Un roman de 1986 qui plonge le lecteur au cœur du désespoir. Une mère qui n'a pas les moyens de sauver son bébé, le nourrit au beurre de cacahuète et au biberon de pepsi, qu'elle coupe au whisky quand elle veut l'assommer quelques heures. Un pauvre type, beau parleur, magouilleur à la petite semaine. Des pas grand-chose dans l'Amérique des années 80 et son capitalisme triomphant. Jolene et Artie sont des personnages inoubliables. Des personnages acculés, incapables de joindre les deux bouts. Ils veulent éviter la noyade, tentent des choses, se débattent. Échouent. Relèvent la tête, s'interrogent, replongent. Ils rêvent, tirent des plans sur la comète, envisagent des solutions extrêmes, les mettent en œuvre. Se plantent. Mais ils s'aiment et finalement, rien n'est plus important.
Au-delà du désespoir reste une humanité et une vitalité qui amène un rayon de lumière dans les ténèbres. Richard Krawiec n'enjolive rien. Il fut l'un des premiers auteurs américains à donner des cours d'écriture dans des centres d'accueil de SDF, des prisons ou des cités défavorisées, guidé par le souci de redonner la parole à ceux qui ne l'ont plus. Avec Artie et Jolene, il dresse le portrait d'un couple incroyablement touchant, un couple qui avance à tout petits pas et ne va nulle part. C'est beau et tragique sans jamais être sordide, malgré les apparences.
L'ombre de Selby plane sur ce grand roman, sombre et crépusculaire. De la littérature américaine sans gants, décomplexée. Celle que j'aime plus que toute autre.
Dandy de Richard Krawiec. Points, 2015. 240 pages. 6,70 euros.
Je l'attends impatiemment. Beau billet, Jérôme. J'ai d'autant plus hâte d'y plonger.
RépondreSupprimerJe suis certain que tu vas aimer.
SupprimerAlors si "il y a un rayon de lumière dans les ténèbres " je pourrais bien avoir envie de le lire.
RépondreSupprimerBon WE pluvieux auprès de l'ordinateur ;-)
Bisous
Il y a peu de lumière, oui, mais pas des masses quand même ;)
SupprimerLe plaisir que tu as eu est presque palpable ! ;-)
RépondreSupprimerMerci, c'est un beau compliment.
SupprimerJe ne connaissais pas. Merci pour cette découverte.
RépondreSupprimerUn ouvrage qui est passé trop inaperçu je trouve (comme tant d'autres...).
SupprimerJe l'ai lu aussi (pour le Prix du Polar des Lecteurs de Points), et j'ai adoré !
RépondreSupprimerTu es une femme de goût, je le savais ;)
SupprimerAucune chance que je le lise comme tu te doutes, j'ai vaguement envie de pleurer juste en lisant ton billet...qui est très beau d'ailleurs, ça te va bien l'enthousiasme....
RépondreSupprimerMerci, mais ne pleure pas s'il te plait, je ne supporte pas l'idée de faire pleurer une femme ;)
Supprimerje sors du festival du film britannique .. je vais laisser la misère de côté pour un petit moment
RépondreSupprimerPour le coup, la misère, on est en plein dedans avec ce roman !
SupprimerTon avis et le commentaire de Miss Léo me tentent. Je n'avais jamais entendu parler de cet auteur.
RépondreSupprimerCe n'est pas l'auteur américain le plus connu. Et le plus traduit en France !
Supprimertu as coupé l'herbe sous le pied de Marie-Claude ! Elle l'attendait, ton billet me confirme qu'il me le faut aussi ;-)
RépondreSupprimerÉvidemment qu'il te le faut !
SupprimerMais oui, ça aussi c'est typiquement ton genre de livres, je l'ai reconnu dès les premières lignes.;-) Bouclier toujours haut levé même si ce type de récit ne me désintéresse pas, bien au contraire. Je suis déterminée !;-)
RépondreSupprimerIl va devenir difficile de fendiller ton armure j'ai l'impression ;)
SupprimerJe n'aurais jamais cru écrire ça mais je suis tentée... Ça a l'air sombre et glauque mais j'aime la littérature qui ne triche pas, du coup, de grandes chances que ça me plaise...!
RépondreSupprimerMais oui, laisse-toi donc enter. Je te le prêterais si tu veux.
SupprimerLe genre de romans que j'apprécie également.
RépondreSupprimerM'étonne pas ;)
SupprimerMoi aussi c'est tout ce que j'aime. T'as le chic pour les dénicher ces bons bouquins.
RépondreSupprimerAlors là, je te confirme qu'il est fait pour toi ce roman !
SupprimerJe vais me l'offrir :)
SupprimerCe sera un super cadeau !
SupprimerBravo Jérôme d’avoir ressorti ce bouquin.
RépondreSupprimerDandy c’est d’abord une critique sans concession de l’Amérique de Reagan, de la compétition instiller entre les individus, sous couvert de réussite. Vous savez, le trop célébré rêve américain !
Comme tu le dis, Richard Krawiec a donné des cours d’écriture dans plusieurs prisons. Il a écrit ce livre en connaissance de cause. Peut-être a-t-il croisé Artie et Jolene parmi les détenu(e) s. Dans tous les cas, on n’a aucun mal à se les imaginer et à compatir à leur sort. Même si Artie, en joueur invétéré peut parfois agacer à s’obstiner, à ne pas comprendre que non la chance n’est pas de son côté. Ou plutôt qu’il mise à chaque fois sur la mauvaise table ! Son opportunisme le conduit à aborder Jolene tout comme il aborde une nouvelle serveuse au début du récit. Elle va l’entrainer au-delà de ce qu’il était prêt à miser, mais une fois encore s’en rend-il vraiment compte ?
Ce livre est en quelque sorte le précurseur d’un autre bouquin au succès retentissant et pourtant austère, Le Capital du XXIe siècle de Thomas Piketty. Le parallèle peut paraître exagéré, mais comme je l’écris plus haut, Dandy, est un cri contre le capitalisme échevelé qui mène le monde entier par le bout du nez.
Piketty ne dit rien d’autre, la richesse va de plus en plus vers les détenteurs du capital, au détriment des salariés. À choisir, je garde Dandy, bien sûr. Lol.
Je pense en effet qu'il y a beaucoup de son expérience personnelle dans cette fiction. C'est un roman qui gagnerait à être davantage connu, comme tant d'autres malheureusement.
Supprimerrhooo comment g pu passer à côté ! exactement ce que je cherche pour mes étudiants ! je note et commande aussitôt à ma librairie ... mille mercis et mille bises
RépondreSupprimerTu peux y aller les yeux fermés ;)
Supprimerje le fais vendredi avec les étudiants et vais leur causer de ton billet ;-) et puis de Selby aussi tiens puisque tu le cites ! Un brin de littérature comme on aime ne leur fera pas de mal ;-)
Supprimerça ne peut que leur faire du bien même.
SupprimerEffectivement, l'ambiance semble ici plus forte ( par rapport à La couleur de l'eau) mais c'est peut-être aussi parce qu'il est plus proche de ton univers.
RépondreSupprimerEn tout cas, tu me donnes envie de le lire.
Clairement, il est beaucoup plus proche de mon univers.
SupprimerJ'ai raté ce billet, mais il n'est jamais trop tard, je note ce roman, plutôt que celui dont tu parles aujourd'hui.
RépondreSupprimerIl n'est jamais trop tard, non. Et puis c'est un poche sorti récemment, tu devrais pouvoir le trouver sans problème.
SupprimerJe note, je note, je ne connaissais pas mais je sais que nous avons des goûts proches en littérature américaine.
RépondreSupprimerTa confiance m'honore ;)
SupprimerMais comment j'ai fait pour louper ce billet, moi ? Allez hop, je note !
RépondreSupprimerTu fais bien.
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