J’ai trouvé cet album passionnant. Certes, le lecteur ne peut qu’être désarçonné par la forme au départ. Mais très vite on constate qu'il n'y a rien d'artificiel dans l’utilisation des gravures. Leur agencement donne le rythme de la narration, narration qui respecte pour le coup tous les codes de la bande dessinée.
L’enquête, riche de centaines d’heures passées aux archives, riche de déconvenues, de fausses pistes et d’un brin de chance, montre que Lavalette est catalogué comme activiste fauteur de trouble par les forces de l’ordre. Cependant, bien peu de traces de lui subsistent suite à la destruction des archives de la police durant la Commune. Difficile d’établir son véritable état civil, difficile de connaître son métier et son rôle dans la révolution.
Mais à force d’abnégation, Meyssan parvient à dresser le portrait pas toujours reluisant d’un homme qui n’aura cessé de le fasciner. En parallèle les gravures illustrent le témoignage bouleversant de Victorine B., une parisienne vivant avec mari et enfants dans la misère la plus totale au cœur de Montmarte au moment où les barricades sont dressées par la population. Le chevauchement des histoires de Lavalette et de Victorine offre à la fois de la puissance et une véritable cohérence à l’enquête menée par l’auteur.
Rien n’est inventé, ni dans les faits relatés, ni dans la chronologie des événements. Évidemment le propos souligne une prise de position engagée en faveur des rêves de justice sociale portés par les acteurs de la Commune, ces hommes, femmes et enfants morts pour défendre un idéal auquel ils ont cru jusqu’au bout. Mais la réalité historique n’est à aucun moment déformée dans le sens de cet engagement. Et au final, l’utilisation des gravures permet de remettre la Commune dans son contexte, avec les matériaux graphiques de l’époque, révélant ainsi la vision que cette époque avait d’elle-même. Tout simplement fascinant !
Les damnés de la Commune T1 : à la recherche de Lavalette de Raphaël Meyssan. Delcourt, 2017. 140 pages. 23,95 euros.
Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Mo !
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