jeudi 16 janvier 2020

Paul à la maison - Michel Rabagliati

Montréal, 2012. Paul n’a pas la grande forme, c’est le moins qu’on puisse dire. A 51 ans, son monde ne tourne plus rond. Sa femme l’a quitté, sa fille s’apprête à partir s’installer à Londres et sa mère, qui refuse de soigner son cancer, n’en a plus pour très longtemps.

Paul déprime. Le cheveu se fait rare, le ventre pousse tout seul, les muscles se flétrissent et une apnée du sommeil l’oblige à dormir appareillé. Sa psy lui conseille de s’inscrire sur un site de rencontres et de faire du sport, il s’exécute sans enthousiasme avant de bien vite lâcher l’affaire. Dans sa grande maison avec son petit chien pour unique compagnie, les soirées sont longues. Il continue à dessiner mais l’entrain n’est plus vraiment là. Et quand il se rend dans une école pour un échange avec des élèves, il constate que les gamins se fichent éperdument de son statut d’auteur de BD. Bref, rien ne va plus.

Ça aurait pu être triste de voir ce cher Paul en plein coup de mou, ça aurait pu être déprimant de le voir déprimer mais Michel Rabagliati a trop de talent et de finesse pour laisser son alter ego de papier devenir un pleurnicheur qui s’apitoie sur son sort. Paul traîne son blues sans se plaindre, avec le recul et l’autodérision qui le caractérise. Surtout, Paul reste un contemplatif. Il regarde son jardin dépérir autant que lui, scrute ses congénères accro aux écrans, admire un drôle de héron immobile sur une pierre au bord de l’eau ou se demande ce que peut bien faire chaque soir son voisin d’en face septuagénaire, qui sort de chez lui un cigare à la bouche et fourre un sac de sport dans le coffre sa voiture avant de disparaître pour la nuit.

C’est tendre, poétique et drôle, tout en émotion contenue. C’est le portrait d’un quinqua lucide sur son état et sur celui du monde qui l’entoure, d’un homme conscient qu’il ne va pas vers le beau et qu’il va devoir faire avec. Un album touchant, subtil, traversé par une mélancolie qui ne sombre jamais dans la neurasthénie. Une réussite de plus pour cette indispensable série dont les neuf tomes ne souffrent à l'évidence d’aucune fausse note.

Paul à la maison de Michel Rabagliati. La Pastèque, 2020. 200 pages. 25,00 euros.





31 commentaires:

  1. Et dire que je n'ai toujours pas découvert Paul...

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  2. J'ai beaucoup aimé ce Paul (découvert grâce à toi, je crois)

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  3. Je viens de lire Paul à Québec, beaucoup aimé !

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  4. Comme Krol, je ne m'explique pas vraiment pourquoi je n'ai pas encore fait connaissance avec Paul. Habitant maintenant le Québec, je n'ai plus d'excuse.

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    1. Ah ben non alors, aucune excuse possible. Surtout que Paul est une institution là-bas !

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  5. C'est certain que je vais le lire. L'acheter même... dès que je retourne en librairie.

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  6. Il fallait que tu me rappelles à l'ordre! Il ne me manque plus que ce dernier tome... et je crains qu'il s'agisse du dernier.

    Elle vieillit bien, cette série. Quand à Paul...

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  7. J'avais commencé un tome, puis abandonné, ce ne devait pas être le bon, pour démarrer

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    1. "Paul a un travail d'été" est une bonne entrée en matière je trouve.

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  8. J'en avais lu quelques-uns, ça fait un moment que je n'y suis pas revenue mais il faudrait que je reprenne, tiens. Paul quinqua et vers la déchéance. Oh dear... On ne rajeunit pas, c'est sûr.^^

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  9. J'ai lu deux Paul (campagne et parc) mais je les ai complètement oubliés, zut alors!

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    1. Il faut en lire d'autres. Paul à Québec ou Paul a un travail d'été sont inoubliables.

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  10. J'avais beaucoup aimé Paul au Québec , je le retrouverai avec grand plaisir !

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  11. Je me promets de découvrir ce Paul lors du mois québécois chaque année, et je ne le fais pas. En 2020, peut-être ?

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  12. Un personnage qu'il faut que je découvre. Merci du conseil.

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  13. Je n'ai pas encore succombé pour la simple et bonne raison que j'ai vu que Rabagliati est en signature demain et samedi sur Paris. Si jamais j'arrive à me donner le coup de pied au Q nécessaire, j'irai lui faire coucou. Sinon, je me précipiterai dès lundi pour acheter la BD.

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    1. J'avais fait une très belle rencontre il y a quelques années au festival d'Amiens. Et j'étais reparti avec une très belle dédicace^^

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  14. Je n'en ai lu qu'un, Paul à Québec, mais j'avais beaucoup aimé.

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  15. Maintenant que je l'ai lu, je peux le dire... Je ne remercierai jamais assez de m'avoir mis Paul entre les mains il y a quelques années, je l'adore !

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