Élevée par sa mère, Éliette a dû quitter son village natal pour devenir une « lapourça ». A Haïti, les lapourças sont des jeunes filles au service d'un maître (elles sont là pour obéir et travailler en échange du gite et du couvert). Une forme d'esclavage moderne subie par des milliers d'enfants dont les familles ne peuvent ou ne veulent plus s'occuper et qui pour Éliette se traduit au quotidien par une multiplication de tâches à effectuer plus épuisantes les unes que les autres. Ses rares moments de liberté, elle les passe à jouer au foot avec ses copains Ricardo et Jean-Jackson. Ne supportant plus les accès de colère violents de son maître, elle voudrait quitter cette misère et retourner chez elle. Pour autant, elle n'ose prendre seule une décision aussi lourde de conséquences. En fait Éliette attend un signe. Un signe venu du ciel, ou d'ailleurs…
Yves-Marie Clément montre avec beaucoup de finesse une sordide réalité. Pas besoin de forcer le trait, les faits se suffisent à eux-mêmes. L'auteur décrit avec précision la vie à Haïti, n'hésitant pas à utiliser le vocabulaire et les expressions locales. Il saupoudre par ailleurs son récit d'une surprenante pointe de fantastique qui ne tombe pas pour autant comme un cheveu sur la soupe.
Un roman jeunesse soutenu par Amnesty International qui conjugue découverte du monde et prise de conscience de l'existence de l'esclavage moderne et du travail des enfants. le message est distillé en douceur, ce qui renforce son efficacité. A mettre évidemment entre toutes les mains.
Moins que rien d’Yves-Marie Clément. Talents hauts, 2018. 84 pages. 12,00 euros.
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