Un roman très psychologique qui manque d’épaisseur. L’auteur ne fait qu’effleurer des sujets pourtant complexes comme la responsabilité, la culpabilité ou le poids de la religion. La narration à la première personne d’une froideur clinique tient le lecteur à distance et ne suscite à aucun moment l’empathie. Les personnages sont sans entrain, mous, ils sonnent creux. J’ai oscillé entre ennui profond et envie de les baffer à longueur de page pour les sortir de leur apathie.
Et puis je ne suis pas tombé dans le panneau du faux suspens psychologique censé rendre l’atmosphère des sous bois poisseuse et tendue comme un string. La maison perdue en forêt, les comportements étranges voire inquiétants des protagonistes ne m’ont pas paru le moins du monde anxiogènes. Pour ceux qui connaissent, je dirais qu’il y a du Laura Kasischke dans ce roman : un environnement isolé, la middle class américaine proprette en surface mais flippante dès que l’on creuse un peu, un événement terrible qui devrait se révéler petit à petit mais que l’on comprend trop vite, des longueurs inutiles, une volonté (vaine) de mettre le lecteur mal à l’aise, etc.
Bref, si comme moi vous avez détesté Esprit d’hiver (le dernier Kasischke) et que les romans psychologiques vous filent des boutons, fuyez en courant. Si à l’inverse vous adorez ce genre de romans, cette histoire des loups devrait vous ravir. Une question de sensibilité en somme (comme toujours lorsqu’on parle de lecture, non ?).
Une histoire des loups d’Emily Fridlund. Gallmeister, 2017. 300 pages. 22,40 euros.
Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Noukette.