lundi 21 février 2011

Danses de guerre

Un homme surprend un cambrioleur et la situation vire au drame. Un autre, persuadé d’être gravement malade, repense aux derniers jours de son père. Le fils d’un sénateur participe à une agression homophobe un soir de beuverie. Un apprenti journaliste doit rédiger sa première nécrologie… Six nouvelles en tout, entrecoupées de poèmes et d’aphorismes. Autant de variations sur des relations humaines compliquées où l’affrontement n’est jamais très loin.

Cela me fait mal au ventre de le reconnaître mais ce recueil de l’immense Sherman Alexie m’a déçu. Pour la toute première fois je ne referme pas un ouvrage de cet auteur en me disant qu’il a une fois de plus fait preuve d’un exceptionnel talent. Il y a eu Indian Blues et Indian Killer, ses chefs-d’œuvre. Il y a eu Phoenix Arizona, La vie aux trousses et Dix petits indiens, des recueils de nouvelles éblouissants. Et puis il y a eu Le premier qui pleure a perdu, le plus fabuleux roman de littérature jeunesse que j’ai lu ces dix dernières années. Mais là, avec ces Danses de guerre, la magie n’opère pas. Un manque de liant entre chaque texte. Certains apparaissent anecdotiques (La ballade de Paul Néanmoins, Effrayante symétrie), d’autres caricaturaux (Le fils du sénateur). Et l’insertion des poèmes entre les nouvelles n’apporte aucune valeur ajoutée.

Heureusement, tout n’est pas à jeter. Il reste quelques pépites où l’on retrouve le Sherman Alexie que l’on aime. Entre humour et colère, autodérision et fulgurances littéraires. La nouvelle qui donne son titre au recueil est sans aucun doute une des meilleures que l’auteur ait écrites. Un indien y revient sur la mort de son père, à priori tout sauf un modèle pour lui. Le texte se conclut par ces phrases sublimes : « Il me manque ce salaud d’alcoolo. C’est toujours de l’homme qui m’a le plus déçu que je me sentirai le plus proche

Danses de Guerre reste quand même dans l’ensemble ma première déception concernant Sherman Alexie. Mais finalement peu importe. Il y aura toujours une place dans ma bibliothèque pour les futurs ouvrages de cet auteur considéré à juste titre comme l’un des plus talentueux de sa génération.

Danses de guerre, de Sherman Alexie, Albin Michel, 2011. 195 pages. 19,00 euros.

L’info en plus : Danses de guerre a remporté le prix Pen-Faulkner 2010, décerné par la fondation du même nom à l'auteur américain de la meilleure fiction de l’année. Au palmarès depuis 1981, quelques grands noms devenus des incontournables : Philip Roth (3 fois), TC Boyle, James Salter, Don DeLillo, Richard Ford, Michael Cunningham ou encore John Updike.

1 commentaire:

  1. Et d'une, je n'aime pas trop les nouvelles. Et de deux, tu es déçu. Conclusion, je passe !

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