samedi 4 novembre 2017

Tout est brisé - William Boyle

Pour le coup le titre est parfait. Tout est en effet brisé dans la vie d’Erica : elle vit seule à Brooklyn et a du mal à joindre les deux bouts depuis la mort de son mari, sa mère ne s’est pas remise d’une fracture du col du fémur après une mauvaise chute, son père à l’agonie la tyrannise au point de l’obliger à le sortir de l’hôpital pour le ramener chez elle alors qu’il n’est pas capable de descendre de son lit sans s’écrouler et son fils homosexuel, dont elle n’avait plus de nouvelles, revient à la maison avec sa dépression et son alcoolisme en guise de bagages. Rien que ça. Ah non, j’oubliais, il y a aussi sa sœur, qui pourrait lui donner un coup de main si elle n’était pas elle-même au chevet de son homme malade. Bref, l’horizon d’Erica est bouché. Et sa barque bien trop chargée à mon goût, dans le genre mélo, difficile de faire pire.

Après, j’ai apprécié le fait qu’elle affronte les embûches avec force et fragilité, sans se plaindre ni s’apitoyer sur son sort. J’ai aimé l’écriture beaucoup plus descriptive que psychologique s’attardant davantage sur les faits que sur les pensées des uns et des autres. Le fils, enfermé dans une spirale autodestructrice, est une vraie tête à claque et le papy invivable donne juste envie de l’étouffer avec son oreiller pour avoir la paix mais les deux sont croqués avec réalisme.

Le problème c’est que tout est sombre et désespéré, il m’a vraiment manqué quelques rayons de lumière dans l’obscurité pour apprécier ma lecture et ne pas refermer le roman avec l’envie de me noyer sous les antidépresseurs. Il y a bien le personnage de Frank, sorti de nulle part avec son optimisme à toute épreuve qui aurait pu ensoleiller ce triste tableau, mais je me suis demandé ce qu’il venait faire dans cette galère et je n’ai pas compris à quoi il servait dans la mécanique du récit. Pour tout vous dire, il m’a rappelé le personnage d’Alec Baldwin dans un épisode de Friends qui trouve tout merveilleux et finit par se mettre tout le monde à dos (désolé, on a les références qu’on peut !). En gros, il est plus ridicule qu’autre chose.

Conclusion ? William Boyle sait créer une ambiance pesante et mélancolique, son écriture m’a plu, comme sa maîtrise des dialogues, mais pour le reste j’ai moyennement apprécié cette histoire déprimante aux traits mélodramatiques bien trop forcés et manquant de nuances.

Tout est brisé de William Boyle. Gallmeister, 2017. 210 pages. 22,40 euros.




50 commentaires:

  1. Cette tristesse m'a pesée aussi !

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  2. J'aime ce qui est déprimant mais là je pense que je frôlerai la dépression, je passe.

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  3. Je ne pense pas qu'il soit pour moi celui-ci :)

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  4. Ouille... pas pour moi.

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  5. Ahahaha pardon je ris contre cette désespérance totale !
    Et je passe mon chemin (en me plongeant enfin dans Esther !)
    Bon we jeune homme <3

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  6. On se rejoint sur ce coup!
    Frank? Je n'ai pas compris ce qu'il venait faire là.
    Le fils? Oui, une vrai tête à claque.
    Pour le grand-père tyrannique, il est tout de même bien croqué.
    La petite parcelle de lumière, je l'ai trouvé dans la dernière scène. Mais pas ailleurs.
    Tout ça pour dire que j'ai préféré, et de loin, "Gravesend"!

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    1. Ouais enfin, la dernière scène est en pleine tempête de neige dans un motel tout pourri, j'ai eu du mal à y voir un rayon de lumière moi ;)

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  7. Bon, comme je n'ai pas franchement envie de faire une cure d'antidépresseurs ces temps-ci, je crois que je vais passer mon tour ;-)

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  8. Je ne sais pas si la 4è de couv' annonçait tout ce mauvais karma autour d'une même personne (c'est fou autant de pas de bol - et puis du bien lourd, bien déprimant en plus - pas juste la perte des clés de voiture ou le vol de son portable) mais j'aurais clairement passé mon chemin.^^

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  9. déjà que je DÉTESTE le mois de novembre je ne vais pas en rajouter

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  10. Pas vraiment convaincue moi non plus

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    1. Disons que dans le genre déprimant c'est convaincant.

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  11. Il me tentait bien pourtant ... Mais le mot mélo me fait fuir ! je tenterai plutôt le premier titre, Gravesend", dont Marie Claude avait le plus grand bien.

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    1. Moi aussi je jetterai bien un œil à Gravesend du coup.

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  12. Tu n'as plus qu'à enchaîner avec Nitro Mountain, et la coupe va être pleine !

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    1. J'ai enchaîné avec un autre titre encore plus déprimant. Maso je suis !

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  13. Pas trop envie de lire tout ça, je passe mon chemin

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  14. Je vais attendre qu'il y ait un peu plus de soleil pour le lire alors

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  15. C'est une maison d'édition avec laquelle j'ai du mal alors ce que tu dis de ce roman m'incite à passer.

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    1. Moi en général ça se passe bien avec Gallmeister.

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  16. Bon, je crois que je vais passer mon chemin...

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  17. J'aime bien Boyle, alors peut-être vais-je me laisser tenter tout de même. Je vois en tout cas que nous avons les mêmes références ;-)

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    1. Ne te fie pas à mon avis pour renoncer à le lire !

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  18. ET bien je te remercie pour cette chronique, enfin un livre que je ne note pas.

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  19. j'avais lu son premier roman, publié chez Rivages que j'avais apprécié mais sans plus. Du coup, je ne suis pas trop partant pour celui-là.

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  20. Purée si même toi tu trouves ça sombre et sans espoir (alors que bon ton seuil de tolérance est assez élevé je trouve de ce point de vue), je vais largement passé mon tour (en plus novembre tout ça quoi)

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    1. C'est vrai qu'en général le noir de chez noir ne me fait pas peur, bien au contraire !

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  21. Vous avez pourtant l'air d'aimer ce qui est noir ! Moi aussi mais à petites doses, je vais donc également passer mon tour...

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    1. J'aime beaucoup ça oui, mais j'aime la noirceur saupoudré d'une pointe d'humour et de légèreté parfois.

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  22. brrrrrr ben non en fait, ça me tente pas du tout... il me faut au moins un lueur pour plonger :-)

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  23. trop triste pour moi, j'ai besoin de livres avec un minimum de positif :)

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  24. entre ton avis et celui de Marie-Claude, je me demande si je ne vais pas passer mon tour...

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  25. Un autre auteur que j'ai follement envie de découvrir, et puis Gallmeister, j'aime toujours...
    Je lis quand même que c'est du lourd, du sombre, vraiment vraiment sombre. Pouah... Après l'hiver qui sait? :-)

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