lundi 17 août 2015

Le renversement des pôles - Nathalie Côte

Allez zou, j'attaque la rentrée littéraire avec un premier roman.

D'un coté il y a les Laforêt. Arnaud, le mari, statisticien passionné de macrophotographie et sa femme Claire, guichetière dans une banque. De l'autre, les Bourdon, avec Vincent, technicien de maintenance informatique et Virginie, fonctionnaire en préfecture complexée par ses quelques kilos en trop. Les premiers ont un fils, les seconds deux filles. Ils ne se connaissent pas mais ils vont se retrouver dans des appartements mitoyens le temps d'un séjour dans une résidence de vacances sur la côte d'Azur. Derrière les échanges polis et les sourires de façades, l'ambiance est pesante et l'on comprend vite que quelque chose cloche dans ces couples au bord de l'implosion.

Soyons honnête, il n’était pas pour moi ce premier roman. Trop dans l’air du temps, avec la thématique des mariages qui battent de l’aile déjà vue un milliard de fois. Non seulement le traitement de la question est assez simpliste et enfile les clichés comme des perles mais en plus, deux choses m’ont particulièrement gêné.

D’abord, il n’y a aucune empathie possible pour les personnages. La quatrième de couv les annonce « ni aimables, ni détestables », rien n’est plus vrai, ils sont juste totalement insignifiants, totalement pitoyables, résignés, regardant la vie par le petit bout de la lorgnette avec des rêves au ras des pâquerettes. Des beaufs d’aujourd’hui, classe moyenne pavillonnaire empêtrée dans un quotidien morose avec pour horizon un avenir aussi triste qu'un jour de pluie. Et moi, quand je n'éprouve pas le moindre intérêt pour les protagonistes d’une histoire (que cet intérêt relève de l'affection ou de l'aversion d'ailleurs), ça ne peut pas fonctionner..

Ensuite, et c’est le plus problématique, j’ai ressenti de la part de l'auteur énormément de dédain à l’égard de ces beaufs d’aujourd’hui. Une sorte de moquerie permanente, une posture où l'écrivain se mettait au dessus de la mêlée, s’amusant de la médiocrité ambiante avec l’air de dire, « vous n’avez que ce que vous méritez bande de nazes, heureusement que jamais je ne descendrais aussi bas que vous ». Je me trompe peut-être, c’est une impression très personnelle, mais ce mépris que j’ai senti monter au fil des pages a beaucoup gâché ma lecture. Ce n'est en tout cas pas pour moi la meilleure façon de présenter une classe moyenne à laquelle il est légitime de ne pas vouloir ressembler.

Après, j’ai aimé l’écriture, les formules à l’ironie mordante, les mises en situation pathétiques, les dialogues qui sonnent juste. Une vraie plume donc, mais bien trop de points négatifs pour que ce texte emporte mon adhésion.

Le renversement des pôles de Nathalie Côte. Flammarion, 2015. 192 pages. 16,00 euros.




dimanche 2 août 2015

La légende Pierrot le Fou - Rodolphe

Je ne suis pas fan des histoires de gangsters et de grand banditisme, ce n’est pas une mythologie qui me fascine. En fait j’ai lu ce livre pour son auteur, Rodolphe, scénariste de BD que j’apprécie depuis longtemps et que j’avais envie de découvrir dans un autre registre. Il romance ici le parcours du gang des Tractions Avant de Pierrot le Fou dont les membres devinrent les ennemis publics numéro un à la toute fin de la seconde guerre mondiale.

Le groupe se constitue au début de l’année 46 : le gros Georges et le Mammouth (Abel Danos) sont des anciens de la Gestapo, Raymond Naudy et Riton le tatoué se sont quant à eux illustrés dans la résistance tandis que Jo Attia, déporté à Mauthausen, est un survivant des camps de la mort. Leur chef, Pierre Loutrel, a navigué entre les deux bords, passant de la Gestapo à la résistance peu avant la libération. Difficile d’imaginer des gars avec des parcours si différents (et surtout si opposés !), mais la bande est ouverte à toutes les bonnes volontés et chacun met un mouchoir sur son passé tant que l’argent coule à flots.

Le gang multiplie les coups d’éclats, le plus célèbre étant le casse de l’Hôtel des postes de Nice. Tous ces voyous sont souteneurs, Pierrot fricote avec le monde de la nuit et a une aventure avec Martine Carole, la plus célèbre actrice de l’époque (Caroline Chérie). Les braquages violents se multiplient, le chef n’hésitant pas à tirer sur tout ce qui bouge et à laisser quelques cadavres derrière lui. La police, sur les dents, cherche à tout prix à mettre en terme à leur activité. Les membres vont tomber un par un. Seul Pierrot ne sera jamais arrêté mais il aurait sans doute préféré vu les circonstances de sa disparition…

Le narrateur, jeune journaliste s'étant lié d'amitié avec Attia et consorts, est chargé par Pierrot de consigner leurs exploits et de recueillir leurs confidences. Si tous les faits relatés sont véridiques, ce narrateur est une pure invention de Rodolphe. Un procédé classique mais malin qui permet de vivre les événements de l'intérieur, même si le récit tourne un peu trop à l'hommage admiratif alors que ces gars étaient quand même de fieffés salopards ! Le texte est bourré d'argot et dialogues dignes d'Audiard et là, je dois dire que je me suis régalé (je suis jouasse quand on me jacte dans la langue des apaches, que l'on me parle de caves, de loufiats, de harengs, de marlous ou de souris).

Franchement, une lecture de vacances idéale (et il n'y a rien de péjoratif là-dedans), instructive, documentée et qui se dévore comme un polar sans temps morts. Une très bonne pioche !

La légende de Pierrot le Fou de Rodolphe. Michalon, 2015. 225 pages. 17,00 euros.








vendredi 31 juillet 2015

Les héritiers de la mine - Jocelyne Saucier

La famille Cardinal, c'est vingt-et enfants élevés par un prospecteur et une mère au foyer (forcément!) dans une micro-ville minière prospérant grâce au gisement de zinc découvert par le paternel et qu'une grosse société s'était empressée de lui « voler ». Une telle tribu, c'était le bazar assuré en permanence entre les quatre murs de la demeure qui devait être agrandie avec quelques planches à chaque nouvelle naissance. Mais le foutoir, ce n'était pas qu'à la maison, tant les gamins Cardinal s'échinaient à terroriser les autochtones à coups d'incendies sauvages, d'extermination des chats domestiques ou encore d'attaques en règle (et en bande) des pauvres mioches qui osaient se mettre en travers de leur chemin. Dans ce Québec très rural de l'après guerre, la famille est toujours restée soudée, jusqu'au jour tragique où une mystérieuse explosion coûta la vie à l'un de ses membres.

Des années après, à l'occasion d'un colloque où leur père doit être décoré, les ex-sauvageons devenus grands prennent la parole à tour de rôle, revenant sur leur jeunesse tumultueuse, avec nostalgie mais aussi beaucoup de ressentiment les uns envers les autres...

Il est toujours décevant de ne pas trouver son compte dans un texte qui, au départ, a tout pour nous plaire. Mais ici, rien à faire, j'ai traîné comme c'est pas possible pour en venir à bout. Jamais je ne suis parvenu à rentrer dans ce roman choral, et je me demande encore ce qui m'en a tenu à distance. Sans doute le fait que, d'un personnage à l'autre, je n'ai pas senti de différence de ton. Or, chacun aurait dû avoir sa « patte », une façon bien à lui de s'exprimer, un registre de langue et un vocabulaire pas forcément identiques à ceux de ses frères et sœurs. Je n'ai pas du tout vu cela et j'ai trouvé l'exercice artificiel, ayant l'impression que, malgré les apparences, il n'y avait qu'un seul et unique narrateur. Du coup, je n'y ai pas cru une seconde.

Sans compter que si le point de vue change quelque peu, tous racontent plus ou moins la même chose et les redites, à la longue, ça lasse. Il y a bien l'histoire d'Angèle qui pimente le récit, qui titille la curiosité tant les responsabilités, les causes et conséquences de son décès semblent être le nœud qui, depuis des décennies, empêche la famille de retrouver un semblant de sérénité. Mais pour moi ce fut trop peu trop tard et si j'ai avalé les dernières pages, cela ne m'a pas suffi pour digérer avec plaisir le reste du texte. Dommage, vraiment dommage.

Les héritiers de la mine de Jocelyne Saucier. Denoël, 2015. 222 pages. 16,50 euros.







mercredi 29 juillet 2015

La balade de Yaya : intégrale tomes 7 à 9 - Golo, Omont, Girard et Marty

Voila, Yaya, c’est fini ! Après neuf volumes, la « balade » de cette petite fille dans la Chine des années 30 pendant la guerre sino-japonaise se termine. Partie à Hong-Kong pour retrouver ses parents, elle apprend qu’ils sont restés à Shanghai. De retour dans sa ville natale accompagnée de l’affreux Zhu, elle découvre sa maison abandonnée et refuse de croire qu’elle est désormais orpheline. Heureusement, Tuduo, le fidèle ami qui l’avait sauvée des bombardements dans le premier tome est toujours là pour lui venir en aide…

Une magnifique série jeunesse qui s’achève ! Difficile de ne pas s’attacher à cette gamine pas épargnée par les coups durs. C’est la force de ce feuilleton au long cours mêlant aventure et réalité historique, il est trépidant et parfois rocambolesque mais il ne sombre jamais dans la guimauve. Le point de vue à hauteur d’enfant n’élude pas, bien au contraire, la situation économique et sociale déplorable d’une grande partie de la population, mais il garde en même temps une fraîcheur et une naïveté bienvenues.

Niveau dessin, le trait Golo Zhao est toujours aussi élégant, lorgnant souvent du coté de Miyazaki, notamment en terme de mise en scène (avec une mention spéciale pour une séquence aérienne dans le tome 8 digne de Porco Rosso).

Un beau projet mené à son terme par une équipe internationale (dessinateur chinois et scénaristes français) n’ayant jamais cédé à la facilité. Idéal pour les 8-12 ans, et pour les plus grands amateurs de belles histoires à partager en famille (comme moi, quoi).


La balade de Yaya, intégrale tomes 7 à 9 de Golo, Omont, Girard et Marty. Editions Fei, 2015. 146 pages. 19,00 euros.


Mon avis sur les deux premières intégrales




lundi 27 juillet 2015

Fat City - Leonard Gardner

Quand un ancien boxeur écrit un roman parlant de boxe, on ne sait trop à quoi s’attendre. Il aura fallu quatre années à Leonard Gardner pour accoucher de ce texte devenu culte publié en 1969, alors qu’il avait 36 ans. Tellement culte qu’il remporta le National Book Award et fut ensuite adapté au cinéma par John Huston.

Fat City entremêle les destins de Billy Tully et Ernie Munger. Billy, boxeur en fin de carrière, ne s'est jamais remis de son divorce et vivote dans des chambres d’hôtels sordides. Entre deux cuites, il lui arrive encore de fréquenter la salle d’entraînement. C’est là qu’il y rencontre Ernie, un gamin néophyte tellement doué qu’il le recommande à son ancien promoteur. Mais un talent prometteur ne suffit pas à faire un champion, Ernie l’apprendra à ses dépens.

Une incroyable plongée dans le quotidien des damnés du ring où suintent à chaque page le sang, la sueur et le désespoir. Billy l’alcoolo, que l’on suit de troquet en troquet, de journées passées dans les champs d’oignons où de tomates sous un cagnard assommant pour moins d’un dollar de l’heure, voit son horizon s’obscurcir au fil des semaines. Billy et ses illusions perdues, sa lucidité mélancolique qui vous vrille les tripes. Et que dire d’Ernie, ses premiers combats, son visage tuméfié, son nez fracturé, ses victoires dans des trous paumés pour un cachet toujours inférieur à ce qu’on lui avait promis et sa vie de couple compliquée. Des personnages cabossés, fragiles, au bord du précipice, touchants par leur volonté de rester debout alors que face à un tel désenchantement, il serait plus simple de se laisser couler.

Leonard Gardner décrit la misère la plus banale avec une simplicité qui fait mouche et des dialogues d’une grande justesse. L’univers de la boxe est présenté loin des paillettes et de la gloire, avec un implacable réalisme. C’est d’une noirceur et d’une force qui vous laisse k-o (oui, je sais, c’est un peu facile, mais j’aurais pu aussi écrire que ce livre est un uppercut, je ne cède pas entièrement à tous les clichés).

Fat City reste le seul et unique roman de Gardner. Quand on lui demanda pourquoi il n’avait plus rien écrit après, il se contenta de répondre : « C’est la seule histoire que j’avais à raconter ». Dommage que nombre d’auteurs français n’aient pas autant de bon sens. Si tel était le cas, la surproduction éditoriale permanente pourrait être en grande partie éradiquée.

Fat City de Leonard Gardner. Tristram, 2015. 215 pages. 8,95 euros.





samedi 18 juillet 2015

Jackie - Kelly Dowland

Kelly est joueuse de tuba dans un orchestre symphonique New-yorkais. Trentenaire blonde au physique ravageur, elle a un fils de sept ans, un mec acteur de théâtre shakespearien, des collègues masculins qu’elle adore et qui le lui rendent bien. Surtout, Kelly a une grand-mère centenaire, une grand-mère prénommée Jackie qui se meurt. Mais tant que grand’ma n’aura pas rendu son dernier souffle, sa petite fille a décidé de tenir un journal. Elle y consigne ses joies et ses peines, dresse le portrait de quelques copines, parle de la passion de son fils pour Star Wars, de son père atteint d’Alzheimer, de sa mère qui le supporte tant bien que mal et surtout, elle rend un bel hommage à cette mamie qui bientôt ne sera plus, tout en tendresse, consciente qu’avec la mort de nos grands parents, c’est un bout de notre enfance qui disparaît.

Je l’aime Kelly. Pour son autodérision, sa malice, son coté cash, son humour, ses traits d’esprit dévastateurs. Je l’aime parce qu’elle écrit comme je parle, elle jure (presque) autant que moi, elle interpelle ses lecteurs en les appelant « les gars ». Je l’aime parce que c’est une femme libre et moderne, mère, fille, amante et amie. Je l’aime parce que quelqu’un qui pose une question aussi lucide que « merde les gars, pourquoi est-ce qu’on peut jamais rien les uns pour les autres ? », ne peut pas être foncièrement mauvaise.

Je ne remercierai jamais assez Framboise de m’avoir permis de la rencontrer, et je compte bien la présenter d’ici peu à d’autres lecteurs qui seront, je n’en doute pas une seconde, ravis de faire sa connaissance.

Jackie de Kelly Dowland. Sabin Wespieser éditeur, 2015. 94 pages. 7,00 euros.

Les avis de Cathulu, Eimelle et Framboise





vendredi 17 juillet 2015

Personne - René Pons

Alors voila, tu obtiens un rendez-vous à l’arrache chez le médecin parce qu’à un moment donné il faut quand même se soigner et arrêter de laisser traîner, mais tu sais qu’elle va te prendre entre deux autres patients et que tu risques de poireauter. Alors avant d’y aller, tu fais un crochet rapide par la médiathèque et tu attrapes le premier bouquin que tu vois sur le présentoir des nouveautés, histoire de ne pas complètement perdre ton temps dans la salle d’attente. Tout ça pour dire qu’il faut parfois emprunter des chemins sortant de l’ordinaire pour découvrir un éditeur et un auteur dont on n’avait jusque-là jamais entendu parler.

Les éditions de L’Amourier, donc, situées à Coaraze, un village tout près de Nice si j’ai bien compris, et René Pons, octogénaire ayant publié une quarantaine d’ouvrages depuis 1962, notamment chez Gallimard et Actes sud. Un homme discret se tenant loin des milieux littéraires et médiatiques et à l’écriture pleine de retenue et de modestie.

Quatre nouvelles dans ce recueil, quatre variations autour de la solitude. Une femme qui marche toute la journée avant de regagner sa chambre d'hôtel minable. Une autre s'ennuyant à mourir pendant une soirée où son époux reçoit des amis. Un homme rendant visite à un couple pas vu depuis fort longtemps. Le mari n'est pas là et il n'a pas grand chose à dire à la maîtresse de maison en dehors d'affligeantes banalités. Dans le dernier texte, un jeune adulte vivant avec sa mère passe son dimanche au troquet avec les copains. Mais malgré l'amitié de façade et les parties de cartes, lui aussi est désespérément seul.

Vous l'aurez compris, rien de joyeux dans ces micro-histoires. Des petits riens du quotidien minutieusement décrits, des êtres qui se croisent sans communiquer, des êtres sans buts, sans projets, enfermés dans des silences et des pensées impossibles à partager. L'auteur les qualifie en postface de "héros gris", je n'aurais pas dit mieux je crois.

Ces nouvelles, inédites ou publiées dans des revues, on été écrites il y a des dizaines d'années. Elles dégagent un charme suranné, hors des modes et du temps. Et franchement, ça fait du bien.

Personne de René Pons. L’Amourier, 2015. 68 pages. 12,00 euros.









jeudi 16 juillet 2015

Amours - Léonor de Récondo

1908, dans une maison bourgeoise du Cher. Mariés sans amour depuis cinq ans, Victoire et Anselme de Boisvaillant n'arrivent pas à avoir d'enfant. Quand Céleste, la jeune bonne, tombe enceinte de Monsieur, Victoire décide que ce bébé sera celui du couple. Seulement, la maîtresse de maison ne sait pas s’en occuper et, pour éviter une catastrophe, sa mère naturelle doit prendre les choses en main.

Le cœur a ses raisons que la raison ignore... Variation originale sur un thème des plus classiques, ce roman m’a touché par son ton, son rythme très musical. Léonor de Récondo va au-delà des apparences, elle montre l’envers du décor, derrière les façades et les convenances. Il est question de chair, d’abandon et de sentiments. Pour Victoire, la liberté de corps et d’esprit passe par un corset à ôter, au sens propre comme au sens figuré. Elle y parviendra, certes, mais si les barrières sociales explosent, ce n’est que temporairement, car le carcan dans lequel elle est enfermée finira par se resserrer.

Le rapport au corps est partout présent dans ce texte, tout en pudeur. Un corps dont la fonction première et unique est d’enfanter. Mais quand l’enfant ne vient pas, ce corps n’a plus la moindre utilité. Seul le frémissement du désir et la découverte du plaisir permettront à Victoire d’accepter et de comprendre ce corps, de lui laisser prendre le pouvoir et l’emmener vers des horizons qu’elle ne pouvait soupçonner.

Un huis clos aux personnages solaires, oscillant sans cesse entre ombre et lumière. J’ai trouvé la fin too much, artificiellement tragique, mais pour le reste, je me suis laissé emporter, entre silences et non dits, passion et folie. Une atmosphère riche et fiévreuse, pleine de grâce, de douceur et de cruauté.

Amours de Léonor de Récondo. Sabine Wespieser, 2015. 276 pages. 21,00 euros.

Un grand merci à Philisine pour ce beau cadeau dédicacé par l’auteur, j’ai plus qu’apprécié la découverte !


Les avis d'Alex, Antigone, Cathulu, Clara, Cuné, Eimelle, Eva, EvalireL'irrégulière, JosteinLaure, Leiloona, Le petit carré jaune, Philisine, Tant qu'il y aura des livres, Une Comète, Zazy











mercredi 15 juillet 2015

Dessus-Dessous - Delphine Cuveele et Dawid

Une taupe qui vit sa vie de taupe, tranquille, de galeries en galeries. Un papa ne supportant pas de voir son jardin défiguré par des monticules de terre poussant comme des champignons et prêt à tout pour se débarrasser de l’intruse. Des enfants décidés à sauver un animal en détresse… Voila, tous les ingrédients sont en place, mélangez bien et servez frais, la recette est délicieuse !

Après le poignant et poétique Passe-passe,  Delphine Cuveele et Dawid reviennent avec un nouvel album muet fort différent mais tout aussi réussi. Enchaînant les scènes cocasses pour souligner les échecs successifs du papa chasseur de taupe, ils font preuve d’une imagination sans limite pour varier les situations comiques. Chaque nouveau piège appelant une réponse bien précise, les enfants et l’animal doivent sans cesse faire preuve d’ingéniosité et de malice pour notre plus grand plaisir. J’ajouterais, sans bien sûr la révéler, que la fin est on ne peut mieux amenée et boucle le récit avec une pirouette inattendue.

Dawid multiplie les trouvailles graphiques et propose un découpage privilégiant avant tout la lisibilité. Les couleurs sont douces, les illustrations pleine page superbes, et certains détails ne sauteront pas forcément aux yeux à la première lecture, qu'on se le dise !

Encore un album sans texte des éditions de la Gouttière qui fait mouche ! Et qui souligne s'il en était encore besoin à quel point la BD muette peut être d'une variété et d'une richesse infinies. Ce choix narratif audacieux fonctionne ici à merveille, si vous ne me croyez pas, allez donc le constater par vous-même.


Dessus-Dessous de Delphine Cuveele et Dawid. Éditions de la gouttière, 2015. 36 pages. 9,70 euros. A partir de 5-6 ans.

Les avis de L'ivresse des mots, Mo' et Moka.





lundi 13 juillet 2015

Les Quiquoi et l’étrange maison qui n’en finit pas de grandir - Laurent Rivelaygue et Olivier Tallec

Olive dessine le pignon et la porte d’une maison. Pétole ouvre la porte et les Quiquoi pénètrent dans une grand espace chichement décorée. De pièces en couloirs, les amis arrivent jusqu’à l’antre du « monstre monstrueux »…

Un bonheur de retrouver les Quiquoi dans une bande dessinée ! Leur livre-jeu drôlissime m’avait déjà conquis, je les trouve encore en meilleure forme dans cette histoire farfelue à souhait. Une porte dessinée et c’est tout un univers qui s’ouvre, un univers sans limite, sans logique, un univers dont on peut sans cesse repousser les frontières. Dépassé par sa création, Olive découvre le pouvoir de son crayon (et de sa gomme, très importante la gomme !). Les enfants adorent les Quiquoi car il y en a forcément un qui leur ressemble : Olive l’artiste, Pétole la tête brûlée, Pamela l’indécise, Boulard le râleur, Raoul le trouillard et Mixo l’intello, chacun apporte sa pierre à l’édifice et l’hétérogénéité de ce groupe de copains fait tout le sel du récit.

Dans cet album, l’imagination prend le pouvoir accompagnée d’un humour plus fin qu’il n’y paraît à première vue. Les dialogues sont savoureux, les Quiquoi n’ayant pas leur langue dans leur poche. Graphiquement, c’est aussi épuré que dynamique, « la patte » Tallec, reconnaissable au premier coup d’œil, offre des trognes d’une rare expressivité.

L’incursion de ses gamins drôles et facétieux dans l’univers de la BD ne sera sans doute pas qu’un coup d’essai puisque l’éditeur présente cette « étrange maison qui n’en finit pas de grandir » comme un premier épisode. Le premier d’une longue série, c’est tout ce que je souhaite.

Les Quiquoi et l’étrange maison qui n’en finit pas de grandir de Laurent Rivelaygue et Olivier Tallec. Actes sud junior, 2015. 32 pages. 12,00 euros. A partir de 5 ans.