samedi 11 janvier 2014

Invasion - Fernando Marias

Août 2003. Pablo, médecin militaire espagnol, est envoyé en Irak lorsque son pays s’engage officiellement dans le conflit. Au retour d’une intervention auprès de civils touchés par un attentat, son ambulance est prise dans une embuscade. Se réfugiant avec son ami infirmier Paco dans une ferme isolée et apparemment vide, les deux hommes, terrorisés, vont devoir faire face au cours de la nuit à l’arrivée des propriétaires des lieux. Pris de panique, Pablo tue un adolescent et un adulte. Lui-même grièvement blessé, il doit son salut aux soins que lui prodigue Paco. Rapatrié en Espagne auprès de sa famille, Pablo ne parvient pas à surmonter le traumatisme et il se persuade peu à peu que les fantômes des morts qu’il a laissés en Irak l’ont suivi jusque chez lui. Délire ou effroyable réalité ?

Je dois cette lecture à Athalie qui, avec l’humour et la finesse qui la caractérise, a créé un comité de soutien à Fernando Marias et m’a par la même convaincu de découvrir cet auteur dont je n’avais jusqu’alors jamais entendu parler.

Invasion est un texte inclassable. C’est une réflexion profonde sur la guerre, la responsabilité, les traumatismes intimes qui découlent d’un conflit armé ou encore la manipulation de masse que n’hésitent pas à mener les gouvernements (ici, de retour dans leur pays, Paco et Pablo sont présentés en héros ayant tué des insurgés alors qu’en fait ils ont massacré des innocents chez qui ils étaient entrés de force). Mais c’est aussi un roman à la lisière du fantastique et du thriller, une plongée dans l’esprit torturé d’un homme qui va peu à peu basculer dans la folie et perdre le contrôle.

Je dois l’avouer, j’ai eu de gros soucis avec le dernier chapitre tout en tension et digne d’un thriller. C’est l’apothéose du récit et une certaine forme de nécessaire catharsis pour « solder » définitivement les comptes, mais la violence mise en scène de la sorte, c’est plus fort que moi, je ne peux pas. Pour autant le roman reste  excellent et aborde avec intelligence la question de la culpabilité et des ravages personnels que peut engendrer une guerre. Sombre et dérangeant.

Invasion de Fernando Marias. Éditions Cénomane, 2013. 205 pages. 20 euros.

« Si tu tues un homme, il devient l’être le plus important de ta vie passée, présente et future. […] Pour que la culpabilité puisse laisser un peu de répit, il faut payer pour la mort que tu as provoquée. Mais comment ? Existait-il, existe-t-il une forme de rachat ? »

L'avis de Sandrine ; L'avis d'Athalie





26 commentaires:

  1. Ça sert à quoi que je me décarcasse à écrire des billets si trois semaines après, ils sont oubliés... :-( Belle découverte pour moi en tout cas.

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    1. Rhoooo, j'étais passé à coté. Une honte ! J'ai lu ton billet et rajouté le lien. En plus je suis tout à fait d'accord avec ton avis.

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  2. Je l'ai découvert chez Sandrine celui-là.

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    1. Et moi chez Athalie. Heureusement qu'elles sont là pour nous conseiller, hein ?

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  3. Je lis des polars facilement avec violence et catharsis en hausse comme tu dis si bien mais les romans sur des guerres (14-18, 39-45, l'Algérie, le Viêtnam, etc) j'ai vraiment du mal, et je le ressens physiquement, alors j'évite de me faire du mal ! ;)

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    1. La guerre n'est ici présente qu'au début, le problème traité ensuite est celui du traumatisme post-conflit et c'est là que les choses deviennent difficiles à supporter.

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  4. Trop psychodramaticoduros pour moi je pense, même si je ne doute pas de l'intérêt et de la qualité de ce livre.

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    1. C'est un texte dur, il faut être prêt à y faire face sinon ça peut laisser des traces^^

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  5. le "chouya" de fantastique risque de me déranger.

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    1. Le fantastique est présent par petites touches mais il peut être assez déstabilisant.

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  6. La violence trop explicite, ça ne passe pas, pour moi... je pense que je ne lirais pas ce livre si je découvre l'auteur.

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    1. Disons que la violence est à la fois suggérée et explicite, c'est ce qui rend le texte si puissant.

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  7. j'ai du mal avec la façon dont les Espagnols exorcisent leurs démons.
    Il y a toujours beaucoup de violence et une note de fantastique auquel je ne suis pas réceptive !
    Luocine

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    1. C'est un peu le réalisme magique typiquement espagnol et latino-américain. Il y a de cela dans ce roman je crois.

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  8. Merci de contribuer avec Sandrine ( et d'autres sûrement ...) à faire découvrir cet auteur, que je soutiens à ma modeste mesure. Inclassable, dérangeant, c'est sûr. Le dernier chapitre est à la limite du soutenable. Je crois que si il m'était resté un peu de souffle (j'ai lu ce livre comme en apnée), j'aurais hurlé. Je ne veux pas justifier l'hyper réalisme de la violence décrite, elle est trop dérangeante, mais en même temps, je me disais en lisant (il me restait quelques neurones), que cette folie était possible, en vrai, je veux dire. Ce qui fait que c'est encore pire.

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    1. Oui ce basculement vers la folie "totale" est sans doute possible en vrai. N'empêche que ça secoue, et pas qu'un peu^^

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  9. je suis sûre que c'est bien, mais à mon avis c'est beaucoup trop dur pour moi!

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  10. Je me souvenais du billet de Sandrine (sisi) mais je ne sais pas si ce texte me conviendrait.

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  11. Si je réussis à mettre la main dessus à la bibli, je n'hésiterai pas !

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  12. Trop de culpabilité et trop de mort... je passe pour le moment... Besoin de douceur, de voyage...

    :D

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  13. Je n'aime pas trop le fantastique alors j'ai peur de ne pas aimer...

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    1. Le fantastique fait partie du récit mais il n'est pas non plus trop envahissant.

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