mardi 25 septembre 2018

À la belle étoile - Éric Sanvoisin

Pierrot est différent. Son handicap mental lui a valu un placement en institut spécialisé mais depuis qu’il a eu 18 ans il est revenu à la maison et ne fait rien de ses journées. Sa petite sœur Yaëlle lui propose un matin de l’accompagner à l’école, pour le sortir un peu et lui faire plaisir, depuis le temps qu’il rêve de voir une « vraie » école ! Seulement, quand les copines de sa sœur se moquent de lui, Pierrot s’enfuit. Dans le square où il s’arrête pour reprendre son souffle, il découvre une dame vivant dans son château en carton. Une dame qui va essayer de l’aider à rentrer chez lui…

Honnêtement j’ai eu peur. Le handicapé, la SDF, les bons sentiments qui risquaient de dégouliner à chaque page et rendre mes doigts collants de sucre et de miel, bonjour l’angoisse ! Heureusement, Éric Sanvoisin n’est pas un perdreau de l’année. Il a suffisamment de bouteille pour éviter les écueils d’une bienveillance caricaturale.

D’abord il choisit une narration tout sauf linéaire en offrant successivement, pour une même scène, les points de vue de Yaëlle, Pierrot et La Dame. Un choix formel intéressant pour  mettre en perspective le fait que chacun ressent différemment un événement vécu en commun. Ensuite, et c’est de loin le plus remarquable, il trouve et les mots justes pour exprimer les pensées de Pierrot. Enfin, il a le bon goût de ne pas clore son histoire avec le happy end attendu, un point aussi rare que positif, surtout en littérature jeunesse.

Un très joli texte, intelligemment mené et d’une touchante humanité.

À la belle étoile d’Éric Sanvoisin. Le muscadier, 2018. 76 pages. 9,50 euros. A partir de 12 ans.










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