Un nommé Peter Karras pose donc les fondations de la trilogie à venir et met en scène, comme son titre l’indique, le fameux Peter Karras, immigrant grec vivant dans un quartier populaire de la capitale américaine. Nous sommes en 1948, Karras est revenu miraculeusement indemne de la guerre du Pacifique et après avoir fricoté avec la pègre locale en compagnie de son meilleur ami italien, il travaille dans un petit restaurant tenu par un compatriote, Nick Stephanos.
Pas la peine d’en dire plus, sachez juste que Pelecanos est à ici à son meilleur. Le scénariste de la série « The Wire » prend le temps de creuser la psychologie de ses personnages, il donne surtout à voir le Washington de l’après-guerre avec une précision quasi documentaire. Comme d’habitude, les dialogues foisonnent, comme d’habitude le personnage principal va peu à peu sombrer dans une forme d’autodestruction, comme d’habitude la musique est omniprésente, comme d’habitude les immigrants subissent les coups durs et comme d’habitude la tension ne cesse de monter jusqu’à l’explosion finale.
Pour ceux qui connaissent le bonhomme et ses origines grecques, pas besoin de vous faire un dessin, cet adepte de la tragédie ne ménage jamais ses personnages et d’emblée on sait que les choses vont mal tourner pour Karras. Il ne faut y voir aucune cruauté ni le moindre sadisme, c’est tout simplement l’aboutissement inéluctable et froidement réaliste d’une intrigue qui ne pouvait se conclure autrement.
Un roman noir urbain que j’ai dévoré d’une traite, dont l’écriture très visuelle et ultra-descriptive m’a permis une fois de plus d’arpenter en long, en large et en travers les rues de Washington. Pelecanos est sans conteste l’écrivain emblématique de cette ville dont il dissèque avec lucidité et pessimisme l’évolution depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Et si vous ne l’avez jamais lu, ce titre est parfait pour entrer de plain-pied dans son univers.
Un nommé Peter Karras de George P. Pelecanos. Points, 2001. 450 pages. 8,00 euros.
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