Ils sont huit, cinq garçons et trois filles. Tous habitent dans le même quartier. Certains vivent en couple, sont voisins, se croisent au café, s’observent dans la rue. Ils se cherchent, se tournent autour. Figure centrale de cette petite bande, Odile est lectrice dans une maison d’édition. Cette célibataire tout ce qu’il y a de plus banal décide un jour de se prendre en main. Elle va faire tomber dans son escarcelle Beaufils, Legendre et Walter et rendre jalouse Anna et Yolande, deux tenancières de troquet, sous le regard tendre de Jaboulier et Chapoutet, les homos qui vivent dans l’appartement au-dessus du sien.
Tout ce beau petit monde va se lier d’amitié, partager des moments festifs et d’autres beaucoup moins. Les couples vont se former et le temps va passer, impitoyable…
Pfff est un premier roman ambitieux. De prime abord, on a l’impression que les paragraphes s’enchaînent sans véritable fil conducteur. On passe d’un personnage à l’autre, on saute du coq à l’âne, un peu comme si on écoutait une énorme impro de jazz sans savoir vraiment où le musicien veut nous emmener. Mais sous ces airs nonchalants se cache un récit à l’évidence très structuré. L’évolution des relations entre les acteurs de cette tragi-comédie est parfaitement construite.
L’écriture est elle aussi faussement relâchée. Les phrases sons souvent longues, pleines de virgules semblant vouloir retenir un flot incontrôlable. Langage soutenu et vulgarité s’entrechoquent sans crier gare. L’humour est aussi très présent et on sourit souvent. Mais un peu plus de simplicité aurait été bienvenue et aurait débarrassé le texte de quelques scories inutiles. Et puis cette coquetterie consistant à changer les noms de certains personnages au cours du roman m’a paru sans intérêt et m’a beaucoup agacé.
Il faut dire que j’ai eu un peu de mal à suivre. L’intérêt justement, c’est ce qui m’a le plus manqué. Déjà, j’ai péniblement terminé le premier chapitre (90 pages) ne m’y retrouvant que difficilement entre tous ces noms et prénoms auxquels rien d’intéressant n’arrive. Par la suite, ayant bien identifié les différents membres du groupe, la lecture est devenue un peu plus agréable. Il faut dire aussi qu’il se passait enfin quelque chose de clairement compréhensible (Walter et Odile au Portugal, la réconciliation de Jaboulier et Chapoutet…). Il n’empêche que je n’ai jamais vraiment trouvé mon compte dans ce texte. Beaucoup d’ennui et trop peu de satisfaction, voila ce que je retiendrais. Je dois quand même reconnaître que pour un premier roman, Hélène Sturm montre de belles dispositions, c’est juste que personnellement, je suis passé complètement à coté. D’ailleurs le titre de cet ouvrage, c’est un peu le soupir de soulagement que j’ai poussé en tournant la dernière page, c’est dire !
Pfff d’Hélène Sturm, Éditions Joëlle Losfeld, 2011. 254 pages. 18 euros.
Un ouvrage lu dans le cadre d’un partenariat entre Blog-o-book et les éditions Joëlle Losfeld. Merci à eux pour cette découverte !