L’ogre de cette histoire ne fait pas dans la dentelle. Il mange les enfants, les passants, tous ceux qui croisent son chemin. La policière censée mettre fin à ses agissements est plus véreuse qu’une pomme tombée de l’arbre, le bienfaiteur qui sauve Petit Georges des forces de l’ordre est un truand racketteur qui passe ses journées à récolter de petites enveloppes remplies de billets. Tout le monde cherche à tirer profit de la situation, c’est drôle et cruel, magistralement illustré par un Gaëtan Dorémus en pleine forme (la scène où Petit Georges s’imagine créer un poulailler pour humains où il irait chaque jour récupérer sa pitance comme on va chercher des œufs est de loin la plus savoureuse).
Après, l’ensemble est trépidant, les événements s’enchaînent vite, très vite, trop vite parfois, le récit semblant avancer au rythme des grandes enjambées de l’ogre. Mais peu importe cette impression de précipitation, on se laisse au final embarquer par une vague de truculence qui dévaste tout sur son passage. Les amateurs de littérature jeunesse politiquement incorrecte et d’humour noir vont se régaler, les autres peuvent passer leur chemin, cette vie d’ogre n’est à l’évidence pas destinée aux pisse-froids, qu’on se le dise !
Dans les dents ! Une vie d’ogre de Denis Baronnet et Gaëtan Dorémus. Actes sud junior, 2017. 80 pages. 15,00 euros. A partir de 8-9 ans.
Une pépite jeunesse que je partage une fois de plus avec Noukette.