A l’aube de ses 16 ans, Rol Cortishane est chassé de l’île sur laquelle il a grandi par des villageois qui accusent sa famille de sorcellerie. Juste avant de mourir, son grand père lui ordonne de se rendre à Ascari pour trouver refuge auprès du mage Psellos. Prenant la mer en pleine nuit sur une embarcation de fortune, Rol parvient à rejoindre Ascari. Accueilli dans la tour de Psellos par la belle Rowen, il devient domestique au service de celui que son grand père lui a recommandé. Formé par Rowen à l’art des assassins, il découvre que le sang qui coule dans ses veines est celui de Ceux d’Avant, des créatures très anciennes considérées par certains comme des anges déchus. Ce lourd héritage va conduire le jeune homme à s’exiler sur les mers pour tenter de laisser derrière lui un passé qu’il veut oublier.
Le sceau de Ran, c’est de la fantasy ultra classique, même si le texte a la particularité de se composer de deux parties très distinctes. La première ressemble à un roman d’initiation : Ran découvre un nouvel environnement, vit ses premiers émois sexuels, tombe amoureux, prend conscience de ses capacités particulières et du destin extraordinaire qui l’attend. C’est la partie qui a le plus de profondeur. Le héros doute et se construit, la description de la vie et du fonctionnement politique d’Ascari permet de mieux appréhender la richesse de l’univers présenté et les personnages secondaires de Rowen et Psellos sont assez fascinants. Dans la seconde moitié du roman, l’intrigue devient uniquement de l’aventure au long cours avec succession d’affrontements sur terre et sur mer et enchaînement d’événements plus trépidants les uns que les autres. Du pur divertissement, sans autre véritable prétention.
Un texte à la construction originale donc, qui se lit d’une traite. Rien de révolutionnaire certes, mais du travail bien fait. L’auteur connaît sur le bout des doigts l’univers maritime et le récit est truffé de termes de marine plus techniques les uns que les autres. Personnellement, cela ne m’a pas gêné le moins du monde, même si je n’y connais strictement rien en vocabulaire marin. Le seul souci, dans la seconde partie, concerne le coté « superhéroïque » de Rol. Dès que la situation devient désespérée il se transforme en une sorte de « Hulk » invincible. Limite ridicule, cela enlève tout intérêt aux combats. Le héros n’est pas suffisamment fragile, il souffre à peine à la fin de la bataille et l’on sait que rien ne peut lui arriver grâce à son super pouvoir. Difficile, dans ces conditions, de développer une quelconque empathie pour un tel personnage lorsque l’on ce rend compte que finalement rien de bien méchant ne peut lui arriver.
Reste que ce premier tome laisse présager d’intéressants développements par la suite. Les retrouvailles avec Rowen s’annoncent sulfureuses et les affrontements avec les bionariens devraient se multiplier. Une saga de fantasy à découvrir donc, même si le second volume n’est pas encore prévu en France.
Les mendiants des mers T1 : le sceau de Ran, de Paul Kearney, Le Livre de Poche, 2010. 426 pages. 6.95 euros.
L’info en plus : Au départ, Les mendiants des mers devaient compter quatre tomes, mais après la publication du second, l’éditeur anglo-saxon a décidé d’arrêter la série alors que le troisième volume était entièrement rédigé. Comme depuis Paul Kearns a attaqué une nouvelle saga intitulée The Macht, il y a fort à parier que l’on ne connaisse jamais le fin mot des aventures de Rol Cortishane.
Ouvrage lu dans le cadre d’un partenariat entre Livraddict et le Livre de Poche. Merci à eux !