mardi 7 mai 2013

Le premier mardi c'est permis (16) : Tout ce qu’il voudra : l’intégrale

J’avais pourtant dit le mois dernier : « Marre de la clit ». Mais je suis lunatique. Il aura fallu un lundi de Pâques passé chez une copine de ma femme pour que je replonge. Un repas copieux, un peu arrosé. Un début d’après-midi où les enfants jouent dehors et où les parents papotent après le café. Bibi sur le canapé, prêt à piquer du nez et qui en tournant la tête tombe sur ce bouquin. Feuilletage rapide, je lis le premier chapitre et je me dis : « c’est pas possible ! ». Je repars le soir avec le livre sous le bras, persuadé d’avoir touché le graal, le roman rassemblant à lui seul tous les clichés propres à la clit lit. Bingo ! (si je puis dire)     

L’histoire est comme toutes les autres : une oie blanche et un apollon richissime qui se rencontrent et copulent comme des bêtes. La différence c’est que les choses démarrent au quart de tour. Troisième page : « un corps dur me pressa contre les portes de la cabine. Le contact du métal froid contre mes tétons soudain érigés et sensibles m’arracha un léger soupir. [...] un long membre tumescent venait de se coller à ma hanche ». Trois pages et on donne déjà dans le membre tumescent. Elle le croise tous les jours dans l’ascenseur. Ce matin-là il lui colle la main dans la culotte comme si de rien n’était : « Je connus alors l’orgasme de ma vie dans une exclamation étranglée. » Bien sûr, bien sûr...

Le soir même, rebelote. Il la surprend dans le parking souterrain. Ça commence par « Lachez-moi ou je hurle » (elle) et ça finit par « Sucez-moi » (lui). Entre les deux, elle a adoré ce simulacre de viol : « je jouis avec une force incroyable, secouée par des vagues successives de plaisir. » Pas à dire, le fantasme du viol dans le parking souterrain, ça marche à tous les coups. Et attendez, c’est pas fini !

Troisième round le lendemain. Alors qu’elle se présente pour trouver un job, devinez qui fait passer l’entretien d’embauche... son apollon, évidemment. « Levez-vous et penchez-vous sur le bureau, en appui sur vos coudes... » Et paf ! Le fantasme de l’entretien d’embauche qui se transforme en casting porno. Tout ça en moins de 30 pages. Si après la ménagère n’est pas échaudée, c’est à n’y plus rien comprendre. Effroyable image de la femme renvoyée tout le long du roman. Pour tempérer les choses, l’héroïne est surprise de sa docilité, elle fait même « appel à toute son indignation de femme » quand le patron la culbute sans lui demander son avis. Mais au fond elle adore ça la cochonne. Bien sûr, bien sûr...

Je crois que cette fois-ci j’ai touché le fond, le degré zéro de l’érotisme livresque. Et encore je ne vous parle pas du scénario totalement con avec une histoire de trafic d’armes et de luttes intestines au sein de la famille du milliardaire sans aucun intérêt. Je ne sais pas pourquoi je suis allé jusqu’au bout. Une forme de masochisme sans doute. L’impression de flageller mon amour de la belle littérature avec une ceinture à clous. L’écriture de Sara Fawkes est affligeante de médiocrité. C’est simple, en comparaison Sylvia Day ferait presque du Flaubert.

Fini la cli lit. Cette fois-ci je pense être définitivement vacciné. Je vais même vous annoncer en exclusivité ma lecture du mois prochain. Comme ça vous verrez que ce n’est pas de la clit lit et si en plus vous vous sentez d’attaque pour une lecture commune, ce sera avec plaisir. Le mois prochain donc, je vous causerais de la réédition aux éditions La musardine du roman d’Alain Bonnand Il faut jouir, Edith. Avouez que le titre sonne comme une invitation...

Tout ce qu’il voudra : l’intégrale de Sara Fawkes. Marabout, 2013. 310 pages. 15,90 euros.



L'avis de Noukette




lundi 6 mai 2013

Comme on respire - Jeanne Benameur

Voila un livre qui me tient doublement à cœur. D’abord parce que c’est Jeanne Benameur, une auteure qui prend une place de plus en plus importante dans mon panthéon personnel. Ensuite parce qu’il m’a été offert par Noukette, une blogueuse pas comme les autres pour moi, pour des tas de raisons que je n’ai pas envie d’expliquer ici.   
     
« Écrire c’est renoncer et désirer dans le même acte. » Dans ce texte spécialement créé pour la manifestation Un livre une rose en 2003, Jeanne Benameur explique pourquoi l’écriture est pour elle une activité vitale.

Un texte proche de la poésie, celle que j’aime, qui reste à hauteur d’homme, qui griffe et caresse avec élégance. Jeanne Benameur connait le pouvoir des mots. Elle sait les agencer pour que naisse l’émotion. Pas besoin de lyrisme boursoufflé, c’est ici le minuscule qui fait mouche. Les mots sont comptés, jamais légers, parfois brusques, ils semblent murmurés. J’ai vraiment beaucoup de mal à traduire mon ressenti par rapport à cette lecture. Ça relève d’un  registre trop intime pour que je l’exprime avec sérénité. Sachez juste que la prose de Benameur m’a ému autant qu’elle m’a ébloui. Je préfère lui laisser la parole plutôt que de continuer à parler pour ne rien dire :      
          
« Et si je sais que l’écriture n’accomplit rien, je m’y tiens.
C’est ma colonne vertébrale.
Ma seule façon d’accepter de vivre.
 »

« Dans ma tête, sous ma peau, les mots. Je parle tout bas en ramassant des cailloux. Je remplis mes poches. Je suis sur terre. Je fais partie.
J’ai tant de mal à accepter.
C’est avec les mots que j’ai ramassés sous ma langue que je suis devenue cette femme aujourd’hui qui peut dire sa colère, son amour.
 »

« Celui qui écrit accepte de refaire alliance avec son silence intime. Il va.
Jusqu’où ? Pour revenir avec ce qu’il a puisé, arraché parfois.
Cendre et roc.
Sable, sable, et grains de sable.
Il y a des mots incrustés dans l’obscur de la chair. Les mettre à jour, c’est bec et ongles. Et tout le travail pour lécher la boue, polir l’ombre juqu’à ce qu’elle reflète. Un peu.
J’ai choisi.
 »

Comme on respire de Jeanne Benameur. Thierry Magnier, 2011. 36 pages. 6,10 €.




samedi 4 mai 2013

Liebster Award 2 : le retour


Après Syl, c’est au tour de la pétillante Sophie/Hérisson de me décerner un Liebster Award. Je la remercie d’avoir pensé à moi. J’espère que ce n’est pas seulement parce que nous portons le même nom de famille…
Par rapport au premier questionnaire je vais faire un petit effort supplémentaire en ajoutant à ses 11 questions 11 révélations sur moi. Pas sûr que vous y trouviez un quelconque intérêt mais je me lance quand même. Par contre je continue à zapper la dernière partie consistant à créer onze questions pour onze blogs. Ça reste au dessus de mes forces…


11 révélations passionnantes (ou pas)

1. Au cours d’un voyage à Dallas quand j’avais 15 ans, j’ai visité Southfork et on m’a pris en photo sur le lit de JR et Sue Ellen
2. Un été, à la piscine du Grand-Bornand, j’ai voulu faire le malin et traverser tout le bassin sous l’eau après un beau plongeon. Au moment de remonter, j’ai pas vu le bord, je me suis écrasé le nez et suis ressorti couvert de sang. Un vrai blaireau !
3. Je me suis marié à l’île-Maurice. Un vrai mariage, hein, tout ce qu’il y a de plus officiel. On était que tous les deux ma femme et moi. Pas de famille, pas d’amis, pas d’enfants, juste l’Océan indien et nous.
4. J'étais un très bon footballeur à l'adolescence. Malheureusement, deux double-fractures (dont une ouverte) ont brisé ma carrière naissante. Du coup j'ai fait documentaliste. A tout prendre, je crois que c'est mieux ainsi.
5. J’adore les courses de chevaux. Je joue très peu et je perds très souvent mais j’aime aller sur un hippodrome, il y a une ambiance particulière qui me plait beaucoup.
6. J’ai bossé dans une usine de crèmes glacées : 8 heures par jour à mettre la meringue dans les mystères (vous savez, ces dômes à la vanille avec du praliné autour). Les meringues, on les mettait une par une, à la main. L’enfer total !
7. Je n’ai jamais mis les pieds dans une boîte de nuit.
8. Je lis plus de 200 BD par an. Une vraie drogue.
9. Je déteste la tarte au citron, surtout si elle est meringuée (je dis ça au cas où l‘on se croise un jour et que vous souhaitiez m’offrir une pâtisserie. Sachez que je dirais non à la tarte au citron…). J’ai aussi horreur des meringues, ça a sans doute beaucoup à voir avec mon passé à l’usine^^
10. Je suis très dilettante. En dehors des questions de santé, j’ai tendance à tout prendre à la légère, c'est un trait de caractère qui agace beaucoup mes proches.
11. J’ai eu 38 ans en janvier. La quarantaine rugissante approche à grands pas…


Les onze questions de Sophie/Hérisson

1. Pourquoi avoir choisi ce titre pour ton blog / ce pseudo ?
Parce que c’est le titre d’un livre de Michel Ragon et que j’aime beaucoup Michel Ragon. Et puis c’est un titre qui ressemble au lecteur que je suis, un lecteur qui aime naviguer d’un genre à l’autre.
2. Quel livre as-tu le plus relu ?
Les contes de la folie ordinaire de Bukowski. Mon exemplaire ne ressemble plus à rien, la couverture est toute froissée et il y a des pages volantes mais je ne m’en séparerais pour rien au monde.
3. Le premier livre lu tout seul dont tu te souviennes ?
C’était un Fantomette. Je ne me rappelle plus du titre par contre.
4. Une adaptation ciné qui t’a plus plu que le livre ?
Aucune idée. Je ne regarde jamais de films. Je vais au cinéma uniquement pour voir des dessins animés avec mes filles…
5. Si les zombies débarquent, que fais-tu en premier ?
Je les laisse me mordre. Ça me plairait bien d’être un zombie.
6. Que fais-tu quand tu termines un livre ?
Je le laisse trainer dans un coin de la maison. Ça peut durer des jours… ou des semaines.
7. As-tu déjà écrit un roman, une nouvelle, un projet de fiction ?
Non et ça ne me dit pas du tout d’écrire de la fiction. En plus franchement, je n’ai aucun talent pour me lancer dans un tel projet.
8. La dernière photo que tu as prise ?


Ma petite Charlotte qui commence à causer.
Pleins de areuh areuh, j’adore !

9. Chez toi la déco c’est plutôt… ?
Si je m’écoutais il n’y aurait que des murs recouverts de bibliothèques. Mais je ne suis pas tout seul…
10. Tu écris comment à la main ? Patte de mouche, arrondi, pressé… ?
Une horreur ! J’ai une écriture patte de mouche limite illisible.  Ma fille de 7 ans écrit mieux que moi.
11. J’adore l’idée de Syl., que je copie honteusement : Propose-moi une lecture commune. Pas de date pour le moment,  juste un titre et on verra bien !
Je te proposerais bien une lecture pour un 1er mardi de Stephie mais on en a déjà un peu parlé il y a quelques mois et je ne suis pas sûr que l’idée t’emballe^^
Du coup je vais faire plus classique. Pourquoi pas un roald Dahl, j'ai vu que tu en avais quelques uns dans ta pal. Disons La potion magique de Georges Bouillon. Si le cœur t’en dit…







jeudi 2 mai 2013

Les poissons ne ferment pas les yeux - Erri De Luca

« J’avais maintenant dix ans, un magma d’enfance muette. Dix ans, c’était un cap solennel, on écrivait son âge pour la première fois avec un chiffre double. L’enfance se termine officiellement quand on ajoute le premier zéro aux années. Elle se termine, mais il ne se passe rien, on est dans le même corps de mioche emprunté des étés précédents, troublé à l’intérieur et calme à l’extérieur. […] J’étais dans un corps pris dans un cocon et seule ma tête tentait de le forcer. »  

Erri de Luca passe l’été de ses 10 ans sur l’île d’Ischia, au large de Naples. C’est un gamin studieux, taciturne, qui reste à l’écart des enfants de son âge. Sur la plage, il pratique assidûment les mots croisés « son atelier de mécanique de la langue ». Il lit beaucoup : Don Quichotte et les auteurs américains (« ils n’y allaient pas par quatre chemins, pas d’introspection, mais des récits d’hommes et d’espaces »). Il prend aussi le temps d’observer les gens et les choses, il nage, il déambule dans les ruelles, il accompagne un pêcheur en mer la nuit : « Mon dos oscillait doucement avec les vagues, ma poitrine se gonflait et se dégonflait sous le poids de l’air. Il descend d’une telle hauteur, d’un amas si profond d’obscurité, qu’il pèse sur les côtes. Des éclats tombent en flammes en s’éteignant avant de plonger. Mes yeux essaient de rester ouverts, mais l’air en chute les ferme. Je roulais dans un sommeil bref, interrompu par une secousse de la mer. Maintenant encore, dans les nuits allongées en plein air, je sens le poids de l’air dans ma respiration et une acupuncture d’étoiles sur ma peau. »

Il va également rencontrer une fillette. Une fillette comme lui, sérieuse, qui ne se mêle pas à ses contemporains. Avec elle il va engager de longues conversations et découvrir le frémissement du désir. Mais leur amitié suscite des jalousies et les gamins de l’île vont lui mettre une raclée. Il ne se défendra pas, voyant dans ce tabassage en règle l’occasion de faire éclore ce corps nouveau auquel il aspire désormais : « A dix ans, je croyais à la vérité des coups. L’irréparable me semblait utile. »     

Un texte bref et lumineux, solaire. Un récit d’initiations, à la fois sentimentales et morales. Et toujours la délicieuse petite musique de De Luca qui vous rappelle que le livre que vous tenez entre les mains est une œuvre littéraire d’une rare qualité. Chaque phrase est une merveille d’équilibre. Les courts paragraphes qui composent l’ensemble sont autant de pièces d’orfèvrerie parfaitement ciselées. Un exemple ? Ces quelques lignes où l’auteur, devenu sexagénaire, parle de son célibat et du fait qu’il n’a jamais eu d’enfants : «  Ceux qui ont eu des enfants ont vu le temps grandir sur eux. Moi, j’ai pu le suivre sur les arbres plantés, sur l’ombre des feuillages qui s’élargit par terre. Je n’ai pas compensé par la naissance de fils la perte de mes deux parents morts dans mes bras, en lorgnant à la dérobée leur prolongement sur les nouveaux enfants. Les vies de mes deux parents sont dans la prison des absents et aucun jour ne passe sans que j’attende dehors. »

Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise de plus ? C’est simplement de toute beauté.

Les poissons ne ferment pas les yeux, d’Erri De Luca. Gallimard, 2013. 130 pages. 15,90 euros.

Une lecture commune un peu spéciale que j’ai le plaisir de partager avec Marilyne. Spéciale parce que l’on ne parle pas du même livre mais du même auteur. C’est une première pour moi mais j’aime bien le principe. Filez donc chez elle lire son avis sur Acide, Arc-en-ciel.








mercredi 1 mai 2013

Locke and Key T4 : Les clés du royaume - Joe Hill et Gabriel Rodriguez

Toujours traumatisée pas l’assassinat du père et la découverte dans leur manoir de clés toutes plus flippantes les unes que les autres, la famille Locke vit des moments difficiles. Et encore, s’ils savaient que Zach,  le nouveau petit ami d’Erin, n’est autre que la dame noire, un démon au service du terrible Sam Lesser... Zach, prêt à tout pour retrouver la clé Oméga détenue par Tyler, le fiston bourru. Zach, qui va commettre de nouveaux meurtres pour parvenir à ses fins.

Plus d’un an que l’on attendait la suite en français des effrayantes aventures de la famille Locke. Ce quatrième arc narratif (il paraît que c’est le terme approprié quand on parle de comics…) composé de cinq chapitres fait sensiblement avancer le schmilblick. Comme d’habitude tout en tension, cette singulière histoire de clés est une mécanique dont les engrenages s’imbriquent parfaitement. Rien n’est gratuit, le plus petit des événements pouvant jouer un rôle fondamental dans le déroulement de l’intrigue des dizaines de pages plus loin. Le lecteur est littéralement happé et se laisse promener par le bout du nez dans ce qui ressemble à un interminable cauchemar. Diabolique !

Une fois de plus, Gabriel Rodriguez démontre une virtuosité graphique à toute épreuve. Le premier chapitre, hommage horrifique et somptueux à la série Calvin et Hobbes de Bill Watterson, est assez incroyable. Après, j’ai toujours autant de mal avec les couleurs, mais c’est un détail.

Locke and Key représente clairement le haut du panier en matière de comics à l’heure actuelle. Selon moi au moins aussi addictif que Walking Dead, c’est dire !


Locke and Key T4 : Les clés du royaume de Joe Hill et Gabriel Rodriguez. Milady Graphics, 2013. 160 pages. 19,90 euros.



mardi 30 avril 2013

Émile est invisible - Vincent Cuvellier et Ronan Badel (Prix Sorcières 2013 catégorie premières lectures)

Aujourd’hui, c’est décidé, Émile est invisible. Pour échapper aux endives préparées par maman, il sera invisible avant midi. Emile commence par se cacher puis il se persuade que plus personne ne peut le voir et se montre à découvert. Mais à chaque fois sa mère le repère. Émile réfléchit et la solution tombe comme une évidence : ce sont ses vêtements qui le trahissent. Pour être invisible, il faut être tout nu. Quand sa maman l’appelle en lui promettant une surprise, le garçon se méfie. Mais puisque maintenant il est réellement invisible, il part en courant découvrir la surprise. Et la surprise, c’est sa copine Julie : « Ouf, se dit Émile. Heureusement qu’il est invisible, sinon Julie aurait vu son zizi. »

Un album jubilatoire qui joue sur la force de persuasion propre à l’enfance. Il aurait peut-être mieux fallu qu’Émile se persuade d’avoir un ami imaginaire, cela aurait été moins embarrassant (mais aussi beaucoup moins drôle). Ma pépette n°2 (7 ans) a adoré, elle a franchement rigolé en découvrant la scène finale. Et puis il faut dire qu’avec Ronan Badel aux pinceaux, on est rarement déçu. Depuis l’excellentissime Félicien Moutarde, je ne rate aucune de ses publications. Ils sont tellement rares les illustrateurs jeunesse dont le dessin est aussi dynamique qu'irrévérencieux.

Je poursuis donc avec grand plaisir la découverte des gagnants du Prix Sorcières 2013. Après la catégorie documentaire et la catégorie albums, voila un troisième titre dont la victoire ne souffre d’aucune contestation. Une vraie réussite !
 
 
Émile est invisible de Vincent Cuvellier et Ronan Badel. Gallimard jeunesse, 2012. 28 pages. 6,00 euros. A partir de 5 ans.





lundi 29 avril 2013

A la recherche de la reine blanche - Jonas T. Bengtsson

Danemark, 1986. Peter (6 ans) et son père ne cessent de déménager. Que fuient-ils ? De qui se cachent-t-ils ? Pour l’enfant, cette errance est source d’angoisse. Afin de le calmer, chaque soir, son géniteur lui raconte « l’histoire du roi et du prince qui n’ont plus de maison et sont partis de par le monde pour trouver la reine blanche et la tuer ». Des années plus tard, un événement tragique a séparé père et fils. La reine blanche est morte et l’on retrouve Peter chez sa mère en 1996. Devenu un lycéen taciturne fumeur d’herbe, l’ado à problèmes a du mal à trouver sa place. Au seuil de l’an 2000, le jeune homme travaille dans un centre de tri, il vit avec sa petite amie et semble peu à peu reprendre pied grâce à la peinture. Mais les traumatismes de l’enfance, toujours présents, font qu’il reste fragile…  
       
Ça commence comme un road trip assez classique entre un père et son fils. On ne sait pas grand-chose des motivations du père mais on comprend que sa clandestinité est due à des raisons essentiellement politiques. Puis l’odyssée vire au tragique et la trajectoire de l’enfant marqué par ses jeunes années bascule dans une atmosphère où la folie et la solitude sont omniprésentes.    

J’avais adoré Submarino, le second roman de Jonas T. Bengtsson, considéré par beaucoup comme l’enfant terrible des lettres danoises. Malheureusement ici la déception est à la hauteur de mes attentes. Je suis resté très éloigné de cette histoire et de son protagoniste principal. La prose est essentiellement descriptive, sans aucun affect. Cette froideur quasi clinique qui traverse l’ensemble du roman m’a laissé de marbre. Mais je crois que c’est le personnage de Peter qui m’a agacé au plus haut point. En tant que narrateur, il relate son enfance et sa jeunesse de façon mécanique, dans une sorte de témoignage brut dont il ne semble pas avoir grand-chose à faire. Son je-men-foutisme permanent finit par gagner le lecteur qui, au final, se désintéresse lui aussi de son histoire. C’est du moins comme cela que je l’ai vécu.   

Une grosse déception, donc. Pour autant, je resterai à l’affût des prochaines publications de cet auteur. Submarino m’avait trop plu pour que j’en reste là.

Une lecture commune que j’ai le plaisir de partager avec Valérie. Pas certain qu’elle soit plus emballée que moi…

A la recherche de la reine blanche de Jonas T. Bengtsson. Denoël, 2013. 524 pages. 24 euros. 



dimanche 28 avril 2013

On m'a décerné un Award !





Syl a eu la gentillesse de me décerner un Liebster Award. Si j’ai bien compris, c’est une distinction que l’on offre aux blogs que l’on apprécie. Autant dire que c’est un honneur pour moi d’être apprécié par Syl. J’aime beaucoup ses billets, son humour, nos quelques échanges autour de la lecture (notamment notre lecture presque commune des Boucliers de Mars). Bref, j’aime bien Syl, pas la peine de me justifier pendant des heures !

Alors le principe du Liebster award est simple : répondre à 11 questions, en écrire 11 autres et les soumettre à onze blogs que l’on aime. Personnellement, je vais me contenter de répondre à ses onze questions. Je suis nul pour en trouver moi-même et me contenter de onze blogs chouchous, j’en serais bien incapable. Je triche un peu, donc, mais tant pis.

Allez zou, voici les 11 questions de Syl et mes 11 réponses :

1.Peux-tu faire le grand écart ? Toucher ton nez avec la langue ? Faire un truc, quoi !!!
Je peux mâchouiller mes cheveux. Bon depuis mon passage tout récent chez le coiffeur c’est un peu plus compliqué mais j’y arrive quand même.
2. Cet été, la mode, tu la vois en quelles couleurs ?
En noir forcément, vu l’ambiance actuelle…
3. Prends-tu le temps le matin de te badigeonner de crème… enduire ton corps… ?
Non pas le temps et pas envie. Et puis il faudrait trop de crème. Le déo par contre j’oublie jamais. Pas fou non plus…
4. Crois-tu aux fantômes ?
Bien sûr. D’ailleurs j’ai longtemps cru que Ghostbusters était un documentaire et non un film, c’est dire…
5. A quoi jouais-tu en cours de récréation ?
A touche-pipi. Tu m’étonnes que j’ai une famille nombreuse maintenant…
6. Ton dessin animé préféré ? et ta série culte ? Le générique que tu me chanterais…
En film tu veux dire ? J’aime beaucoup la poésie de Mon voisin Totoro. En série, je dirais Les chevaliers du zodiaque. Par contre pour le générique faut que je fasse quelques recherches.
7. Si tu devais écrire un livre, que raconterais-tu ?
Je serais plus tenté par un album pour les tout-petits, un album doudou avec des gentils animaux dedans que je pourrais lire à Charlotte.
8. Quel est le prochain pays que tu visiteras ? Que tu aimerais fouler de tes pas…
J’irais bien faire un tour du coté des fjords norvégiens. En été hein, parce que l’hiver ça doit tout de suite être moins glamour.
9. As-tu déjà écrit des poèmes ? Peux-tu m’en faire un en 4 lignes ???
Un poème comme ça, le dimanche matin après une nuit difficile, le biberon à 3h du mat et un réveil à 6h,  c’est beaucoup demander. Tu crois que je peux passer mon tour ?
10. Je t’embête ?
Toi, m’embêter ? Jamais voyons, manquerait plus que ça.
11. Propose-moi une lecture commune ! Nous avons jusqu’à la fin de l’année pour l’honorer. Un truc gentil qui ne fait pas pleurer !
J’aimerais bien relire Bandini de John Fante. Un petit bonheur ce roman. Si ça te tente, fais-moi signe, je suis partant.

samedi 27 avril 2013

Tempête au haras - Christophe Donner

Jean-Philippe est né dans une famille où le cheval occupe une place centrale. Pas n’importe quel cheval puisque son père est entraîneur de trotteurs. Un entraîneur modeste qui n’a jamais eu la chance de tomber sur un crack, ce cheval imbattable qui remporte les plus grands prix à Vincennes. Au haras, la naissance d’une pouliche baptisée Tempête va tout changer. Si son père a de gros doutes, Jean-Philippe est persuadé qu’il s’agit d’un futur crack. Le destin de Tempête et celui du jeune homme semblent liés de manière indéfectible. Une aventure commune faite de drames et de joie qui les mènera au départ de la plus belle des courses…    

Un récit simple et touchant qui parle de handicap, de persévérance et de modestie. Jean-Phillipe est un gamin attachant qui regarde sa propre situation avec lucidité. L’univers des courses est présenté avec un réalisme indiscutable, Christophe Donner connaissant le sujet sur le bout des doigts. Peut-être certains jeunes lecteurs seront perdus devant les nombreux termes spécifiques au monde des trotteurs mais l’auteur n’a pas cédé à la simplification, ce qui est au final une bonne chose. 

Une belle leçon de courage, une relation homme/animal parfaitement décrite, une prose dynamique et fluide, il n’y a pour ainsi dire pas de points faibles dans ce court récit plein d’humanité. Au passage Donner en profite pour dénoncer quelques dérives propres au monde des courses. Sans doute que seuls les connaisseurs saisiront la pertinence du propos mais cela offre différents niveaux de lecture et ajoute de la profondeur au roman. Une sacrée réussite, quoi !

Tempête au haras de Christophe Donner. L’école des loisirs, 2012. 134 pages. 8,70 euros. A partir de 9 ans.


Ouvrage lu dans le cadre des lectures communes du
Prix sorcières 2013 proposées par Libfly (catégorie 9-12 ans).

jeudi 25 avril 2013

Truite à la slave - Andreï Kourkov

 J’ai beaucoup de mal avec la littérature des pays de l’Est. J’ai essayé Gogol une fois mais je suis resté en rade après 50 pages. Tolstoï ou Dostoïevski, j’avoue que ça me fait peur. J’ai bien aimé Limonov, pour autant je n’ai pas envie de creuser davantage. Mais bon, comme Marilyne a multiplié les tentations et les belles découvertes au cours de son mois russe, je me suis dis que j’allais tenter le coup. Sans chercher à prendre de gros risques non plus, la témérité ne faisant pas partie de mes rares qualités. Je me suis donc tourné vers un petit texte publié dans l’excellente collection Piccolo de Liana Levi. L’auteur est ukrainien et je n’en avais jamais entendu parler avant mais ce fut plutôt une bonne pioche.    

Le Casanova est un restaurant de Kiev situé dans un sous-sol sans âme. Le cuisinier, Dimytch Nikodimov sélectionne lui-même ses convives. Une sorte de club privé gastronomique où il faut être coopté par le patron pour avoir le droit de s’asseoir à une table. A ses cotés se trouvent deux serveurs et surtout sa maîtresse, la belle Véra, « qui avait l’air d’avoir vingt-cinq ans, soit deux fois et demi moins d’âge et autant de corpulence en moins que son cuistot bien-aimé. » Considéré par beaucoup comme un grand chef, Dimytch disparaît un jour sans crier gare. L’association des chefs indépendants d’Ukraine demande alors au détective privé Vania Soleïlov, l’un de ses plus fidèles clients, de le retrouver...

Une nouvelle assaisonnée au poil ! Entre un soufflé de champignons et tomates à la moutarde, des rognons de lapin à l’étouffée sur un lit de poireaux et un pain d’épice maison, le tout arrosé de vodka, Soleïlov mène une drôle d’enquête. Pourquoi personne n’a prévenu la police ? Pourquoi faut-il qu’il se rende chaque soir au restaurant afin qu’on lui révèle par petits bouts le testament du chef ? Le voile se lève peu à peu et la fin est vraiment surprenante, je n’avais rien vu venir. C’est court mais efficace, une belle entrée en matière pour découvrir l’univers de cet auteur dont le roman Le pingouin (toujours chez Liana Levi) semble avoir connu un grand succès international. Peut-être le début de mon histoire d’amour avec la littérature ukrainienne ?  

Truite à la slave d’Andreï Kourkov. Liana Levi, 2013. 56 pages. 4 euros.