J’aime quand rien n’est donné, quand il ne faut pas chercher à tout comprendre tout de suite. J’aime me dire que je n’ai pas tout saisi, qu’une seconde lecture s’impose pour affiner mon point de vue et mon ressenti. J’aime aussi que l’on prenne son temps pour me raconter une histoire, que l’on tricote des mailles serrées sur lesquelles dégouline une pluie glaciale pendant que l’atmosphère se charge d’électricité et d’étrangeté. J’aime enfin qu’un dessinateur s’empare d’une telle histoire et la sublime avec son découpage cinématographique et son trait d’une troublante intensité.
Il y a quelque chose de magnétique dans cette fable fantastique aux accents gothiques. Une fascination née du renouvellement perpétuel de l’intrigue, des rebondissements aussi inattendus que cohérents et d’une fantasmagorie mêlant avec brio folklore juif, légendes médiévales et sociétés occultes. Pas besoin de tourner autour du pot ni d’en dévoiler davantage, L’homme gribouillé est un album puissant, surprenant, imprévisible, entretenant une confusion diabolique entre le réel et l’irréel. Un coup de maître !
L’homme gribouillé de Serge Lehman et Frederik Peeters. Delcourt, 2018. 330 pages. 30,00 euros.
Une lecture commune partagée avec Mo et Noukette !
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