Confiteor est un chef d’œuvre qui correspond en tout point à cette définition rédigée par Maurice Nadeau dans la préface d’Au-dessous du volcan. C’est exactement la première impression qu’il offre au lecteur s’y plongeant sans savoir ce qui l’attend. Confiteor n’est pas un livre qui se résume. Sachez juste que c’est l’histoire d’Adria Ardèvol, mais aussi celle de Sara, de Papa et Maman, du professeur Alexandre Roig, de fra Nicolau Eimeric, d’Aribert Voigt, du frère Julià de Sant Père del Burgal, de Jachiam Mureda de Pardàc, de Lorenzo Storioni, Guillaume François Viall, Drago Gradnik, Bernat, Morlin, Rudolph Hess, Aigle-Noir et le shérif Carson, Monsieur Berenguer, Lothar Grübbe, Lola Xica et tant d’autres. C’est l’histoire d’un homme ayant toujours vécu seul, n’ayant « jamais pu compter sur ses parents ni sur un Dieu à qui confier la recherche de solutions ». C’est l’histoire du mal à travers les siècles, c’est un puzzle dont les pièces semblent impossibles à imbriquer et qui forment pourtant au final un tout parfaitement cohérent.
Confiteor n’est pas un texte qui résiste au lecteur, c’est un texte qui exige. Il exige une attention constante, il ne s’offre pas facilement. « Si, dans votre lecture, vous enjambez des phrases, soyez assuré de rompre une nécessité. Ce livre se réfère à la musique : une note sautée, vous manquez l’accord, la mélodie est fausse. Vous n’avez pas le droit de rien omettre. Le tissage, la trame, la texture sont d’un grain tel qu’à les desserrer vous élimez l’ensemble ». Encore une réflexion sur le roman de Lowry qui s’applique à Confiteor. Décidément, tous les chefs-d’œuvre se ressemblent...
Un livre qui déroute, surprend, interroge, ébahit. Qui vous emmène sur un chemin et en bifurque sans crier gare. C’est un texte grave et malicieux, cachottier, joueur, puissant et renversant. Comme le dit le narrateur, « ces papiers sont le fruit, au jour le jour, d’une écriture chaotique faite de beaucoup de larmes mêlées à un peu d’encre ». La construction incroyablement ambitieuse suscite bien plus d’admiration que de peur. On en sort éreinté mais repu, épuisé mais heureux, surpris par l'intensité ressentie, comme après un orgasme qui conclut une belle et vigoureuse partie de jambes en l’air. J’ose la comparaison, c’est vraiment celle qui, à mes yeux, correspond le mieux. Et croyez-moi, je peux compter sur les doigts d’une main les livres qui m’ont fait cet effet au cours de ma vie de lecteur. Tout simplement éblouissant.
Confiteor de Jaume Cabré. Actes Sud, 2013. 752 pages. 26,00 euros
Une lecture qui aura marqué mon été et que j'ai l'immense plaisir de partager avec Sophie et Moka. Je n'oublie pas non plus de remercier celle qui a eu la gentillesse de m'offrir ce livre l'an dernier pour mes 40 ans. Tu ne pouvais pas me faire de plus beau cadeau ♥
L'avis de Noukette