J’ai craint au départ les clichés sur les beaux légionnaires sentant bon le sable chaud et se tapant, le treillis sur les chevilles, une chèvre crevée au piquet depuis trois jours en chantant « Tiens, voila du boudin ». Mais il n’en est rien. Djibouti est un très beau premier roman, plein de souffle, qui se laisse parfois déborder par quelques emportements lyriques mais dont l’écriture est dans l’ensemble magnifiquement tenue. Un texte charnel qui dit la moiteur d’une ville au bord de l’asphyxie, une ville où la chaleur épouvantable écrase les êtres, où le soleil dissout les âmes. Sur cette terre désolée, on suit les errements nocturnes de soldats paumés et de putains fatiguées partageant la même solitude dans des rues où « l'ivrognerie et la tension sexuelle sont partout palpables ».
Pierre Deram décrit un monde en faillite dans lequel chacun navigue les « yeux perdus au fond d’une nuit d’ivresse ». Une indicible mélancolie face à laquelle Markus veut trouver un semblant de sens : « Toute cette désolation… je veux croire qu’il y a… tout de même… quelque chose comme la flamme d’une bougie… si fragile… vacillante… Il faut qu’il y ait cela ou alors… […] ou alors c’est le naufrage ». Ici la chair est triste, la violence partout présente et l’alcool abrutit les esprits. Les corps trempés de sueur s’affrontent pour un regard ou par simple jeu, chacun semble au bord de l’abîme, toujours plus proche d’un chaos prêt à tout emporter sur son passage.
J’ai beaucoup aimé ce texte brutal et hypnotique, sans doute parce que les nuits d’ivresse et d’abandon, les bars crasseux et les rencontres d’un soir ravivent en moi les souvenirs d’une autre vie…
Djibouti de Pierre Deram. Buchet-Chastel, 2015. 114 pages. 11,00
Pas trop mon truc, a priori...
RépondreSupprimerJe peux comprendre.
Supprimeril y a un peu de Mr Hyde en toi? :) ça pourrait me plaire! J'aurais même envie de le lire maintenant tout de suite!
RépondreSupprimerUne aventurière, j'aime ça !
SupprimerPas sûre d'être séduite...
RépondreSupprimerC'est particulier.
SupprimerJe me le note pour plus tard... Je ne suis pas prête à lire ce type de texte dans l'immédiat mais il pourrait m'intéresser...
RépondreSupprimerC'est un texte qui bouscule.
SupprimerHein ? Tu as fait ton service Jérôme ? Avec une dernière phrase pareille je dois dire que tu nous mets toutes en expectative ...bref, il n'est pas pour moi, trop de testostérone, de désespoir et de moiteur stérile, mais il est beau ton billet.
RépondreSupprimerNon, j'ai été objecteur de conscience. Mais pas besoin d'être militaire pour connaître des nuits d’ivresse et d’abandon dans des bars crasseux ;)
SupprimerTa lecture semble belle mais triste ! J'ai besoin d'autre chose ces jours-ci j'avoue !
RépondreSupprimerIl y a pas mal de mélancolie dans ce texte, c'est un fait.
SupprimerMoi je l'aime bien ton côté sombre... Elle te colle à la peau cette lecture on dirait, je me laisserais peut-être tenter, juste pour voir...
RépondreSupprimerIl me va comme un gant ce premier roman.
SupprimerMoi je les aime bien les beaux légionnaires ;-). Trêve de plaisanterie, un texte brut qui pourrait me plaire.
RépondreSupprimerIls ont du charme, c'est indéniable ;)
SupprimerMon bouclier monte la garde mais de toute façon ce livre était clairement plus pour toi que pour moi.;-) Un régal malgré tout de te lire à ce sujet.
RépondreSupprimerC'est gentil ça, merci !
SupprimerUn livre qui s'appelle Djibouti... Clairement incontournable pour ma part... Et si j'avais ne serait-ce qu'une once de talent de conteuse, je pourrais moi aussi vous parler de la moiteur de cette ville et de tellement d'autres choses de ce territoire hors normes...
RépondreSupprimerL’environnement si particulier de Djibouti est magnifiquement restitué je trouve.
SupprimerHum! difficile de dire si ce roman me plairait.
RépondreSupprimerIl faut le lire pour savoir ;)
SupprimerTu écris de belles choses sur ce livre, mais je ne suis pas sûre de me laisser tenter tout de même.
RépondreSupprimerA toi de voir.
SupprimerOn me l'a offert, et je n'étais pas tentée... bon tu fais pencher la balance, cher Jérôme !
RépondreSupprimerTu m'en vois ravi ;)
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