Un grand classique. Avec la fin d'année qui arrive, il est temps de faire un petit bilan des 12 derniers de mois de lecture. Comme d'habitude des bonnes et des moins bonnes surprises, même si je trouve que la cuvée 2010 est supérieur à 2009.
Pour cette année, j'ai choisi 3 tops et 3 flops dans les catégories suivantes : romans, BD, littérature de jeunesse.
On commence aujourd'hui avec les romans.
Les tops :
Où j'ai laissé mon âme, de Jérôme Ferrari.
Une écriture éblouissante. La grosse claque de la rentrée littéraire pour beaucoup, la grosse claque de l'année pour moi.
Tête de chien, de Morten Ramsland
Un roman picaresque. L'épopée d'une famille norvégienne depuis la seconde guerre mondiale. Drôle, profond et déjanté. Excellent.
Frères de sang, de Richard Price.
Furieux, cru, violent... La littérature américaine à son sommet : totalement décomplexée.
Les flops
A la pointe te de l'épée, d'Ellen Kushner.
Le pire texte que j'ai lu cette année. Imbuvable ! Si je n'avais pas dû le lire dans le cadre d'un partenariat, je ne serais jamais allé au bout.
Bifteck, de Martin Provost
Une bonne idée de départ, mais du grand n'importe quoi pour finir. Pas accroché du tout à ce petit roman de la rentrée littéraire.
Les chroniques de Thomas Covenant T1, de Stephen R. Donaldson Trop lent, trop long, trop déprimant... Un pavé que j'ai lu en vacances parce que je n'avais rien d'autre à me mettre sous la dent. Pas question en tout cas de lire la suite.
Voila, le bilan 2010 pour les romans est quand même très positif. Les 3 romans qui constituent mon top sont vraiment excellents. En général, j'ai du mal à en trouver autant sur une année de lecture. Espérons maintenant que 2011 sera du même tonneau !
lundi 27 décembre 2010
vendredi 24 décembre 2010
La légende de Little Boost
Le scénario était pourtant limpide : Etats-Unis, 1876. Little Boost, l’indien renégat, devait massacrer le général Hamend et ses sbires dans une embuscade tendue près de la frontière mexicaine. L’Histoire avec un grand H aurait même intitulé ce moment de gloire La bataille de Little Big Twin. Mais tout est chamboulé lorsqu’Abe le scénariste et Lagribouille le dessinateur sont projetés dans leur propre BD. Plus rien ne tient debout et pour retourner chez eux, les deux zigottos vont tout mettre en œuvre pour que l’intrigue puisse retomber sur ses pattes, condition indispensable afin de sortir de ce cauchemar.
Fane a choisi de mettre en branle un grand n’importe quoi avec cette sorte de mise en abîme pas piquée des hannetons. D’abord, il n’explique pas du tout comment les deux auteurs apparaissent dans leur BD. Ensuite, il déroule une course poursuite trépidante en enchaînant volontairement les anachronismes les plus inattendus. Enfin, il enrobe le tout avec des dialogues fleuris ou les jurons et les engueulades se taillent la part du lion. C’est farfelu, déjanté et surtout suffisamment décalé pour ne jamais se prendre au sérieux. Après, il faut aimer les vannes au ras des pâquerettes et choisir de se laisser embarquer dans une histoire tarabiscotée à souhait.
Niveau dessin, Fane se reconnaît au premier coup d’œil. Les médisants verront dans son travail du sous Franquin mais pour ma part, je pense que si l’influence du papa de Gaston est évidemment présente, elle saute moins aux yeux qu’à l’époque de Joe Bar Team. C’est du classique franco belge, peut-être passé de mode aujourd’hui à l’heure du manga et du dessin assisté par ordinateur, mais ça reste très bon dans le genre. Seul bémol, les planches contiennent trop de cases (jusqu’à 13 et jamais moins de neuf) et l’ensemble est beaucoup trop bavard. Les dialogues auraient été encore plus percutants s’ils avaient été moins envahissants.
Au final, cet album ressemble à une distraction un peu fourre-tout qui ne plaira pas à tout le monde, c’est une certitude. Un humour qui ne fait pas dans la dentelle, ça me convient à petite dose. Je ne suis pas sûr d’être partant s’il y a un jour une seconde aventure de Abe et Lagribouille, mais je ne regrette pas non plus d’avoir passé quelques minutes en leur compagnie.
La légende de Little Boost, de Fane, éditions 12 bis, 2010. 48 pages. 10,00 euros.
L’info en plus : Toujours chez 12 bis, Fane s’est lancé en 2009 dans une nouvelle série racontant L’histoire d’une mère au foyer qui travaille pour les services secrets sous le nom de code Gemma (un pitch qui rappelle évidemment le film La Totale ! de Claude Zidi). Deux tomes sont parus pour l’instant.
Le challenge Pal sèche de Mo' |
mercredi 22 décembre 2010
Jazz Maynard, intégrale : une trilogie barcelonaise
Jazz revient à Barcelone après dix ans passés à New York. Il ramène sa sœur qui, en voulant le rejoindre aux États-Unis, s’est retrouvée embarquée dans un réseau mafieux de traite des blanches. De retour dans son quartier natal d’El Raval, Jazz retrouve Téo, son grand ami d’enfance. A l’époque, ils formaient un fameux trio avec un troisième larron prénommé Judas, mais ce dernier a choisi un autre chemin et est devenu un des barons de la pègre locale.
La situation devient critique pour Jazz lorsque les américains débarquent en Espagne pour lui faire payer chèrement la libération de sa sœur. Judas lui vient en aide, mais il propose en contrepartie une mission quasi impossible à remplir…
Les espagnols Raul et Roger ont voulu décrire un quartier barcelonais des années 50-60, entre violence et prostitution. L’ambiance est sombre, très sombre et la violence omniprésente. Les méchants le sont vraiment, pas de doute là-dessus. Entre politiciens véreux, proxénètes New- Yorkais, mafia locale et triade chinoise de Hong Kong, les gros bras à la gâchette facile sont légions. C’est d’ailleurs un peu le souci avec l’ensemble des personnages. Ils sont très caricaturaux. Si les bandits sont d’horribles salauds, les gentils, représentés par une journaliste et un commissaire de police, sont à l’inverse sans aucun défaut : honnêtes, incorruptibles et cherchant coute que coute à rétablir la justice, ils sont les chevaliers blancs d’El Raval. Et au milieu de ces caractères tout noirs ou tout blancs naviguent Jazz et Téo, des héros un peu fades dont la psychologie n’est pas très fouillée. Finalement, tout est prétexte à l’action. Les scènes de bagarres et de fusillades ultra violentes se succèdent à un rythme effréné à tel point que l’on se croirait parfois dans un film de Tarantino. Une BD d’action donc, ni plus ni moins, qui s’adresse avant tout aux fanas du genre.
Et la musique me direz-vous ? Elle se résume au titre de la série et au fait que Jazz est un grand trompettiste. On est à la limite de la tromperie sur la marchandise (surtout au vu de la couverture du tome 1 et de l’intégrale) et j’aimerais bien savoir combien de lecteurs se sont fait avoir en pensant acheter une BD dont le thème principal est la musique.
Coté dessin, Roger mélange réalisme et caricature. Ses influences sont à chercher du coté du manga et des comics. Jazz est une copie quasi conforme du personnage principal de la série Cowboy Bebop tandis que la cambrioleuse Anita fait penser à la Elektra de Frank Miller. Attention, ce n’est pas un reproche, les influences du dessinateur sont parfaitement digérées et cette intégrale en noir et blanc rend davantage hommage à son somptueux travail que les trois volumes publiés individuellement en couleur.
Digne d’un excellent film d’action à l’Américaine, Jazz Maynard a tout pour plaire à un large public. Personnellement, le manque d’épaisseur du scénario et l’omniprésence d’une violence quasi gratuite me gêne beaucoup. Pas ma tasse de thé donc, mais je comprends que l’on puisse aimer cette trilogie barcelonaise.
Jazz Maynard, intégrale : une trilogie barcelonaise, de Raule et Roger, Dargaud, 2010. 152 pages. 29 euros.
Jazz |
Spik Spiegel Cow Boy Bebop |
L’info en plus : Prévue initialement en trois volumes, la série compte depuis le mois d’avril un quatrième tome. Pour les aficionados, le réseau de librairies BD Fugue Café a édité un tirage de tête de cet album contenant les planches encrées non retouchées. Ce TT est numéroté sur 250 exemplaires et signé. Il s’agit d’un grand format (36cm) avec dos toilé. Un ex-libris ainsi qu’un carnet de croquis de 16 pages complètent l’ensemble. Le tout est vendu au prix de 95 euros. Toutes les infos ici : http://www.bdfugue.com/tirage-de-tete-jazz-maynard-t-4-sans-espoir-edition-luxe-numerotee-signee
Couverture tirage de tête du tome 4 |
Le challenge Pal sèche de Mo' |
lundi 20 décembre 2010
Babylone Vegas
Mike Demon vend des assurances agricoles depuis plus de dix ans. Son territoire s’étend de la Californie à l’Arizona en passant par le désert du Nevada. Le jour où sa voiture le lâche à quelques kilomètres de Las Vegas, il ne peut que maudire le sort. Sa femme et son fils l’attendent à Los Angeles et il risque de perdre un gros client si les réparations ne sont pas faites rapidement. En plus il déteste Vegas. Cette ville totalement artificielle est pour lui le comble de l’horreur. Cloué sur place pour plusieurs jours, Mike erre dans les rues écrasées par la chaleur ou dans les salles de casino réfrigérées par des climatisations trop puissantes. Peu à peu, l’ambiance folle de la ville l’irradie. Les lumières, les couleurs, le bruit obsédant des pièces que l’on glisse dans les machines à sous… Perdant toute notion du temps dans cette cité qui ne dort jamais, Mike commence à jouer. L’engrenage se referme alors et la décadence absolue d’un homme à priori bien sous tous rapports se met en branle…
Le mécanisme de basculement vers la folie et l’enfer du jeu est décrit avec une implacable précision. José Luis Munoz prend son temps car il sait qu’il va conduire son personnage vers une chute inéluctable. Mike Demon est condamné. Il ne peut échapper à l’appât du gain et à la luxure. Le lecteur est lui aussi pris au piège. Devant ses yeux se déroule un drame difficilement supportable. Un mince espoir subsiste pourtant et l’on se dit par moment que Mike va s’en sortir, qu’il va arrêter les frais à temps, fuir cette ville et rentrer bien sagement chez lui. Mais l’évidence nous rattrape. Las Vegas a définitivement refermé ses griffes sur sa proie, le poussant à commettre l’irréparable.
La ville. Voila l’autre personnage principal du roman. L’auteur décrit magnifiquement sa grandeur, sa futilité, la faune qui arpente ses hôtels et ses casinos. Une vision très très sombre de cette Babylone moderne dans laquelle il n’existe aucune échappatoire. Je n’avais rien lu de tel au sujet de cette ville depuis l’éblouissant Leaving Las Vegas de John O’Brien.
Un excellent roman, hypnotisant et fort, qui décrit à la perfection la facilité avec laquelle on peut sombrer lorsque l’on perd ses repères. Seule la fin est quelque peu décevante. Les trente-cinq dernières pages ne s’imposaient pas, le texte pouvant très bien se terminer au bas de la page 246. Ceux qui ont lu le roman savent de quoi je veux parler mais je ne peux pas en dire plus au risque d’en dire trop. En tout cas, voila une nouvelle jolie pépite dans la collection actes noirs des éditions Actes Sud. Et puis ça change de Millenium.
L’info en plus : Babylone Vegas est le second roman de José Luis Munoz traduit en français. Les éditions Actes Sud ont publié il y a deux ans La dernière enquête de l'inspecteur Rodriguez Pachon, l’histoire, à La Havane, d’un inspecteur véreux qui, avec son collègue Vladimir, est chargé d'enquêter sur le meurtre d'une prostituée décapitée. On retrouve déjà dans ce roman la décadence d'un individu sur fond de ville ambivalente, une thématique qui semble passionner l’auteur.
Babylone Vegas, de José Luis Munoz, Actes Sud, 2010. 280 pages. 19 euros.
samedi 18 décembre 2010
La Légende du Sapin
Noël approche à grand pas. Le froid et la neige ont envahi nos régions. C’est l’occasion rêvée de vous raconter la très jolie Légende du Sapin.
Jadis, à une époque où tous les arbres gardaient leurs feuilles en hiver, un petit oiseau à l’aile brisée ne put suivre ses congénères vers les pays chauds. Transi par le gel, il chercha à s’abriter sous le feuillage d’un chêne. Mais ce dernier, craignant qu’il s’attaque à ses glands, le rejeta. L’oiseau chercha alors refuge dans les branches d’un hêtre qui, pour protéger ses faînes, lui ordonna de déguerpir. Fuyant le courroux de l’arbre, l’oiseau arriva dans un bouleau qui, ne supportant pas que l’on salisse ses branches, le chassa vigoureusement. Sans espoir, l’oiseau se coucha dans la neige, prêt à mourir. C’est alors qu’un sapin lui fit signe et l’accueillit pour le protéger. Grâce à ce nouveau logis, le petit oiseau, lentement, guérit. Et c’est depuis ce jour que le sapin est devenu l’arbre de Noël par excellence, celui autour duquel nous nous réunissons.
Thierry Chapeau propose cette légende alsacienne dans un très joli petit album aux magnifiques illustrations. Ces dernières s’étalent sur des doubles pages ne laissant qu’un mince bandeau blanc pour le texte. Visuellement, on pense aux Drôles de petites bêtes d’Antoon Krings. C’est beau, tout simplement.
En tout cas les enfants adorent, j’ai testé pour vous. Imaginez votre bout de chou sur vos genoux, tenant dans ses petites mains l’ouvrage grand ouvert, les yeux brillants. En écoutant cette histoire, il sera peut-être successivement triste, révolté, au bord des larmes et finalement tellement soulagé de voir le petit oiseau guéri. Et l’adulte que vous êtes verra peut-être en filigrane dans la Légende du Sapin le sort réservé aux exclus de tous poils que l’on rejette et que l’on retrouve parfois couchés dans la neige sans personne pour leur tendre la main.
Tout ça pour dire que cet album plaira à coup sûr aux enfants qui aiment qu’on leur raconte des histoires mais aussi aux parents qui apprécient de partager pendant quelques minutes un moment de lecture et d’échange avec leurs bambins. Une belle petite idée de cadeau.
La Légende du Sapin, de Thierry Chapeau, éditions Callicéphale, 2010. 30 pages. 9,50 euros. A partir de 4 ans.
L’info en plus : Publiée la première fois en 1996 aux éditions du Bastberg La Légende du Sapin a été rééditée en 2006 et en 2008 sous la forme d’un kamishibaï (théâtre d’images japonais).
vendredi 17 décembre 2010
Concours Seuls de Gazzotti et Vehlmann : les résultats
Le concours Seuls s’est terminé hier soir et les 3 gagnants sont connus.
Loin des 600 participants du concours Tardi/Manchette, il n’y avait cette fois-ci que 12 candidats en lice. C’est plutôt une bonne nouvelle, d’abord parce qu’il y avait beaucoup plus de chance de gagner et ensuite parce que je n’ai pas eu besoin de plusieurs heures pour préparer le tirage au sort.
Avant de donner le verdict, voici d’abord les bonnes réponses aux 3 questions :
Gazzotti et Vehlmann ont publié en 2001 un album aux éditions du Lombard. Quel est le titre de cet album ?
a) Au-delà des nuages
b) L'escadrille des nuages
c) Des lendemains sans nuage
Dans quelle ville se déroule la majeure partie de l'action de Seuls ?
a) Knoxville
b) Fableville
c) Fortville
La prépublicaction du 6ème album de la série commencera en 2011 dans le journal de Spirou. A quelle date précise se fera le retour de Seuls dans Spirou (info donnée il y a mois dans le courrier des lecteurs du magazine) ?
a) le 9 mars 2011
b) le 16 mars 2011
c) le 23 mars 2011
Et maintenant, roulement de tambour… Les trois gagnants sont :
Number One : Mo' le fée
Number Two : Lyra
Number Three : Christelle
Voili Voilou, bravo à toutes les trois. Pourriez-vous me confirmer vos adresses par mèl avant lundi pour que je poste les BD avant de partir en vacances. Avec un peu de chance et si la Poste se dépêche, ça fera un petit livre de plus à mettre au pied du sapin.
mercredi 15 décembre 2010
Les nombrils, intégrale T1 à 4
Jenny et Vicky sont des pestes. Des vraies. Leur souffre-douleur attitré se prénomme Karine, une grande gigue dégingandée d’une infinie gentillesse mais qui manque sérieusement de confiance en elle. Chez nos cousins québécois (la série et ses auteurs viennent de là-bas), Jenny et Vicky sont des poupounes : des adolescentes qui passent leur temps à se pomponner et qui ne jurent que par l’apparence. Entre maquillage à outrance, mini jupe, talons haut, petit top hyper moulant et élastique du string qui dépasse sur la hanche, rien n’est laissé au hasard pour faire baver tous les garçons du lycée. Etre populaire, faire de son look sexy sa seule raison d’être et multiplier les crasses envers ceux qui se dressent sur leur chemin, voilà le programme quotidien de ces fashion victims décérébrées. Même leur amitié, de prime abord indéfectible, se fissure dès qu’un « bogosse » apparaît. Leur but premier est de ne jamais descendre du piédestal sur lequel les garçons les ont installées. Et si pour cela il faut allier cynisme et cruauté, ça ne pose aucun problème.
Les nombrils, c’est une série qui détonne dans le panorama des BD d’humour avec gag en une planche. C’est drôle, mais pas seulement. La méchanceté de Jenny et Vicky est directe, comme celle de beaucoup de gamines de leur âge. Lorsqu’on lit cette intégrale d’une traite, on se rend compte à quel point les situations sont dures et réalistes. Mais où les auteurs vont plus loin, c’est qu’ils apportent des explications quasi sociologiques à l’attitude des reines du lycée. Vicky se comporte ainsi car chez elle sa grande sœur ne cesse de la rabaisser et de lui rappeler son passé de « bouboule » tandis que Jenny vit dans un taudis avec une mère alcoolique qu’elle retrouve chaque soir affalée sous la table de la cuisine. Autre élément important, les gags ne sont pas déconnectés les uns des autres mais s’inscrivent dans une histoire qui avance et où les personnalités s’affinent et s’affirment. D’ailleurs la toute dernière planche du 4ème tome propose un incroyable retournement de situation doublé d’un insoutenable cliffhanger…
Graphiquement, Delaf propose un trait simple, efficace, expressif et très souple, limite cartoonesque. On sent que le monsieur à travailler longtemps dans des studios d’animation. Seul détail qui me gène, les (trop) longs bras de Karine lui donnent un coté simiesque qui ne s’imposait peut-être pas.
Les auteurs avouent que lors des dédicaces les parents leur reproche d’aller trop loin alors que les ados trouvent que leurs gags sonnent très justes. Le seul véritable tollé s’est produit sur une page montrant Jenny attachant son chien à une moto qui démarre au quart de tour. Par contre, aucune réflexion lorsque les poupounes ont essayé de noyer une rivale. Tout ça pour dire que les auteurs ont créé une série féroce, drôle, moderne. Les lecteurs, toujours plus nombreux à chaque nouvel album, ont en tout cas adhérer avec enthousiasme aux frasques de ces ados dans l’air du temps.
Les Nombrils, intégrale de Delaf et Dubuc, Dupuis, 2010. 194 pages. 24 euros.
L’info en plus : Les Nombrils sont le dernier grand succès commercial des éditions Dupuis. Le premier tome s’est vendu lors de se sortie à 26 000 exemplaires. Dès le second, les ventes ont atteint 82 000 exemplaires pour dépasser les 120 000 à la sortie du tome 3. D’ailleurs, cette intégrale arrivée en librairie le 5 novembre est déjà épuisée chez l’éditeur. Une vraie success story à la sauce canadienne dont le cinquième volume devrait paraître courant 2011.
lundi 13 décembre 2010
Peter et Max
Blanche Neige, la Belle et la Bête, le Prince Charmant, le Grand Méchant Loup, la sorcière d’Hansel et Gretel et bien d’autres personnages de contes vivent parmi nous depuis des siècles ! Chassés de leurs royaumes respectifs par les hordes de l’Adversaire, ces fables (nom donné à tous ceux qui ont choisi l’exil) ont trouvé refuge dans un quartier de New York qu’ils ont baptisé Fableville. Ceux qui n’ont pas forme humaine (les trois petits cochons, le Chat Botté, les ours de Boucle d’Or…) sont cantonnés à la ferme, un lieu en pleine campagne protégé des curieux par de puissants sortilèges. C’est là, dans une petite maison à la lisière des bois que vivent Peter et Bo. Eux aussi sont des fables ayant fui les royaumes depuis longtemps. Lorsque démarre notre histoire, Rose Rouge, l’intendante de la ferme, vient trouver Peter pour lui annoncer que son frère Max est de retour dans le royaume des communs (terme utilisé par les fables pour désigner les humains). Elle demande à Peter de retrouver et de neutraliser son frère car ce dernier est un terrible danger pour toute la communauté…
Dérivé de la série de comics Fables qu’il a créée en 2003, ce roman de Bill Willingham se lit avec un réel plaisir, surtout si, comme moi, on est fan des comics. Dès le premier chapitre, on reconnaît les personnages et l’environnement ainsi que les codes de conduite propres aux fables. Mais même pour ceux n’ayant jamais entendu parler de la série, la mécanique fonctionne. La construction alterne entre les chapitres se déroulant aujourd’hui et ceux racontant les aventures de Peter et Max au cours des siècles précédents. Le mélange entre conte et fantasy fonctionne à merveille. L’inspiration première est évidemment Le joueur de flute de Hamelin. Mais l’invasion du royaume par les gobelins et la carrière de Peter chez les voleurs de la ville sont par bien des aspects typiques d’un récit de Fantasy. Dans le même ordre d’idée, les descriptions de la ville de Hamelin moyenâgeuse m’ont parfois rappelé la Wielstadt de Pierre Pevel. C’est ce mélange des genres et des époques qui donne son charme au roman.
Après, ne cherchez pas ici de la grande littérature ou des réflexions philosophiques saupoudrées au fil du texte de manière subliminale, vous n’en trouverez pas. Peter et Max, c’est un pur divertissement fort bien construit qui vous fera passer un moment de lecture des plus agréables. Si l’on devait noter quelques bémols, peut-être pourrait-on arguer que la victoire finale de Peter sur son frère est trop facile, mais elle rappelle bien des histoires dans lesquelles le plus faible bat son adversaire grâce à sa malice et sa ruse (Le vaillant petit tailleur par exemple). Bref, si vous aimez les contes et la Fantasy, vous ne risquez pas grand-chose en vous lançant dans ce roman. Il se pourrait même que vous n’en fassiez qu’une bouchée.
Peter & Max de Bill Willingham, Bragelonne, 2010. 356 pages. 20 euros.
L’info en plus : Le 11ème volume du comics Fables vient de paraître en France aux éditions Panini. Un volume, il faut bien le reconnaître, en dessous des épisodes précédents. Il n’en reste pas moins que l’ensemble de la série forme une œuvre d’une rare qualité que je ne peux que recommander à tous ceux qui ont apprécié le roman.
jeudi 9 décembre 2010
Concours Seuls de Gazzotti et Vehlmann : 3 BD à gagner
Pour fêter la sortie de l'intégrale du 1er cycle de la série Seuls de Gazzotti et Vehlmann (j'en parle ici), je vous propose un petit concours vous permettant de gagner un exemplaire du premier tome de la série.
Allez hop, voici les questions :
Gazzotti et Vehlmann ont publié en 2001 un album aux éditions du Lombard. Quel est le titre de cet album ?
a) Au-delà des nuages
b) L'escadrille des nuages
c) Des lendemains sans nuage
Dans quelle ville se déroule la majeure partie de l'action de Seuls ?
a) Knoxville
b) Fableville
c) Fortville
La prépublicaction du 6ème album de la série commencera en 2011 dans le journal de Spirou. A quelle date précise se fera le retour de Seuls dans Spirou (info donnée il y a mois dans le courrier des lecteurs du magazine) ?
a) le 9 mars 2011
b) le 16 mars 2011
c) le 23 mars 2011
Vous avez jusqu'au jeudi 16 décembre 2010 à minuit pour participer. Les réponses sont à envoyer à l'adresse suivante : dunebergealautre@gmail.com
Les belges, les suisses, les québecois et tous les membres de l'union europénne peuvent participer.
Le concours est simplissime : 3 questions, 3 bonnes réponses et le tour est joué. Les gagnants seront départagés par tirage au sort. Il y a trois exemplaires en tout à gagner (deux exemplaires grand format cartonné et un exemplaire petit format broché).
Allez hop, voici les questions :
Gazzotti et Vehlmann ont publié en 2001 un album aux éditions du Lombard. Quel est le titre de cet album ?
a) Au-delà des nuages
b) L'escadrille des nuages
c) Des lendemains sans nuage
Dans quelle ville se déroule la majeure partie de l'action de Seuls ?
a) Knoxville
b) Fableville
c) Fortville
La prépublicaction du 6ème album de la série commencera en 2011 dans le journal de Spirou. A quelle date précise se fera le retour de Seuls dans Spirou (info donnée il y a mois dans le courrier des lecteurs du magazine) ?
a) le 9 mars 2011
b) le 16 mars 2011
c) le 23 mars 2011
Vous avez jusqu'au jeudi 16 décembre 2010 à minuit pour participer. Les réponses sont à envoyer à l'adresse suivante : dunebergealautre@gmail.com
Les belges, les suisses, les québecois et tous les membres de l'union europénne peuvent participer.
mercredi 8 décembre 2010
Seuls : intégrale du cycle 1
Dodji, Camille, Yvan, Terry et Leïla sont seuls, désespérément seuls. Ils se sont réveillés un matin et tout le monde avait disparu : plus de parents, plus aucun adulte, plus de télé, de téléphone ou d’internet. Ces cinq là se sont rencontrés par hasard (vraiment ???) et ont dû, par la force des choses, faire cause commune. Ensemble, ils ont affronté des tigres, des rhinocéros et des singes, un serial killer adepte des couteaux et un nazillon qui a voulu devenir leur chef. Ils ont exploré la zone rouge, cet endroit où, semble-t-il, se trouve la clé du mystère. A la fin de ce premier cycle, bien des questions restent en suspens, même si un large coin du voile a été levé…
Vehlmann l’avoue, inspiré par le roman Sa majesté des mouches de William Golding, il a au départ simplement imaginé des gamins se retrouvant un jour dans un monde de liberté absolue. Tout est permis : on pille les magasins de jouets, on joue avec des armes à feu, on conduit des voitures dans des rues désertes… La ville entière devient un terrain de jeu que les enfants s’approprient avec facilité. Deuxième élément important, les rapports humains. Comment chacun, avec sa propre personnalité, parvient à trouver sa place. Des moments de complicité succèdent à ceux plein de tension, voire de violence. Il faut dire que le casting est très étudié : Dodji, le gamin malmené par la vie, Leïla le garçon manqué, Yvan le premier de la classe, Terry, le « bébé » du groupe et Camille, la gentille petite fille bien sage qui adore les animaux. Au fil des épisodes, les caractères s’affirment et les situations sont de plus en plus noires... La violence est présente mais jamais gratuite, le sang coule et certains personnages meurent. Vehlmann est coutumier du fait, il n’hésite jamais à malmener ses lecteurs (pour vous en convaincre, lisez-donc Jolies ténèbres paru l’année dernière. La BD la plus « dérangeante » que j’ai lu depuis des lustres).
Reste la question de la fin. A mes yeux, elle ne pouvait être que décevante et c’est le cas. De toute façon, il ne pouvait pas y avoir trente-six manières d’expliquer la disparition des adultes (ne comptez pas sur moi pour les énumérer !). D’ailleurs le scénariste reconnaît qu’en créant cette histoire, il ne s’est pas demandé comment tout le monde s’était volatilisé…
Au final, ce pemier cycle forme quand même une œuvre cohérente et d’une rare densité pour une BD destinée à la jeunesse. Et puis graphiquement, Gazzotti assure. Du très classique franco-belge plein de rondeur et en même temps des aspects réalistes qui rendent l’intrigue crédible. Un découpage où la caméra est toujours parfaitement placée pour offrir le meilleur rendu possible et des scènes actions d’un dynamisme incroyable.
Seuls est à l’évidence devenue en l’espace de cinq albums une série majeure. Mais la tournure prise par l’intrigue à la fin de ce cycle laisse présager une suite qui risque d’être un ton en dessous. A moins que la talentueux Vehlmann ne parvienne à sortir de son chapeau un inattendu coup de théâtre dont il a le secret.
Seuls, l’intégrale du cycle 1, de Gazzotti et Vehlmann, Dupuis, 2010. 265 pages. 30 euros.
L’info en plus : Seuls est une série qui a connu un succès critique et commercial exceptionnel (Prix Jeunesse à Angoulême, Prix des lecteurs du Journal de Mickey, plus de 100 000 exemplaires du tome 1 vendus). D’ailleurs, cette intégrale sortie il y a 15 jours est déjà épuisée chez l’éditeur. Il y en a peut-être des piles entières dans les grandes librairies mais si votre librairie n’en n’a plus en stock, il ne pourra pas vous le procurer avant les fêtes.
Le challenge Pal Sèche de Mo |
La BD du mercredi, chez Mango |
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