mardi 3 septembre 2019

Vorace - Guillaume Guéraud

Elle est là, la bête. Personne ne la voit mais elle rôde dans Paris. Ce sont les rats qui ont disparu en premier. Puis des chats, des chiens, des animaleries que l’on a retrouvées avec des cages vides, sans une seule porte ouverte, sans la moindre trace d’effraction. Quand la bête s’est attaquée à des nourrissons, le retentissement a été bien plus grand. Après les enfants, les adultes. D’abord un par un puis par groupes entiers. Un phénomène incompréhensible, incontrôlable, inarrêtable, invisible. Sauf pour Léo. Cet ado sans parents ayant fui son foyer de Perpignan fait la manche avec son chien sur une place parisienne. Et à plusieurs reprises, quand la bête a frappé, il était présent. Mieux encore, il l’a vue. Mais la police a du mal à prendre son témoignage au sérieux. Qui irait croire un mineur SDF défoncé par le shit qui vit dans un squat avec sa petite amie roumaine ?

Un drôle de roman, à la Guéraud. Les gens disparaissent, se volatilisent sous les yeux de nombreux témoins. Un gamin est le seul à voir ce qu’il se passe. Ce gamin est un pauvre gosse à la rue. Un pauvre gosse avec un chien, un pauvre amoureux fou. Voilà, débrouillez-vous avec ça. Les pièces du puzzle ont l’air impossible à assembler mais on s’en fiche. Guéraud a pris la main dès le départ, il va nous mener par le bout du nez, à son rythme. Et il sait y faire pour laisser monter la pression. La tension est palpable et, pour qui l’a déjà lu, aucun doute, le pire va arriver car le bonhomme n’est pas du genre à ménager ses personnages. On parcourt donc le roman la trouille au ventre, comme les parisiens terrorisés par la bête.

Après, j’avoue, la fin a fait retomber le soufflé. Disons que je n’ai pas tout compris, même si j’ai bien compris que c’était le but. Zéro explication, du moins rien de clair comme de l’eau de roche. Elle est nébuleuse en diable cette conclusion, ouverte à bien des interprétations. Evidemment c’est voulu mais c’est aussi un peu facile je trouve. Derrière la bête il y a une dénonciation des maux de notre société. Certes. Mais lesquels ? A chacun de choisir, de se faire sa propre idée. Pourquoi pas. N’empêche que je suis resté sur ma faim. Mais avant de rester sur ma faim je me suis comme d’habitude régalé de la prose nerveuse, engagée et sans langue de bois d’un auteur jeunesse qui ne s’embarrasse pas d’artifices inutiles pour s’adresser à ses lecteurs. Au final l’impression reste largement positive malgré un épilogue pas forcément convaincant.

Vorace de Guillaume Guéraud. Le Rouergue, 2019. 158 pages. 12,50 euros. A partir de 13 ans.





Une pépite jeunesse évidemment partagée avec Noukette







7 commentaires:

  1. ah ben là, le soufflé est retombé pour moi aussi .. je n'aime pas trop les fins ouvertes, ou alors c'est qu'elles ont un vrai sens or là .. je sens que tu es resté sur ta faim (tu es la bête?) et moi pas mon truc.. mais ça va plaire au Caribou !

    RépondreSupprimer
  2. J'aime bien aussi les fins un peu travaillées.

    RépondreSupprimer
  3. L'explication (si on peut parler d'explication) est nébuleuse oui mais je crois que c'est effectivement le but. Le roman se dévore tellement que je lui pardonne cette petite "facilité" ;-)

    RépondreSupprimer
  4. Hmmm peut-être plutôt découvrir cet auteur avec un autre titre si on reste un peu dans le questionnement ici. J'en avais déjà notés par ici, inutile de rallonger la liste je crois.;)

    RépondreSupprimer
  5. Malgré tout, je ne te sens pas pleinement convaincu.

    RépondreSupprimer
  6. Je me sens toujours frustrée par le genre de fin que tu décris...avec un autre titre, comme le dit A_girl_

    RépondreSupprimer
  7. Coucou Jérôme, après tout ce temps... !
    Mais la vie reprend :D Et il m’avait manqué de te lire, de lire ces espaces de mots avec Noukette, entre autres.
    Qui croirait un SDF? Une dénonciation de notre société. J’aime... malgré les ratées, ne serait-ce que pour le thème.
    Je suis de retour... parce que tout ça m'a trop manqué...
    Bisous à toi et Noukette xx

    RépondreSupprimer

Je modère les commentaires pour vous éviter les captcha pénibles de Google. Je ne filtre rien pour autant, tous les commentaires sans exception seront validés au plus vite, promis !