Dégruel © Delcourt 2011 |
Dans Le chat qui s’en va tout seul, Kipling imagine comment les animaux ont été domestiqués par l’homme aux temps ancestraux. Il y a d’abord eu le chien qui, grâce à ses talents de chasseur et sa capacité à garder le logis, a été accepté dans la grotte. Ensuite, ce fut au tour du cheval et de la vache, amadoués par le foin fraîchement coupé. Le premier devint un fidèle destrier tandis que la seconde fournit chaque jour son lait frais et onctueux. Seul le chat resta sauvage. Vagabond dans l’âme, il ne devint jamais un ami ou un serviteur de l’homme. Mais quand il décida d’entrer dans la caverne pour profiter du feu et du bon lait, il dut se montrer plus malin que les humains pour devenir le roi du foyer tout en gardant son indépendance et cette petite dose d’ingratitude qui le caractérise.
Après L’enfant d’éléphant et avant La première lettre (à paraître en février 2012), Yann Dégruel adapte en BD une seconde nouvelle du recueil Histoires comme ça de Rudyard Kipling. Les ingrédients sont toujours les mêmes : ouvrage au format carré idéal pour les petites mains ; respect, à la virgule près, du texte original ; utilisation du crayon gras et de la craie pour un rendu des plus séduisants ; dominante de tons ocre et bleu qui apportent beaucoup de douceur ; découpage dynamique et très pertinent. Le coté allégorique de la fable est ici plus présent, ainsi que l’humour, plus fin. Un travail à la fois respectueux et original visuellement parlant.
Voila donc une adaptation fidèle dont le charme « graphique » évident permettra à nombre de jeunes lecteurs de découvrir et d’apprécier le ton si particulier de l’auteur du Livre de la jungle.