lundi 16 mai 2016

L’empreinte amoureuse - Mélanie Chappuis

Page 99, le narrateur déclare : « J’ai envie de brûler mes notes, de voir mes souvenirs partir en fumée, d’envoyer balader mon grand projet d’empreinte amoureuse. Je le trouve nul, prétentieux et vain ». Et moi j’ai envie de le prendre dans mes bras et de lui dire : « Enfin, tu t’en rends compte ! Punaise, il était temps ! ». Ben oui parce que depuis 99 pages, Bruno me bassine avec ses ex. Ce quadra frappé par un cancer du foie pleurniche. Monsieur a peur de mourir et encore davantage de se battre pour ne pas mourir. Refusant de se soigner parce que selon lui ça ne sert à rien, il va provoquer le départ de sa compagne Marion, incapable de comprendre son raisonnement et de le faire changer d’avis.

Soudain seul, Bruno se lance dans un grand projet : lister dans un carnet ses aventures depuis l’adolescence et tenter de recontacter ses conquêtes pour leur demander quelle trace il a laissée dans leur vie. Un inventaire qualifié pompeusement d’« empreinte amoureuse » qui va le plonger dans ses souvenirs de globe-trotter. Et nous de le suivre au fil de sa jeunesse dorée de fils d’ambassadeur, du Nigéria à l’Argentine en passant par Berne ou New-York. De Yassa à Laure, de Malika à Michelle, de Marie à Nathalie, de Yulia à Caroline, de Linda à Mathilde. Une enfilade de prénoms dans laquelle j’ai fini par me perdre, retenant juste que l’Argentine l’avait snobé, l’américaine était décédée dans un accident de voiture, la suissesse droguée avait failli l’entraîner avec elle dans sa perte, la vidéaste restera comme son plus gros chagrin d’amour, etc. Tout ça pour se rendre compte que Marion, c’est-à-dire la dernière, est la seule qui compte vraiment. Franchement, s’il me l’avait demandé, j’aurais pu lui annoncer dès le départ, c’était tellement évident !

Mélanie Chappuis est la femme du dessinateur, Zep, info people sans le moindre intérêt je vous le concède, mais il faut bien que je me mette à la hauteur de ce roman lui aussi sans le moindre intérêt. Rien à faire, je déteste les narrateurs pleurnicheurs. Au moins Bruno n’essaie pas de nous tirer des larmes mais j’ai trouvé sa démarche pathétique. Entre deux éclairs de lucidité, il enchaîne les descriptions de non-événements, de relations banales au possible dans lesquelles il ne fait que révéler une instabilité chronique. Et le retournement de situation final donnant évidemment dans le happy-end ne pouvait qu'enfoncer le clou de mon exaspération. Vraiment pas un roman pour moi.

L’empreinte amoureuse de Mélanie Chappuis. L’âge d’homme, 2015. 172 pages. 18,00 euros.




38 commentaires:

  1. j'adore te lire quand tu sors frustré ou déçu d'un roman ! et je te remercie : je ne supporte pas non plus les héros pleurnicheurs ou égocentriques (je me souviens de la Consolante et de mon envie de filer des claques au personnage) ! Ma question : comment ce livre t-est-il arrivé entre les mains?

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  2. Ah toi quand tu n'as pas aimé, c'est féroce. Quand on a l'impression de perdre son temps, alors que tant d'autres livres géniaux nous attendent... Je te comprends!

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    1. Il est court et se lit vite, je n'ai pas trop perdu de temps finalement.

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  3. Le genre de livre totalement dispensable... C'est marrant, moi aussi les pleurnicheurs/pleurnicheuses m'exaspèrent!

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    1. Je dis ça mais il m'arrive aussi de l'être, comme tout le monde ;)

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  4. C'est bon ce genre d'article, ça fait du bien ! Ca fait sourire ! J'ai déjà oublié le titre du roman...

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  5. L'idée de départ en elle-même ne m'inspire déjà pas grand chose...

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  6. Mais qu'es-tu aller te perdre dans cette galère ? Haha ! Bon, on voit que tu ne l'as pas eu en sympathie du tout ce cher Bruno. Instant "hyène hilare" en te lisant :"Franchement, s’il me l’avait demandé, j’aurais pu lui annoncer dès le départ, c’était tellement évident !"
    Bon, c'est très bien tout ça, pas de tentation PAL.

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    1. Je n'ai ressenti aucune empathie pour lui, c'est clair.

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  7. sur le même thème (un homme part à la recherche de ses ex) High Fidelity de Nick Hornby est un must...

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  8. Peut-être qu'il sera plus pour moi ? ^^

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  9. Aille... Je passerai car je n'aime pas ce genre d'histoire, même avec un happy end.

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  10. J'ai lu son Frida qui m'a souvent touchée parce que j'y ai trouvé plein d'échos qui me parlaient. Toutefois, déjà quelque chose m'agaçait sous sa plume. Sans aucun doute, j'aurais pu parier que tu allais détester ce genre d'écrit. (Et ce avant d'atteindre la page 99.)
    Bravo d'être allé jusqu'au bout.

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    1. L'écriture ne m'a pas déplu par contre, c'est vraiment le sujet qui m'a agacé.

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  11. Un titre qui ne te laissera pas une grosse empreinte (oui, je sais, elle était facile celle-là.)

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  12. J'adore quand des blogs amis se fâchent ! je leur fais encore davantage confiance après, on a le droit de ne pas tout aimer (Sans la liberté de blâmer....)

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    1. On ne peut pas tout aimer, heureusement d'ailleurs.

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  13. J'adore les chroniques cinglantes et les tiennes ne dérogent pas à la règle!
    Le sujet ne me tente pas donc ce ne sera pas pour moi!

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    1. Je ne suis si cinglant quand même, je respecte toujours beaucoup le travail de l'écrivain.

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  14. Dit comme ça, on ne peut pas dire que ça fasse franchement envie :-D bouh les pleurnicheurs :-D

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    1. J'avoue que je ne donne pas super envie sur ce coup-là ;)

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  15. Typiquement le genre d'histoire qui m'énerve aussi... Je suis surprise que tu sois allée jusqu'au bout ?

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  16. J'essaierai de me souvenir de ce titre pour ne pas perdre mon temps !

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  17. Comme quoi l'appréciation d'un roman est vraiment subjective, car j'ai vraiment aimé cette Empreinte amoureuse. Le personnage est touchant dans son refus d'accepter la maladie, qu'il cache par une prétention feinte, et c'est un instinct humain de refuser la mort en voulant revivre le passé, repousser l'échéance de l'inéluctable en repassant par les petites morts de ses histoires amoureuses, ces instants de vie qui sont les seuls à nous faire sentir réellement vivants. De magnifiques passages, notamment le dépucelage de Bruno et ses camarades. L'écriture est belle, vraie, nous rappelle à nos propres affections et on ne peut sortir de ce livre sans une pensée mélancolique pour nos sentiments envolés, pour ceux qui nous ont aimés ne serait-ce qu'un instant au cours de nos existences et qui ont contribué à faire de nous ce que nous sommes.

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    1. La subjectivité, c'est aussi tout ce qui fait le charme de la lecture je trouve. Je ne suis pas étonné du tout que ce texte séduise, et j'en suis ravi, vraiment.

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