Un roman graphique étonnant, à la croisée des genres, mélangeant le récit historique au thriller, le fantastique à l’érotique. Dénonçant à la fois le puritanisme, le fanatisme religieux et le patriarcat, les autrices font de cette chasse aux hérétiques une apologie de l’émancipation féminine et du droit au fantasme. La prise de position peut parfois sembler manquer un peu de nuances tant elle enfile les clichés comme des perles, mais au final le message passe avec une indiscutable efficacité.
Graphiquement le contraste est saisissant entre les phases d’éveil d’Ingrid et celles où elle navigue dans ses rêves torrides. L’ambiance sombre et tendue, oppressante à souhait, est restituée à merveille par une colorisation où la lumière n’a pas sa place. Difficile de ne pas penser aux Sorcières de Salem (la pièce d’Arthur Miller) ou à La lettre écarlate (le roman de Nathaniel Hawthorne) en parcourant cette charge assumée contre l’obscurantisme de l’église et ses réactions excessives face à un désir féminin forcément associé à l’incarnation du Malin.
Somna de Becky Cloonan et Tula Lotay. Delcourt, 2024. 190 pages. 23,75 euros.
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