jeudi 15 octobre 2015

Ederlezi : comédie pessimiste de Velibor Colic

Strehaïa était un village se trouvant « tantôt en Macédoine, tantôt dans l’Empire Ottoman, souvent en Yougoslavie, mais aussi parfois dans le royaume serbe ». Dans ce village tzigane, un orchestre célébrait chaque événement majeur, enterrement, mariage ou fête traditionnelle. Les cinq hommes de l’orchestre prenaient la route au printemps et retournaient chez eux avec les premières neiges. Le roman retrace le destin de cet orchestre au fil du 20ème siècle et la légende de son chanteur qui vécut trois vies sous les noms d’Azlan Tchorelo, Azlan Bathalo et Azlan Chavoro Baïramovitch.

Velibor Colic nous entraîne sur les pas d’un peuple migrateur aux semelles de vent venu des Balkans, de la seconde guerre mondiale à la jungle de Calais, des années noires du communisme à la guerre en Yougoslavie. La musique, la fête, les beuveries, les coucheries, l’amour, la violence, les traditions, et une certaine forme de sagesse peuplent les pages de cette tragédie tzigane relatée à travers une inoubliable galerie de personnages. Avec une verve inimitable, l’auteur d’Archanges tisse les fils un brin foutraques d’une « comédie pessimiste » où le burlesque côtoie en permanence le drame. Surtout, il rend un hommage tendre et plein d’affection à une communauté trop souvent malmenée par les méandres de l’Histoire.

Ederlezi, fête de la Saint-Georges (le 6 mai), est l’occasion pour les Tziganes de célébrer le retour du printemps. Un symbole de renaissance présent tout au long du roman à travers la figure légendaire d’Azlan, le chanteur aux plusieurs vie qui, tel le phénix, renaît de ses cendres après avoir succombé de manière dramatique, mais aussi à travers l’histoire d’un peuple rejeté, exterminé, et qui ne cesse de se relever pour continuer sa route.

J’ai aimé retrouver la plume de Colic, sa faconde, son humour, sa capacité à aborder le tragique avec une forme de légèreté et d’élégance qui n’appartient qu’à lui. Un excellent moment de lecture.

Ederlezi : comédie pessimiste de Velibor Colic. Gallimard, 2014. 212 pages. 18,00 euros.


Une lecture commune que j'ai le plsir de partager avec Ingannmic



48 commentaires:

  1. Je ne connais pas du tout. Merci pour ce billet découverte

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  2. Déjà repéré, si en plus tu as aimé !

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  3. J'aime j'aime bcp, ne connais pas du tout cet auteur, mais ton billet donne envie de se plonger dans cette comédie pessimiste ;-) je note !
    merci jeune homme

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  4. C'est sûr que par rapport à "Archanges", la plume est plus légère .... Même si comme tu le notes, le tragique n'est jamais loin, ce livre regorge d'une forme de nostalgie burlesque qui prête plutôt à sourire qu'à pleurer, ou alors, faire les deux en même temps ?

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    1. L'écriture est complètement différente, oui, j'adore qu'un auteur ne s'enferme pas dans un style.

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  5. Je l'avais noté, mais ne savais plus trop pourquoi ! Un rappel est le bienvenu !

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  6. Je connais la chanson Ederlezi qui est magnifique mais je n'ai jamais entendu parler de cette "comédie pessimiste" (rien que pour ça j'ai envie de le lire !)...

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    1. Un livre de l'an dernier passé bien trop inaperçu.

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  7. Je ne connais pas du tout... Quel nom : Velibor Colic! Très gothique, je trouve...

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  8. C'est drôle car dès que j'entends parler des Tsiganes et de l'ex-Yougoslavie je pense toujours au sublime film d'Emir Kusturica Le Temps des gitans (1989) - mon amie bosniaque et moi-même en avons gardé un souvenir super émue et on en reparlé en se revoyant à Oxford en juillet dernier ! Pourtant il date mais il génial ! Il faut que je le regarde à nouveau - merci, je note ce livre !

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  9. Je ne connais ni ce titre, ni l'auteur...mais tu donnes envie de le découvrir !

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    1. J'ai très envie qu'un maximum de monde le découvre ;)

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  10. C'est la première fois que j'entends parler de cet auteur et de ce titre...ta chronique me donne envie de découvrir ce roman.
    Merci pour la découverte.

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  11. Je ne connais pas cet auteur, ça à l'air d'être une belle découverte

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    1. Ce n'est pas une découverte pour moi mais c'est un auteur que j'apprécie énormément.

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  12. Pas sûre que je sorte de ma zone de confort en découvrant ce titre mais je rate peut-être quelque chose...

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    1. Tu ferais une découverte je pense. Une belle découverte ;)

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  13. Haaa celui-là me fait de l'oeil et ton billet en rajoute, je le note illico !

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  14. Pas plus tentée que cela par ce roman...

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  15. je suis un peu encombrée par une liste de livres à lire pour mon club, je ne me ferme pas à d'autres sollicitations, mais celui-là ne m'attire pas complètement , mais sans que je sache vraiment pourquoi.

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  16. Cette lecture commune fut un plaisir... je n'en ai pas terminé avec cet auteur, que je découvre tout juste avec ce titre...

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    1. Plaisir partagé. Et j'espère que Velibor te ravira à nouveau ;)

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  17. Un auteur que je n'ai encore jamais lu mais que j'ai eu l'occasion de voir et d'écouter aux Littératures Européennes Cognac 2014.

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  18. Je devrais m'arrêter dessus ne serait-ce que parce que je n'ai jamais lu d'auteur bosnien et que celui-ci semble valoir le détour, mais aussi parcequ'en effet, on célèbre assez peu la communauté tzigane en littérature (ou en général). Je note discrètement dans un coin, mon bouclier n'a rien vu.^^

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  19. En lisant ton billet j'ai pensé au film "la visite de la fanfare" connais tu ?

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  20. découverte récente de l'auteur et j'ai hâte de lire ce titre car c'est une ambiance un peu particulière que j'apprécie

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  21. Mmmm un village dans les balkans. Voilà qui est fort tentant, je me note ça dans un coin de la tête (c'est bizarre comme expression non ?) :-)

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    1. Non, c'est une expression assez courante je trouve. Il faut juste avoir de la mémoire :)

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  22. Je n'avais jamais entendu parler de cet auteur, mais j'aime beaucoup le sous-titre du roman "comédie pessimiste" n'est ce pas une manière élégante de parler de notre époque?

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    1. Et c'est aussi un résumé particulièrement pertinent du 20ème siècle...

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  23. Une oeuvre que Mirontaine m'avait conseillée, que j'ai immédiatement achetée, et que je n'ai pas encore lue ! Honte à moi...

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    1. Chez moi il prenait la poussière sur les étagères depuis sa sortie, ce n'est pas mieux ;)

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