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mercredi 29 juin 2011

Bride Stories 1

Asie centrale, 19ème siècle. Amir, 20 ans, du clan des Hargal, épouse Karluk, jeune garçon de 12 ans du clan voisin des Eyhon. Si ces derniers sont sédentarisés depuis plusieurs générations, la famille de la mariée pratique encore la transhumance estivale. Amir trouve très rapidement ses marques dans son nouvel environnement et est particulièrement appréciée par sa belle famille. Un peu sauvage, bonne archère, instinctive, forte, ingénue, sachant plein de choses sur la nature, la jeune femme se révèle être une vraie perle. Qui plus est, malgré un mariage forcé et une importante différence d’âge entre les époux, ces derniers deviennent naturellement complices. Mieux, au fil des mois, Amir va peu à peu tomber amoureuse de son mari. Mais une ombre plane sur le bonheur du couple : le clan des Hargal, considérant qu’ils se sont précipités en offrant Amir aux Eyhon, décide d’aller la récupérer…

Dans une courte postface, l’auteur résume parfaitement son ambition : « Dans ce manga, je vous raconterai l’histoire du conflit entre les clans Hargal et Eyhon en y insérant des descriptions de la vie quotidienne de l’époque ». Tout est dit ! Kaoru Mori aurait pu faire de ce titre une diatribe dénonçant le traitement réservé aux femmes dans cette région du Caucase à l’époque. Elle préfère se garder de tout jugement péremptoire pour s’attarder sur la description des petits riens du quotidien. Une existence simple entre chasse, cueillette, artisanat et respect des traditions. Elle s’attarde également sur l’importance de la transmission des savoir-faire, notamment à travers la fascination du benjamin de la famille pour le travail de l’ébéniste du village.

Le dessin est d’une qualité rarement vue dans un manga (du moins pour moi qui suis loin d’être une référence en la matière). Les costumes sont somptueusement détaillés, les visages d’une grande finesse et les décors naturels magnifiques. Les scènes d’extérieur, où le mouvement domine, sont par ailleurs d’une grande fluidité.

Une mangaka qui prend son temps pour raconter une histoire toute simple, c’est agréable et ça ne se voit pas souvent (à part le grand Taniguchi, bien sûr !). Avec un dessin qui tient de l’orfèvrerie et une intrigue tout en délicatesse qui n’occulte pas la rudesse de l’environnement et le poids des traditions, Bride Stories propose de découvrir de façon quasi documentaire le mode de vie des tribus du Caucase au 19ème siècle. Un vrai délice !

Bride Stories T1 de Kaoru Mori, Éditions Ki-oon, 2011. 182 pages. 7.50 euros.



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dimanche 21 février 2010

Ma voie de père

Hiroshi Hirata est un auteur de Gekiga (mangas traitant de sujets graves) dont les séries mettent en scène des samouraïs évoluant dans le japon médiéval. A la fin des années 80, Hirata quitte Tokyo avec sa femme et ses cinq enfants pour s’installer à Izu (un archipel d’une centaine d’îles situé au large de Tokyo). A cette époque, le mangaka est en pleine panne d’inspiration. Il ne parvient plus à mettre en route le moindre projet et plonge sa famille dans de graves difficultés financières.

Pour tenter de se remettre en selle, il démarre de petites histoires autobiographiques dans lesquelles il expose ses conceptions de la vie et de la philosophie. Il soumet son travail à l’un de ses anciens éditeurs qui accepte de le publier dans une revue pour ados et jeunes adultes, Youg Magazine. A raison de quatre pages hebdomadaires, cette œuvre inclassable va paraître pendant 31 semaines en 1990 avant de sortir sous forme de recueil à la fin de cette même année.

Pourquoi Ma voie de père peut être considérée comme inclassable ? La forme est originale : quatre pages, jamais une de plus. A chaque fois, un thème particulier est abordé, sans aucun lien avec l’épisode précédent ni le suivant. Quelques exemples : le manque d’inspiration, la musique, la sexualité, l’éducation des enfants, le travail, la confiance en soi, le sens de la vie… Un commentaire de sa femme vient ouvrir ou conclure chaque épisode. Là encore, le procédé apparaît singulier. Sur le fond, les réflexions d’Hirata ne sont pas celles d’un philosophe. C’est du brut de décoffrage avec des mots simples et un style très direct mais non dénué d’humour.

C’est un fait, Ma voie de père peut sans conteste être considérée comme une œuvre expérimentale, un ovni dans le monde très catégorisé des mangas. Seulement, cet aspect expérimental pose problème dans la mesure où tout cela semble fort décousu. Difficile parfois de suivre les digressions de l’auteur, surtout lorsqu’il multiplie les références à la langue japonaise et à ses finesses étymologiques. Pour le lecteur français, et malgré l’incroyable travail effectué par les traducteurs, il est très facile de perdre le fil.

Finalement, c’est Hirata lui-même qui définit le mieux la finalité de son propos en introduction à l’ouvrage : « Mon vœu le plus cher, si vous arrivez à lire [ce volume] jusqu’au bout, serait qu’au détour d’une page vous y trouviez à votre tour une pensée nouvelle, qui puisse vous aider d’une façon ou d’une autre dans votre propre vie, vous apporter confiance et détermination. »

Un dernier petit conseil si vous souhaitez vous lancer dans la lecture de ce manga : ne partez pas bille en tête avec l’idée de tout lire d’une traite. Choisissez plutôt de lire ses différentes historiettes de manière épisodique. Cela évitera que le recueil vous semble ennuyeux à mourir et finisse par vous tomber des mains.

Ma voie de père, d’Hiroshi Hirata, Éditions Delcourt, 2010. 15,00 euros.

L’info en plus : Pour découvrir le travail d’Hirata dans le genre Gekiga, je ne peux que vous conseiller la lecture de la série Satsuma, l’honneur des samouraïs. Six volumes en tout pour cette superbe histoire sombre et poignante mettant en scène des samouraïs devenus extrêmement pauvres dans le Japon du XVIIIe siècle.


mardi 26 janvier 2010

Un bol plein de bonheur

Osaka, dans les années soixante. Ne supportant plus un mari alcoolique et joueur invétéré, Kazuo quitte le domicile familial avec Iroshi, son fils d’à peine 10 ans. Commence alors pour cette mère célibataire une existence rude faite d’efforts et de sacrifices pour donner à son enfant la meilleure éducation possible. « Je ne cède devant rien ni personne ». C’est avec cette maxime chevillée au corps qu’Iroshi et sa mère vont redoubler d’efforts et affronter avec une volonté de fer un quotidien parfois difficile. Le manga couvre en un volume plusieurs décennies de vie commune et se termine alors qu’Iroshi, devenu adulte et père de famille, enterre cette mère admirable qui lui aura tout donné sans jamais se plaindre.


L’entreprise de départ est noble. Montrer l’abnégation d’une mère célibataire prête à tout pour transmettre à son fils les valeurs morales nécessaires à faire de lui un homme bon, respectueux de soi et des autres est une idée remarquable et relativement originale. Cependant, la mise en scène de ce louable combat maternel sombre vite dans un pathos excessif. C’est essentiellement au niveau du dessin que le bât blesse. Les traits manquent de finesse, surtout pour les visages. Il y a énormément de gros plans où les expressions semblent forcées, très peu naturelles. On voit aussi couler beaucoup de larmes, des torrents entiers qui s’écoulent le long des joues et sous le nez. Là encore, la représentation des pleurs se veut grandiloquente, sans doute pour renforcer le caractère dramatique de la scène. Malheureusement, cela confine parfois au ridicule.

Vous l’aurez compris, le reproche majeur que je fais à ce manga est son manque de finesse. Le mélo atteint un paroxysme qui, en devenant outrancier, ne me touche plus.

Tsuru Moriyama a voulu réaliser un hymne aux mères courage qui n’hésitent pas à assumer seule l’éducation de leurs enfants. C’est une magnifique intention, mais je n’ai personnellement pas été embarqué dans ce drame trop larmoyant à mon goût.

PS : j’aimerais beaucoup avoir l’avis d’autres personnes sur ce manga car je pense que mon manque de sensibilité congénital (je n’ai jamais pleuré devant Bambi !) m’empêche sans doute de saisir toute l’intensité de ce drame. Ne vous fiez donc pas trop à mon opinion tranchée, il se pourrait bien qu’elle ne soit pas représentative de l’avis général.

Un bol plein de bonheur, de Tsuru Moriyama, Éditions Delcourt, 2010. 7,50 euros.

L’info en plus : La collection Gingko-Akata dans laquelle est publié ce manga est une collection qui s’adresse aux jeunes adultes en proposant des mangas de qualité très éloignés des blockbusters que l’on trouvent chez les grands éditeurs français de manga. C’est une collection qui est devenue prestigieuse grâce à son catalogue éclectique et souvent exigeant. On y trouve beaucoup de One Shot (Je ne suis pas mort, Le dernier été de mon enfance, Un bol plein de bonheur…), ce qui comble les lecteurs occasionnels de manga qui, comme moi, ne veulent pas s’embarquer dans des séries interminables. Bref, une collection qui vaut vraiment le coup d’œil.



dimanche 20 décembre 2009

Le vagabond de Tokyo : résidence Dokudami

Oubliez tous les losers que vous avez connus jusqu’alors. Si vous lisez le vagabond de Tokyo, Yoshio va devenir votre référence en la matière. Ce jeune homme indolent vit dans un immeuble délabré du quartier Asagaya, à Tokyo. Vivant au jour le jour, selon les petits boulots qu’il trouve sur des chantiers, il passe la plupart de son temps à boire, fumer et dormir.

Ayant très peu de ressources, il se nourrit presque exclusivement de sachets de nouilles instantanées. Son hygiène corporelle plus que douteuse et la crasse indicible qui règne dans son appartement complètent un tableau peu ragoûtant !

Toutes les histoires dans lesquelles Yoshio s’embarque finissent lamentablement. Dépourvu d’ambition, il espère juste pouvoir trouver une fille de temps en temps et quelques copains pour lui payer des tournées de saké.

Inspirée de la vie de l’auteur, cette série publiée entre 1979 et 1993 est vraiment atypique : apologie de l’oisiveté dans un pays où le travail est force de loi ; galerie de personnages incroyables (prostituée obèse, pervers obsédé par les petites culottes des lycéennes, travesti…) ; épisodes où se mêlent humour décalé, vulgarité, mauvais goût et scatologie…

Plus qu’un antihéros, Yoshio est devenu un personnage mythique pour de nombreux lecteurs. Censuré, attaqué par des associations bien pensantes pour atteintes aux bonnes mœurs, ce manga a aussi souffert du dilettantisme de son auteur dont le rythme de production était parfois très aléatoire.

Lorsque Takashi Fukutani décède à 48 ans le 9 septembre 2000 après quarante jours de soins intensifs, il a dessiné 663 épisodes de la série. Souvent autobiographique, crue et réaliste, Résidence Dokudami (le titre original) a connu un incroyable succès au Japon, étant notamment adaptée deux fois au cinéma. Yoshio, le Bukowski de la BD nippone, restera à jamais un personnage à part dans l’univers des mangas.

Merci aux éditions du Lézard Noir de nous proposer cette anthologie qui regroupe quelques uns des meilleurs épisodes de la série. A découvrir d’urgence pour les lecteurs français un peu curieux qui aiment les productions underground.

Le vagabond de Tokyo : résidence Dokudami, de Takashi Fukutani, Éditions du Lézard Noir, 2009. 360 pages. 23 euros.



samedi 12 décembre 2009

Dr Slump T1 : ultimate edition

Cette chronique s’adresse à ceux qui sont nés à la fin des années 70 et au début des années 80. Rappelez-vous : Le Club Dorothée, 1988. Cette émission devenue culte proposait cette année-là à la rentrée de septembre le premier épisode d’une série inédite en France : Dr Slump. Adaptée du premier manga d’Akira Toriyama, le créateur de Dragon Ball, la série sera rapidement censurée par les sages du CSA et seuls 55 des 243 épisodes seront traduits et diffusés. Il faudra attendre 1995 pour voir Glénat éditer l’intégralité des 18 volumes du manga. Aujourd’hui, le même éditeur réédite l’ensemble dans une version Ultimate dont le premier tome vient de sortir.
L’action de Dr Slump, se situe dans le Village Pingouin. Senbei Norimaki est un inventeur de génie qui a créé un robot et lui a donné les traits d’une jeune fille d’une douzaine d’années. Il décide de la nommer Aralé et l’inscrit à l’école en la faisant passer pour sa sœur. Possédant une force herculéenne et une naïveté à toute épreuve, l’androïde deviendra la source de nombreux quiproquos plus farfelus les uns que les autres.

La qualité première de ce manga tient dans l’incroyable galerie de personnages qu’il propose : de Senbei l’obsédé sexuel à l’extraterrestre Nikochan et son acolyte en passant par Akané et Târo les ados rebelles, ou encore Suppaman une caricature de Superman sans aucun pouvoir, tous semblent plus stupides les uns que les autres. Aralé incarne pour sa part la pureté et la naïveté. C’est le décalage entre cette naïveté et les basses intentions des autres personnages qui constitue le plus souvent le ressort comique de la série. Un exemple parmi tant d’autres : lorsqu’Aralé explique à Senbei qu’elle est toute lisse et qu’il lui manque quelque chose au bas du ventre, l’inventeur pense aux organes sexuels alors que le robot parle du nombril !

Bien sûr, Dr Slump est un manga de mauvais goût et scatologique (Nikochan porte ses fesses au sommet de son crâne et Aralé parle aux crottes de chiens). C’est à mes yeux plutôt une qualité qu’un défaut. Finalement, je crois que « loufoque » est l’adjectif qui qualifie le mieux cette série publiée pour la première fois au Japon en 1980. Cette édition Ultimate dans un format plus grand que la normale reprend les nombreuses pages couleurs d’origine. Par rapport à l’édition de 1995, le sens de lecture a été respecté et la traduction entièrement refaite. Voilà une très bonne occasion de découvrir (ou redécouvrir en ce qui me concerne) le premier succès du très grand mangaka qu’est Akira Toriyama.

Dr Slump T1 : ultimate edition, d’Akira Toriyama, Éditions Glénat, 2009. 10,55 euros.

L’info en plus : Glénat réédite également en « Ultimate edition », la série incontournable d’Akira Toriyama, Dragon Ball. Le 5ème des 42 tomes vient de paraître. Avec un volume tous les deux mois, la parution devrait s’étaler sur près de 7 ans !




jeudi 26 novembre 2009

Une sacrée mamie T3

1958, à Hiroshima. Hikedo élève seule ses deux garçons. Ne pouvant supporter une telle charge financière, elle décide de confier son plus jeune fils à sa mère qui habite à la campagne. La découverte du monde rural est un changement radical pour le petit Akihiro. Surtout que sa grand-mère est encore plus pauvre que sa mère ! Mais toujours de bonne humeur et débrouillarde, cette sacrée mamie va devenir une complice et un modèle à suivre pour le jeune garçon.


Quelques exemples parmi tant d’autres : Mamie traine derrière elle un aimant pour ramasser la ferraille ; Akihiro n’a pas les moyens pour s’inscrire aux cours de kendo et de judo : sa grand-mère lui conseille la course à pied, c’est le seul sport gratuit ! Attention cependant, il ne faut pas courir trop vite pour ne pas user les semelles ni courir trop longtemps pour ne pas s’ouvrir l’appétit.

Il n’y a jamais grand-chose à manger à la maison. Pour récupérer de la nourriture, mamie tend un filet le long de la rivière. En amont, il y a un marché et les commerçants jettent les légumes invendables. Mais le radis ratatiné et le concombre tordu ne sont pas différents une fois préparés !

Inspirée de l’enfance d’un célèbre comique japonais, Une sacrée mamie a d’abord été un roman qui s’est vendu à plus de quatre millions d’exemplaires sur l’archipel. Chronique douce et tendre, pas misérabiliste pour deux sous, cette série peut-être trop pétrie de bons sentiments est une lecture qui fait du bien, tout simplement. Oubliez la crise et la morosité ambiante avec cette sacrée mamie toujours positive. Une vraie leçon d’optimisme en toute circonstance.


Une sacrée mamie T3, de Yoshichi Shimada et Saburo Ishikawa, Éditions Delcourt, 2009. 7,50 euros.

L’info en plus : Dans la même veine des souvenirs d’enfance où un petit garçon accompagne une grand-mère inoubliable, il est impossible de ne pas citer le magnifique recueil Nononba, publié par les éditions Cornélius et qui obtint le prix du meilleur album au festival d’Angoulême en 2006. Un chef d’œuvre toujours disponible.