L’histoire est comme
toutes les autres : une oie blanche et un apollon richissime qui se
rencontrent et copulent comme des bêtes. La différence c’est que les choses
démarrent au quart de tour. Troisième page : « un corps dur me pressa
contre les portes de la cabine. Le contact du métal froid contre mes tétons
soudain érigés et sensibles m’arracha un léger soupir. [...] un long membre
tumescent venait de se coller à ma hanche ». Trois pages et on donne déjà
dans le membre tumescent. Elle le croise tous les jours dans l’ascenseur. Ce
matin-là il lui colle la main dans la culotte comme si de rien
n’était : « Je connus alors l’orgasme de ma vie dans une
exclamation étranglée. » Bien sûr, bien sûr...
Le soir même, rebelote.
Il la surprend dans le parking souterrain. Ça commence par « Lachez-moi ou
je hurle » (elle) et ça finit par « Sucez-moi » (lui). Entre les
deux, elle a adoré ce simulacre de viol : « je jouis avec une
force incroyable, secouée par des vagues successives de plaisir. » Pas à
dire, le fantasme du viol dans le parking souterrain, ça marche à tous les
coups. Et attendez, c’est pas fini !
Troisième round le
lendemain. Alors qu’elle se présente pour trouver un job, devinez qui fait
passer l’entretien d’embauche... son apollon, évidemment. « Levez-vous et
penchez-vous sur le bureau, en appui sur vos coudes... » Et paf ! Le
fantasme de l’entretien d’embauche qui se transforme en casting porno. Tout ça
en moins de 30 pages. Si après la ménagère n’est pas échaudée, c’est à n’y plus
rien comprendre. Effroyable image de la femme renvoyée tout le long du roman.
Pour tempérer les choses, l’héroïne est surprise de sa docilité, elle fait même
« appel à toute son indignation de femme » quand le patron la culbute
sans lui demander son avis. Mais au fond elle adore ça la cochonne. Bien sûr,
bien sûr...
Je crois que cette
fois-ci j’ai touché le fond, le degré zéro de l’érotisme livresque. Et encore
je ne vous parle pas du scénario totalement con avec une histoire de trafic
d’armes et de luttes intestines au sein de la famille du milliardaire sans aucun intérêt. Je ne
sais pas pourquoi je suis allé jusqu’au bout. Une forme de masochisme sans
doute. L’impression de flageller mon amour de la belle littérature avec une
ceinture à clous. L’écriture de Sara Fawkes est affligeante de médiocrité.
C’est simple, en comparaison Sylvia Day ferait presque du Flaubert.
Fini la cli lit. Cette fois-ci
je pense être définitivement vacciné. Je vais même vous annoncer en exclusivité
ma lecture du mois prochain. Comme ça vous verrez que ce n’est pas de la clit
lit et si en plus vous vous sentez d’attaque pour une lecture commune, ce sera
avec plaisir. Le mois prochain donc, je vous causerais de la réédition aux
éditions La musardine du roman d’Alain Bonnand Il faut jouir, Edith. Avouez que
le titre sonne comme une invitation...
Tout ce qu’il voudra :
l’intégrale de Sara Fawkes. Marabout, 2013. 310 pages. 15,90 euros.
L'avis de Noukette
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