« Écrire c’est renoncer et désirer dans le même
acte. » Dans ce texte spécialement créé pour la manifestation Un livre une
rose en 2003, Jeanne Benameur explique pourquoi l’écriture est pour elle une
activité vitale.
Un texte proche de la poésie, celle que j’aime, qui
reste à hauteur d’homme, qui griffe et caresse avec élégance. Jeanne Benameur
connait le pouvoir des mots. Elle sait les agencer pour que naisse l’émotion.
Pas besoin de lyrisme boursoufflé, c’est ici le minuscule qui fait mouche. Les
mots sont comptés, jamais légers, parfois brusques, ils semblent murmurés. J’ai
vraiment beaucoup de mal à traduire mon ressenti par rapport à cette lecture. Ça
relève d’un registre trop intime pour
que je l’exprime avec sérénité. Sachez juste que la prose de Benameur m’a ému
autant qu’elle m’a ébloui. Je préfère lui laisser la parole plutôt que de
continuer à parler pour ne rien dire :
« Et si je sais que l’écriture n’accomplit rien,
je m’y tiens.
C’est ma colonne vertébrale.
Ma seule façon d’accepter de vivre. »
C’est ma colonne vertébrale.
Ma seule façon d’accepter de vivre. »
« Dans ma tête, sous ma peau, les mots. Je
parle tout bas en ramassant des cailloux. Je remplis mes poches. Je suis sur
terre. Je fais partie.
J’ai tant de mal à accepter.
C’est avec les mots que j’ai ramassés sous ma langue que je suis devenue cette femme aujourd’hui qui peut dire sa colère, son amour. »
J’ai tant de mal à accepter.
C’est avec les mots que j’ai ramassés sous ma langue que je suis devenue cette femme aujourd’hui qui peut dire sa colère, son amour. »
« Celui qui écrit accepte de refaire alliance
avec son silence intime. Il va.
Jusqu’où ? Pour revenir avec ce qu’il a puisé, arraché parfois.
Cendre et roc.
Sable, sable, et grains de sable.
Il y a des mots incrustés dans l’obscur de la chair. Les mettre à jour, c’est bec et ongles. Et tout le travail pour lécher la boue, polir l’ombre juqu’à ce qu’elle reflète. Un peu.
J’ai choisi. »
Jusqu’où ? Pour revenir avec ce qu’il a puisé, arraché parfois.
Cendre et roc.
Sable, sable, et grains de sable.
Il y a des mots incrustés dans l’obscur de la chair. Les mettre à jour, c’est bec et ongles. Et tout le travail pour lécher la boue, polir l’ombre juqu’à ce qu’elle reflète. Un peu.
J’ai choisi. »
Comme
on respire de Jeanne Benameur. Thierry Magnier, 2011. 36
pages. 6,10 €.