Affichage des articles dont le libellé est BD. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est BD. Afficher tous les articles

mercredi 16 décembre 2020

Une année de BD

J’ai (malheureusement) passé tellement de temps à la maison cette année que le nombre de mes lectures BD a sensiblement augmenté. Au final pas loin de 250 albums sont passés entre mes mains. Comme d’habitude de l’inoubliable, de l’excellent, de l’anecdotique et du « bof, pas terrible ». Rapide état des lieux de mon bilan BD 2020 :


Le top du top













Ces coups de coeur dont je n'ai parlés











Du très bon manga









Quatuor de flops













Ces BD sorties cette année que je lirai sans faute l'an prochain

















Les tops des BD de l'année sont à retrouver chez Stephie








mercredi 9 décembre 2020

A mains nues T1 : 1900-1921 - Leïla Slimani et Clément Oubrerie

Leïla Slimani et Clément Oubrerie, un joli duo pour décrire le parcours de Suzanne Noël, féministe et pionnière de la chirurgie plastique du début du 20ème siècle. Une femme au destin incroyable, née dans une famille de la petite bourgeoisie, mariée très jeune à un médecin parisien et qui, s’ennuyant dans son statut de notable, décide un jour de reprendre ses études. Après avoir obtenu le baccalauréat, elle se dirige vers la médecine et découvre les formidables possibilités de la chirurgie réparatrice, un domaine dont elle deviendra une spécialiste mondialement reconnue. 

Préférant sa carrière à son rôle d’épouse et de mère, elle refuse de renoncer à ses aspirations professionnelles, brisant le carcan patriarcal dans lequel « la bonne société » souhaiterait la voir rester. Femme libre, elle mène une double vie auprès d’un interne de la faculté de médecine sans la moindre culpabilité. Au cours de la première guerre mondiale, Suzanne Noël développe des protocoles révolutionnaires pour réparer les gueules cassées et pendant les années folles, elle va chercher à mettre en place des techniques de rajeunissement que l’on peut considérer comme les premiers liftings de l’histoire. Pour elle la chirurgie esthétique est une forme d’émancipation féminine, une possibilité de se sentir mieux dans son corps à une époque où se développe l’industrie de la mode et où apparaissent de nouveaux canons de beautés.  

Difficile de ne pas se montrer admiratif devant une telle force de caractère, une telle volonté d’indépendance et une telle confiance en soi. Ce premier tome peint une trajectoire aussi passionnante qu’impressionnante et offre l’occasion de découvrir une héroïne oubliée du 20ème siècle. La suite montrera, entre autres, son engagement dans le combat pour le droit de vote des femmes et plus généralement sa lutte pour l’amélioration de la condition féminine. Inutile de vous dire que j’attends cette suite avec impatience.

A mains nues T1 : 1900-1921 de Leïla Slimani et Clément Oubrerie. Les Arènes, 2020. 104 pages. 20,00 euros.   

 


Les BD de la semaine sont chez Noukette



mercredi 2 décembre 2020

Les ogres-dieux T4 : Première Née - Gatignol et Hubert

Ce quatrième et dernier tome de la série revient sur l’origine de la création du royaume des géants avec l’histoire de Bragante, surnommée Première-Née, fille ainée du Fondateur de la lignée des Ogres-Dieux. Ou comment ses premiers pas accompagnent l’avènement d’une dynastie cruelle, sans pitié pour les humains, étendant au fil des décennies son emprise sur un territoire toujours plus vaste en menant des guerres toujours plus meurtrières. 

Cloîtrée au gynécée comme toutes les filles et femmes du Fondateur, Première-Née prend rapidement en charge l’éducation de ses nombreux frères et sœurs. N’ayant pas la possibilité de sortir du château, elle s’évade grâce aux livres qu’elle accumule dans l’immense bibliothèque construite selon ses directives par un architecte de génie. Mariée de force à l’un de ses frères, les circonstances la porteront jusqu’au trône, où elle tentera de mettre en œuvre ses ambitions progressistes malgré les obstacles infranchissables se dressant devant elle.


À travers la vie de Bragante se dessine un destin de femme brisée par le patriarcat. les Ogres-Dieux, pataugeant dans leur ignorances crasse, ne sont bons qu’à violer, violenter et priver de liberté une gente féminine qu’ils ne considèrent que comme la génitrice de leurs futurs guerriers. Bragante l’érudite refuse ce statut, elle sait que la connaissance est la plus grande des forces, que le savoir est le seul moyen de faire prospérer un royaume sclérosé par un entre-soi où la consanguinité affaiblit la lignée et où le manque de contradicteurs enferme le roi dans des certitudes d’un autre temps.

Dernier tour de piste réussi pour les Ogres-Dieux du regretté Hubert dont la noirceur du scénario n’a d’égale que son incroyable richesse. Magnifié par les somptueux dessins de Gatignol, le récit se conclut sur la naissance de Petit, personnage central du premier tome de la série qui sera le détonateur de la chute du royaume. Une manière de boucler la boucle avec la finesse et l’élégance qui n’aura eu de cesse de traverser l’ensemble de cette saga à l’ambiance à la fois gothique et baroque. Totalement indispensable !

Les ogres-dieux T4 : Première Née de Gatignol et Hubert. Soleil, 2020. 160 pages. 26,00 euros.



Les BD de la semaine sont à retrouver chez Moka





mercredi 18 novembre 2020

#Balance Ta Bulle

Il y a ce gars qui te pelote dans la rue, celui qui tente de t’agresser dans les toilettes d’une boîte de nuit, celui assis à côté de toi dans le train qui te caresse les cheveux sans te demander ton avis. Il y a ce voisin qui fixe ta poitrine en silence dès que tu es seule avec lui dans l’ascenseur. Il y a ce collègue qui cherche à t’embrasser de force en salle des profs, celui qui te propose un plan à trois avec sa femme et t’insulte quand tu lui dis non. Il y a ce concert où on t’a droguée avec une bière frelatée. Il y a ton frère qui t’a violée, ton père qui a frappé ta mère. Il y a ton oncle, il y a l’ami de la famille, il y a ton petit copain. Et il y en a tant d’autres. Tous coupables de gestes ou de mots déplacés, de violences physiques ou psychologiques.    

Elles sont soixante-deux. Soixante-deux dessinatrices du monde entier à témoigner des violences et traumatismes sexuels qu’elles ont subis au moins une fois dans leur vie. Soixante-deux récits édifiants de deux à quatre pages, tous différents mais tous portés par la même force de rester debout face au traumatisme.

Rarement une lecture aura été pour moi aussi pesante. Rarement une lecture aura autant perturbé l’homme et le père de trois filles que je suis. Parce que toutes les situations présentées soulignent à quel point, partout sur la planète, la culture toxique du patriarcat est un terrible poison pour les femmes. Il m’a été impossible d’engloutir ce pavé d’une traite, j’ai dû y aller par petits bouts. Trop de souffrance, trop de mauvais souvenirs, trop de détresse. L’ensemble est malgré tout traversé par une énergie brute, une volonté de ne pas s’appesantir, d’aller de l’avant. Une volonté de changement également, une volonté de ne plus être des victimes désignées, de ne plus culpabiliser mais de se dresser devant l'agresseur et de le mettre face à l’insupportable atrocité de son comportement. 

La réponse à la violence est ici esthétique. Réalistes ou suggestifs, toujours profondément intimes, les récits témoignent d’une incroyable vitalité créative. En dehors d’Emil Ferris qui signe la dernière histoire du recueil, je ne connaissais aucune des autres dessinatrices. D’âges, d’orientations sexuelles et de nationalités différentes, toutes expriment à travers leur expérience traumatisante un désir d’émancipation par l’art. L’ensemble forme au final un appel collectif et solidaire à la lutte contre les violences et le harcèlement sexuels. Un magnifique exemple de sororité qui a remporté le prestigieux prix Eisner 2020 de la meilleure anthologie. 

#Balance Ta Bulle (ouvrage collectif). Massot éditions, 2020. 304 pages. 28,00 euros.








mercredi 21 octobre 2020

Pot-Bouille - Cédric Simon et Éric Stalner (d’après le roman d’Émile Zola)

Octave Mouret débarque à Paris à vingt-deux ans. Provincial d’aspect soigné et bien élevé, il s’installe dans une chambre au quatrième étage d’un immeuble bourgeois. Derrière l’impeccable façade, le jeune homme découvre des locataires aux mœurs moins policées qu’il n’y paraît. Loin de jouer les vierges effarouchées, il se sent vite comme un poisson dans l’eau parmi ce bal des faux-culs. Multipliant les conquêtes, jouant d’un cynisme à toute épreuve, cet opportuniste aux dents longues est prêt à tout pour grimper dans un ascenseur social semblant privilégier les âmes les moins pures. 

Une adaptation fidèle de Zola qui vaut à la fois pour la restitution du Paris Hausmannien et pour sa formidable galerie de personnages, tous aussi peu fréquentables les uns que les autres. On intrigue, on trahit, on manipule et on fornique à qui mieux mieux dans cet univers où le vernis de l’honnêteté saute aussi vite que les bouchons de champagne un soir de bacchanale mondaine.  

Un album qui montre à quel point le roman de Zola n’a rien perdu de sa modernité. A la fois manuel du parfait arriviste et violente dénonciation de l’hypocrisie des « honnêtes gens », Pot-Bouille frappe fort et sans gant. Pas étonnant qu’au moment de sa publication en 1882 le texte ait suscité les protestations indignées d’une bourgeoisie parisienne outrée de se voir ainsi mise à nu.

Pot-Bouille de Cédric Simon et Éric Stalner, d’après le roman d’Émile Zola. Les Arènes BD, 2020. 144 pages. 20,00 euros.




Les BD de la semaine sont toutes chez Moka





mercredi 7 octobre 2020

B.O comme un dieu d’Ugo Bienvenu

B.O a 772 ans et est le dernier représentant de son espèce, le dernier robot sexuel de la galaxie. Ses congénères ont tous disparu parce qu’ils étaient devenus trop dangereux pour la survie de l’humanité. Tellement performants, tellement inépuisables, tellement prêts à se plier aux moindres désirs de ces dames qu'elles préféraient, et de loin, coucher avec des robots plutôt qu’avec des hommes. Résultat, la natalité avait chuté de manière dramatique, ce qui avait poussé les pouvoirs publics à ordonner l’interdiction puis la destruction de ses jouets sexuels aux capacités hors normes.

Sauvé par sa propriétaire qui l’avait caché dans sa cave, B.O. doit constamment agir dans la clandestinité. Sans affect, sans morale ni tabou, il se déplace en toute discrétion chez ses fidèles clientes. Programmé pour satisfaire les moindres désirs, il sait à chaque instant ce qu’il doit faire, quel rythme prendre et quelle méthode utiliser pour procurer du plaisir à sa partenaire. Jamais de baisse de régime, capable tenir toute la nuit et de faire tout ce qu'on lui demande avec efficacité, cette machine à faire jouir inusable est LE sextoy ultime.  

J’adore Ugo Bienvenu, j’ai lu tous ses albums depuis son adaptation de Sukkwan Island et je ne cesse d’être bluffé par sa maîtrise narrative. Il livre ici un récit de science-fiction dans la veine de l’excellent Préférence Système, en beaucoup plus concis et beaucoup plus « sexuellement explicite » (pas pour rien que cet album est publié dans la collection BD Cul des Requins Marteaux). Les parties de jambes en l’air de B.O ne donnent donc pas dans la suggestion mais plutôt dans le réalisme le plus cru, se gardant cependant de tomber dans la vulgarité grâce à une esthétique particulièrement léchée (et c’est rien de le dire, parce que niveau léchage, il sait y faire le B.O.). 

Après, au-delà du cul pour le cul, Bienvenu interroge le rapport entre le plaisir et les sentiments et fait de son robot sextoy un observateur avisé des méandres de la nature humaine. Je vous rassure, le propos ne tourne pas non plus au traité de philosophie, et plutôt que de grands discours, on se tamponne dans tous les coins et dans tous les orifices, ce qui est quand même l'intérêt principal d'un album de ce genre. Au final, un projet couillu et une BD de SF décalée qui, malgré son contenu sans équivoque, ne cède jamais à la facilité de sacrifier le fond pour la forme. C'est suffisamment rare pour être souligné. 

B.O, comme un dieu d’Ugo Bienvenu. Ed. Les Requins Marteaux, 2020. 128 pages. 14,00 euros.





Toutes les BD de la semaine sont chez Moka







mercredi 16 septembre 2020

Béatrice - Joris Mertens

Pour Béatrice, vendeuse dans un grand magasin, la vie a tout d’un long fleuve tranquille. Le Bonjour Tristesse qu’elle lit dans le métro résume bien son quotidien. Noyée dans la masse, son manteau rouge illuminant la grisaille de la foule, Béatrice la solitaire tombe un jour dans un hall de gare sur un sac abandonné, rouge lui aussi. Le lendemain, elle se rend compte qu’il est toujours là. Constatant à chacun de ses passages que le sac n’a pas bougé, semblant l’attendre, elle décide de s’en emparer. De retour dans son petit appartement, elle découvre à l’intérieur un album aux photos en noir et blanc. Un album dont elle va tenter de percer les mystères.


C’est toujours casse gueule la BD sans texte, surtout pour des récits au long cours. Il faut trouver le bon rythme, le bon équilibre dans la narration et surtout proposer un découpage à la lisibilité parfaite si on veut faire mouche. Un exercice d’équilibriste où le moindre faux pas peut perdre le lecteur en route. Grégory Panaccione est un maître du genre et son Océan d’amour sa plus éclatante réussite. Joris Mertens est parti pour suivre ses traces tant sa Béatrice est bluffante de maîtrise. Au-delà des aspects purement « mécaniques » de la narration qui fonctionnent à merveille, son tour de force est de parvenir à insuffler sans le moindre mot une émotion d’une rare délicatesse. 

Il y a du Modiano dans cet album. Le Paris du début des années 70, les bistrots, l’enquête menée à partir des souvenirs d’autrui, l’envie de remonter le fil du temps... les points communs sont nombreux. S’y ajoute une petite touche fantastique faisant basculer l’histoire dans une autre dimension. Mais une fois encore tout en finesse, sans jamais en rajouter. Une indiscutable réussite !

Béatrice de Joris Mertens. Rue de Sèvres, 2020. 112 pages. 19,00 euros.




Toutes les BD de la semaine sont à retrouver chez Noukette










mercredi 9 septembre 2020

L’instant d’après - Zidrou et Maltaite

Elle était là, à côté de lui dans la voiture, et l’instant d’après… elle avait disparu. Bien sûr, il a été accusé du meurtre de sa fiancée. Comment croire à une disparition si soudaine et si inexplicable ? La sœur de la fiancée décide de mener l’enquête. Très vite, elle découvre que les cas de personnes « se volatilisant » sous les yeux de témoins effarés sont légion : une élève dans une salle de classe en plein devoir, un salarié de bureau entouré de quatre collègues dans un ascenseur, une femme dans une cabine d’essayage, un boxeur en plein entraînement, etc. Plus ses investigations avancent et plus le mystère s’épaissit. Finira-t-il par être percé ? On se le demande jusqu’à la dernière page...


Tout allait bien au départ dans ce polar énigmatique à souhait : une narration nerveuse, une intrigue prenante, des ellipses maîtrisées, un dessin collant parfaitement à l’ambiance, des dialogues aux petits oignons. Et puis boum patatras, le château de cartes si savamment monté s’est écroulé. Je veux bien qu’on laisse à l’imaginaire du lecteur le soin de se mettre en branle, qu’on le laisse interpreter à sa guise des pans entiers de l’histoire, voire qu’on lui demande de phosphorer pour participer activement à la résolution du problème. Mais à ce point-là, franchement, et je pèse mes mots, c’est du foutage de gueule !

Rien ne sera dévoilé sur le pourquoi du comment des disparitions. Pas un indice, aucune piste, nada. C’est trop facile de mettre en place un tel casse-tête sans en donner la solution. Vous imaginez si Gaston Leroux avait conclu Le mystère de la chambre jaune sans laisser Rouletabille révéler le fin mot de l’histoire ? Ça n’aurait eu aucun sens. Et aucun intérêt. Exactement l’impression que j’ai ressentie en refermant cet album.

L’instant d’après de Zidrou et Maltaite. Dupuis, 2020. 56 pages. 14,50 euros.

L'avis de Mo'



Toutes les BD de la semaine sont à retrouver chez Moka












mercredi 2 septembre 2020

West legends T2 : Billy the Kid - Christophe Bec, Lucio Leoni - Emanuela Negrin

Nouveau Mexique, été 1878. Dans la ville de Lincoln, une guerre larvée entre deux clans locaux se termine dans un bain de sang après trois jours d’échanges de tirs. Parmi les protagonistes, un gamin à peine sorti de l’adolescence surnommé par ses camarades Billy the kid s’impose malgré son jeune âge comme un leader charismatique.

Basée sur histoire vraie, cette mise en image d’un célèbre épisode de la conquête de l’Ouest baptisé « Guerre du comté de Lincoln » par les historiens se focalise sur la figure légendaire de William Henry Bonney, alias Billy The Kid. Alors âgé de 17 ans, Billy montre un sang-froid et un courage à toute épreuve. Celui qui n’est pas encore un des hors-la-loi les plus recherchés du pays se montre aussi sûr de lui que provocateur. Sa détermination guide ses acolytes, conscients d’avoir à leurs côtés un dur à cuir doublé d’un tireur émérite.  

Comme dans le premier tome de cette série dédiée aux légendes de l’Ouest, l’album ne se veut pas une biographie complète mais plutôt un focus sur un événement particulier. Trois jours donc dans la vie de Billy et de sa bande, avec quelques flashbacks expliquant pourquoi les choses en sont arrivées là. Le résultat est très factuel, l’action prime sur l’analyse psychologique et le portrait dressé entretient le mythe Billy the Kid, jusqu’à sa mort trois ans plus tard, toujours au Nouveau Mexique, sous les balles du shérif Patt Garett.

Deuxième personnage légendaire passé au crible de cette collection de récits complets qui comptera en tout six volumes et deuxième réussite. Le troisième, consacré à Sitting Bull, sort aujourd’hui. Je vais évidemment m’y plonger dès que possible.

West legends T2 : Billy the Kid : The Lincoln County War - Christophe Bec, Lucio Leoni et Emanuela Negrin. Soleil, 2020. 72 pages. 15,95 euros.





Toutes les BD de la semaine sont à retrouver chez Stephie












mercredi 24 juin 2020

Sea Shepherd T1 : Milagro - Guillaume Mazurage

Mars 2018, mer de Cortés, Basse Californie. Guillaume Mazurage embarque sur le John Paul DeJoria, un navire appartenant à Sea Shepherd, « l’ONG de défense des océans la plus combative au monde ». Le dessinateur découvre à bord le quotidien de ces éco-pirates prêts à tout pour protéger la faune marine des braconniers à la solde des cartels mexicains. Le but de ces braconniers est de pêcher le Totoaba, un poisson tellement prisé en Asie qu’il est surnommé « la cocaïne des mers ».

Sea Shepherd lutte surtout contre les filets dérivants illégaux qui prennent au piège de nombreuses espèces, notamment le vaquita marina (ou panda des mers), un mammifère marin considéré comme le plus menacé au monde dont il ne resterait que 30 spécimens dans le golfe de Californie. La chasse aux filets est une activité dangereuse qui tourne parfois à l’affrontement armé mais les militants ne reculent devant aucun obstacle pour défendre leur cause.

Surpris de découvrir  « un marsouin coincé au milieu d’une guerre entre écolos et cartels », Guillaume Mazurage s’attarde à la fois sur les actions concrètes menées en mer et sur la vie quotidienne à bord. Il prend également le temps de remettre en contexte la situation, cette pêche dévastatrice constituant pour une partie de la population locale « de l’argent facile dans une région pauvre. » Surtout, il se montre admiratif devant les motivations sans faille et l’abnégation d’un équipage où chacun est prêt à dévouer sa vie à la cause qu’il défend. 

Un docu-BD instructif et prenant au dessin précis sans être trop réaliste qui mêle aventure et information avec un bel équilibre. Le danger et la tension sont présents mais on ne bascule jamais dans la violence. Un album parfait pour un jeune public de plus en plus sensible à la cause écologique qui ne pourra qu'adhérer au combat mené par l’association Sea Shepherd pour protéger les océans.

Sea Shepherd T1 : Milagro de Guillaume Mazurage. Robinson, 2020. 56 pages. 11,95 euros. A partir de 10 ans.





Les BD de la semaine sont chez Stephie