« Un jour
un jour tu seras là
Un matin ou un soir
Ou une nuit peut-être
[…]
Il n’y aura plus de jours
Il n’y aura plus de nuits
Sans toi
Je t’en fais la promesse
Tu seras ma princesse »
Et quelques pages plus loin :
« Ton palais le voici
C’est mon cœur
Il possède autant de pièces
Que tu voudras
La chaleur
Si tu as froid
L’hiver
Tu trouveras une vaste cheminée
Où brûle
Un feu de joie
Si tu pleures »
Ou le coup de grâce :
« Tu seras mon ange
Je serai ton gardien »
Sur le coup je suis tombé de haut. Je me suis dit qu’il avait viré cucul la praline Marcus, qu’il avait trempé sa plume dans la guimauve arrosée de miel. Je me suis dit qu’il ne manquait plus à son monde de prairies, de tapis de fleurs et d’arc-en-ciel que quelques licornes pailletées pour compléter le tableau. Je me suis dit aussi qu’il était mal barré ce papa déclarant sa flamme à sa future fille. Qu’il allait nous fabriquer une enfant-roi ce papa gâteau déjà prêt à céder à tous ses caprices. Et puis qu’à la couver autant il allait l’étouffer sa princesse, qu’il allait la dorloter comme on dorlote un animal en cage que l’on veut toujours garder sous ses yeux.
Heureusement une pirouette finale vient mettre à mal la relation exclusive envisagée par ce père débordant d’amour. Et c’est le soulagement qui l’emporte : Ouf, Marcus n’est pas devenu un gros nounours en sucre !
Niveau graphisme, je suis une nouvelle fois sur le cul devant le talent de Régis Lejonc. Dans un style lorgnant vers le baroque-rococo-Belle Époque, il trousse des tableaux colorés pleins de détails débordant de fantaisie et d’originalité, parfaitement mis en valeur par le format XXL de l’album. Du grand art.
Tu seras ma princesse de Marcus Malte et Régis Lejonc. Sarbacane, 2017. 40 pages. 18,00 euros.