Le petit cerf Bambou vient de naître et tous les animaux de la forêt sont réunis pour l’accueillir. Son père Abrahaaam s’est fait la malle quand il a su qu’il allait être papa. Elevé par sa mère, Bambou intrigue ses congénères : son regard inquiétant fait froid dans le dos. La vraie nature du jeune faon est révélée le jour où lui pousse sa première dent. Attiré par la chair fraîche, Bambou devient un terrible carnivore ! Il commence par boulotter sa mère avant de s’attaquer à d’autres proies : quelques lapins, un écureuil, un oiseau… Lorsque Pafpaf, son seul ami, découvre la terrible vérité, il décide de convertir le petit cerf sanguinaire au végétarisme…
Franchement, il fallait oser : faire de l’icône Bambi un serial killer qui s’attaque aux animaux de la forêt ! Et Panpan qui devient Pafpaf, une sorte de lapin crétin affublé d’un toc ridicule. Sans oublier un bestiaire qui regorge d’animaux plus stupides et naïfs les uns que les autres. La parodie est ici sans équivoque. Elle s’adresse essentiellement aux adultes qui n’en peuvent plus de la mièvrerie « Dysnéenne ». Alors attention, ne laisser pas tomber ce brûlot dans les mains de votre jeune progéniture, elle en ressortirait fortement secouée.
Au niveau graphique, lorsque l’on ouvre la BD pour la première fois, on a l’impression d’être tombé sur le travail collectif de fin d’année d’une école primaire. Vous savez, quand les enfants ont mené un atelier d’écriture et de dessin et que l’enseignant a finalisé le projet en imprimant un exemplaire pour les parents. Des dessins au crayola, sans aucun encrage. Pas vraiment de cases, un lettrage que ne renierait pas ma fille de 8 ans… Bref, un vrai choc visuel quand on découvre cet album dans le rayonnage d’une librairie. Mais à y regarder de plus près, on constate que Gaëlle Alméras possède une réelle maîtrise de ses crayons de couleur. Les proportions sont bonnes, l’expressivité des visages et notamment des yeux est très travaillée et les décors, bien que simplissimes, fleurent bon la campagne.
Bambou est donc une œuvre underground assez typique de ce que peut proposer la BD indépendante. C’est le genre de titre qui n’aurait jamais pu voir le jour chez Dargaud, Delcourt ou Dupuis ! Quoi qu’il en soit, au-delà de l’originalité et de la parodie, je n’ai pas été spécialement embarqué. L’histoire, trop linéaire, n’est pas d’un grand intérêt. Mais le gros défaut, pour moi, est l’absence d’humour. Difficile de trouver des passages vraiment drôles. Peut-être que l’humour n’était pas le but premier, mais quitte à parodier, il aurait fallu pousser le bouchon encore plus loin et faire dans le trash gras et sans équivoque. Un second tome est prévu l’année prochaine. J’y jetterai un œil pour voir comment vont évoluer Bambou et Pafpaf, en espérant que la suite de leurs aventures gagnera en épaisseur et en rebondissements.
Bambou T1, de Gaëlle Alméras, éditions Diantre, 2010. 56 pages. 15 euros.
L’info en plus : Gaëlle Alméras est diplômée de l’école de l’image d’Epinal. Elle a publié un premier ouvrage, La Gouniche, aux éditions Diantre en janvier 2010.
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