Elle est cataloguée, elle le sait. Pour eux elle est une fille facile, une fille qui couche avec tout le monde, une belle s…. C'est ce qu'ils disent dans les commentaires qui font vibrer son téléphone à répétition, entre insultes et émojis assassins. La meute est à ses trousses, babines retroussées, l’écume aux lèvres, prête pour la curée. Et pourtant, même si la situation est difficile à vivre, elle préfère être de son côté de l’écran, seule mais libre, tellement plus libre que ceux qui la harcèlent.
Un monologue adolescent cru et percutant pour dire le commencement d’une vie sexuelle active, de la découverte de son corps à la première fois ratée, de la montée du désir à l’explosion du plaisir. Un chemin assumé vers le lâcher-prise, loin des convenances et du qu’en dira-t-on, où il n’est pas nécessaire de se voiler la face pour reconnaître qu’on a le droit d’aimer le sexe et de le pratiquer sans se soucier du regard des autres, même au prix d’un inévitable lynchage en ligne.
Le style est simple, direct, désarmant de naturel et de sincérité. La narratrice se livre sans filtre, à la fois forte et fragile, lucide et résignée, sachant qu’assumer ses envies ne fera que lui attirer des ennuis mais sachant aussi que, quel que soit le prix à payer, rien ne pourra lui enlever sa liberté.
Queen Kong d’Hélène Vignal. Éd. Thierry Magnier, 2021. 82 pages. 12,90 euros. A partir de 15 ans.