « justes ». La population afflue en masse pour espérer obtenir ce précieux sésame leur permettant de passer de « l’autre coté », au pays des sept héros et de la paix. Ceux qui tentent de franchir la frontière clandestinement sont exécutés sur la place publique. La corruption est bien souvent le moyen le plus efficace pour obtenir l’assentiment des moines.
C’est dans cette ambiance tendue et oppressante que vont se rencontrer Peepi, Vido, Altea et Köinzell. Un quatuor improbable animé par des motivations différentes mais partageant un but commun : parvenir à tout prix à passer la frontière…
Ubel Blatt, c’est de la Dark Fantasy. Je fais le malin, mais n’y connaissant pas grand chose dans les nombreuses appellations propres à ce genre particulier, je suis allé rendre une visite à mon ami Wiki pour qu’il m’en apprenne davantage : "La dark fantasy ou fantaisie noire est un sous genre de la fantasy qui désigne les œuvres dans lesquelles l'ambiance est très sombre et proche de l'apocalypse. Le bien laisse place au mal et les héros sont souvent fatigués et abattus par les épreuves qu'ils ont subies. En partant donc d'une mentalité pessimiste, l'auteur nous présente la plupart du temps une œuvre évoluant dans l'horreur en présentant aux lecteurs les détails des combats. Cela leur donne une dimension plus violente et souvent assez proche de l'horreur sans pour autant en faire partie. Cette dimension nouvelle de la fantasy s'éloigne du classique classement bien/mal et permet une réflexion sur le bien fondé des notions de bien et de mal".
Ambiance, sombre, héros ayant subi de lourdes épreuves, détails dans les combats… Pas de doute, Ubell Blatt réunit ces critères. C’est un univers d’une grande noirceur où il est question de trahison et d’honneur. La violence y est omniprésente et les combats sont plutôt sanglants. Petit contre pied aux poncifs habituels de ce type de récit, le héros Köinzell n’est pas un grand macho baraqué mais plutôt une figure androgyne d’apparence frêle et vulnérable. Pour ce qui est du dessin, on est dans du grand classique où les mouvements et la variété des scènes d’action sont bien rendus. Un petit souci néanmoins avec les personnages féminins qui se ressemblent tous comme deux gouttes d’eau.
Ne se contentant pas d’enfiler les combats comme des perles, l’auteur pose dans ce premier tome les bases d’une fresque complexe où les enjeux géopolitiques sont au moins aussi importants que les destins individuels. D’ailleurs, à la fin de chaque volume on trouve des informations sociales ou historiques qui donnent beaucoup d’épaisseur à l’environnement qui est décrit. Au final, Ubell Blatt est un seinen (décidément, mon vocabulaire spécialisé ne cesse de s’élargir !) riche et violent qui, par certains aspects, rappellera aux nostalgiques du club Dorothée la série Hokuto no Ken (Ken le survivant). A priori pas du tout ma tasse de thé mais j’ai tout de même passé un bon moment de lecture.
Ubell Blatt T1 de Etorouji Shiono, Éditions Ki-Oon, 2007. 216 pages. 7.50 euros.
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