Vous ne m’avez pas beaucoup vu par ici ces derniers temps. La faute à quelques contrariétés, notamment un accident domestique m’ayant privé de l’usage de mon bras gauche pendant plusieurs semaines et qui continue à grandement m’handicaper aujourd’hui.
Comme il m’est très pénible d’écrire un billet d’une seule main, j’ai limité ma modeste production aux pépites jeunesse partagées avec
Noukette. Il faut dire aussi que j’ai eu la main particulièrement malheureuse concernant mes lectures ces deux derniers mois. J’ai voulu bien faire en piochant des titres prenant la poussière depuis trop longtemps sur mes étagères. Mauvaise idée...
Voici donc un rapide et succinct tour d’horizon de ces déceptions à répétition.
Là, je partais en terrain conquis. Un recueil de textes inédits d’Iceberg Slim, auteur de la fabuleuse Trilogie du ghetto (
Pimp,
Trick Baby et
Mama Black Widow), ça ne pouvait que me plaire. Sauf que… pas vraiment. Du moins pas entièrement. Entre une magnifique lettre à son père, des conseils sur « les ficelles du maquereautage », ou des considérations plus politiques sur les droits civiques, l’ensemble est trop disparate. On passe de l’excellent au médiocre, de la gouaille rafraîchissante au discours mou du genou, du marquant à l’anecdotique.
Vraiment pas indispensable.
Du temps où j’étais mac d’Iceberg Slim (traduit de l’américain par Clélia Laventure). Belfond, 2015.
215 pages. 15,00 euros.
Dans les années 1870, Stevenson décide de descendre en canoë les rivières du nord de la France. Partant de Belgique, il chemine jusqu’à Compiègne avec la volonté de saisir «
l’âme des campagnes françaises ». Problème, il se perd en digressions sans intérêt, consacre à peine trois mots aux villes et villages où il fait étape (à part une plus longue description de la cathédrale de Noyon et quelques éloges de Compiègne), pleurniche sur les mauvaises conditions de voyage (le gars était écossais pourtant, il devait si connaître en météo pourrie !), les hôtes pas toujours sympa, les berges de l’Oise trop hautes qui ne lui permettent pas de voir le paysage, bref des détails ennuyeux à mourir qui m’ont fait piquer du nez plus d’une fois.
Franchement, je n’ai jamais lu un récit de voyage aussi assommant. Mais vraiment…
En canoë sur les rivières du nord de Robert Louis Stevenson (traduit de l'anglais par Léon Bocquet). Actes sud (Babel) , 2005.
200 pages. 7,70 euros.
Hap et Léonard. Le blanc hétéro et le noir homo. Des années que je lis leurs aventures et que je ne m’en lasse pas. Enfin jusqu’à ce Diable rouge. Ils sont toujours aussi drôles, sans filtre et sans limite mais niveau scénario Joe R. Lansdale peine à se renouveler. J’aime son coté trash, son écriture très orale et sa faconde. Cependant j’aime beaucoup moins avoir l’impression de lire toujours un peu le même roman, en tout cas le même déroulé du récit, avec le même rythme tranquille montant crescendo jusqu’à la conclusion finale à coup de flingues et d’hémoglobine.
Une recette appréciée trop souvent servie, on finit par s’en lasser…
Diable rouge de Joe R. Lansdale. Denoël, 2013. 315 pages. 19,90 euros.
J’adore Barrico. Tout ce que j’ai lu de lui m’a emballé. M’avait emballé plutôt. Jusqu’à ce Emmaüs. Son livre le plus personnel annonce la 4ème de couverture. Le plus intime. Le plus chiant surtout (bon ça c’est pas marqué sur la 4ème de couv et c’est bien dommage, j’aurais gagné du temps sinon). Inspirée de sa jeunesse si j’ai bien compris, l’histoire ne décolle pas, les personnages sont sans relief et le style m’a paru pompeux. Bref, la cata.
Emmaüs d’Alessandro Baricco (traduit de l'italien par Lise Caillat). Gallimard, 2012. 135 pages. 15,90 euros.
Voila. Quatre tentatives et quatre ratés. Un sans faute en somme. Heureusement, je me suis refait la cerise depuis. Avec des nouvelles de grande qualité. Je vous en reparle bientôt. Ou pas.