D'un coté il y a les Laforêt. Arnaud, le mari, statisticien passionné de macrophotographie et sa femme Claire, guichetière dans une banque. De l'autre, les Bourdon, avec Vincent, technicien de maintenance informatique et Virginie, fonctionnaire en préfecture complexée par ses quelques kilos en trop. Les premiers ont un fils, les seconds deux filles. Ils ne se connaissent pas mais ils vont se retrouver dans des appartements mitoyens le temps d'un séjour dans une résidence de vacances sur la côte d'Azur. Derrière les échanges polis et les sourires de façades, l'ambiance est pesante et l'on comprend vite que quelque chose cloche dans ces couples au bord de l'implosion.
Soyons honnête, il n’était pas pour moi ce premier roman. Trop dans l’air du temps, avec la thématique des mariages qui battent de l’aile déjà vue un milliard de fois. Non seulement le traitement de la question est assez simpliste et enfile les clichés comme des perles mais en plus, deux choses m’ont particulièrement gêné.
D’abord, il n’y a aucune empathie possible pour les personnages. La quatrième de couv les annonce « ni aimables, ni détestables », rien n’est plus vrai, ils sont juste totalement insignifiants, totalement pitoyables, résignés, regardant la vie par le petit bout de la lorgnette avec des rêves au ras des pâquerettes. Des beaufs d’aujourd’hui, classe moyenne pavillonnaire empêtrée dans un quotidien morose avec pour horizon un avenir aussi triste qu'un jour de pluie. Et moi, quand je n'éprouve pas le moindre intérêt pour les protagonistes d’une histoire (que cet intérêt relève de l'affection ou de l'aversion d'ailleurs), ça ne peut pas fonctionner..
Ensuite, et c’est le plus problématique, j’ai ressenti de la part de l'auteur énormément de dédain à l’égard de ces beaufs d’aujourd’hui. Une sorte de moquerie permanente, une posture où l'écrivain se mettait au dessus de la mêlée, s’amusant de la médiocrité ambiante avec l’air de dire, « vous n’avez que ce que vous méritez bande de nazes, heureusement que jamais je ne descendrais aussi bas que vous ». Je me trompe peut-être, c’est une impression très personnelle, mais ce mépris que j’ai senti monter au fil des pages a beaucoup gâché ma lecture. Ce n'est en tout cas pas pour moi la meilleure façon de présenter une classe moyenne à laquelle il est légitime de ne pas vouloir ressembler.
Après, j’ai aimé l’écriture, les formules à l’ironie mordante, les mises en situation pathétiques, les dialogues qui sonnent juste. Une vraie plume donc, mais bien trop de points négatifs pour que ce texte emporte mon adhésion.
Le renversement des pôles de Nathalie Côte. Flammarion, 2015. 192 pages. 16,00 euros.