Pour ceux qui ne connaissent pas Soda, la série existe depuis 1987. Elle met en scène un flic new-yorkais vivant avec sa mère cardiaque. Pour ne pas révéler sa véritable activité à sa maman et risquer de lui briser le cœur (au sens propre), il sort et rentre chaque jour chez lui habillé en pasteur. L’homme de loi déguisé en homme de foi cache sous sa veste un flingue dont il se sert plus souvent que la majorité de ses confrères. Il faut dire que Soda attire les ennuis et enchaîne courses-poursuites, bagarres et échanges de tirs. Un mélange d’action et de comédie dans le décor parfaitement reconstitué de Big Apple qui offre un divertissement agréable et sans prise de tête.
Mais avec ce diptyque, le changement de ton est radical, le propos est plus sombre, la tension dramatique plus palpable. Et surtout, les sous-entendus complotistes se multiplient. Qui tirent les ficelles ? « Ils » évidemment. Qui ça ? Ben, « le réseau ». Ok, on n’en saura pas plus. Les avions ont fait tomber les tours ? N’importe quoi. Les terroristes islamistes ? Un écran de fumée déployé par le gouvernement américain pour justifier des invasions militaires en Irak et en Afghanistan. Les médias ? Manipulés. Les forces de l’ordre ? Manipulées. Le peuple de moutons qui avale tout ce qu'on lui dit sans se poser de question ? Manipulé bien sûr. Autant je peux comprendre la critique de la dérive sécuritaire et des technologies de contrôle de la population post 11 septembre (notamment le Patriot Act), autant la présentation des faits alternatifs comme seule vérité possible m’est insupportable.Zidrou et Falzard signent les quinze dernières pages de l’album. Ils tentent de s’écarter du complotisme pour recentrer le propos vers une explication finale « plus acceptable » mais le fait est que ça ne fonctionne pas. Bref, un gros raté de bout en bout. Soda mérite mieux que ça.
Soda 1/2 : Résurrection de Tome et Dan. Dupuis, 2024. 56 pages. 13,50 euros
Soda 2/2 : Révélations de Tome et Dan. Dupuis, 2024. 56 pages. 13,50 euros