mardi 27 octobre 2015

Mauvais fils - Raphaële Frier

Ghislain, fils unique, n'est pas celui que ses parents attendaient. Pas bon au lycée et surtout pas hétérosexuel. Difficile de leur cacher la vérité, difficile de ne pas répondre quand sa mère lui demande quand il amènera sa petite amie à la maison, difficile d'envoyer bouler son père qui veut lui apprendre le bricolage et faire de lui un gars viril. Un paternel tellement coincé et obtus que quand la vérité éclate au grand jour, Ghislain se retrouve à la rue, livré à lui-même...

Bon, c’était mal barré. Un démarrage que j’ai trouvé trop brutal. Un malaise trop profond chez Ghislain, un père trop beauf, caricature de l’homophobe sans nuance qui veut faire de son fils un homme, un vrai. Sans compter un virage glauque avec l’épisode des bars gays (un ado de 17 ans qui va « chasser » des partenaires dans des lieux pareils, outch quand même !). Entre ce que je considérais comme très cliché et une ambiance assez malsaine, j’ai failli lâcher prise. Mais j’ai persévéré et j’ai bien fait.

Parce que le narrateur ne s’enferme pas dans sa colère et son désespoir. Il reste debout et avance. Parce que la lumière survient et balaie le glauque avec finesse. Parce s'il n’y a pas de coup de baguette magique pour résoudre la situation, si l’avenir, en pointillé, n’aura rien d’un long fleuve tranquille, les choses peuvent néanmoins s’envisager de façon positive.

Et puis j’ai beaucoup aimé cette fin (que je ne vais pas vous raconter), dont le puissant symbolisme a fini par emporter ma totale adhésion. Un texte court, percutant, tendu, nerveux et intelligent qui propose une jolie réflexion sur la tolérance et l’acceptation de soi. Bref, typiquement le genre de pépite jeunesse que Noukette et moi aimons dénicher chaque mardi ou presque.

Mauvais fils de Raphaële Frier. Talents Hauts, 2015. 95 pages. 7,00 euros. A partir de 15 ans.









36 commentaires:

  1. Bravo pour ta persévérance, je n'ai pas toujours ce courage-là...

    RépondreSupprimer
  2. Pour une fois, je suis moins emballée par une de vos pépites. Merci pour mon porte monnaie ;-)

    RépondreSupprimer
  3. Ton billet donne envie de le découvrir : ta franchise séduit !

    RépondreSupprimer
  4. un roman jeunesse ? vu ce que tu en dis (le côté glauque) - mais bon je persévère aussi et c'est super quand ça va ainsi dans le bon sens !
    Le côté véridique c'est que près d'un millier de jeunes sont foutus à la rue par leurs parents quand il découvre l'homosexualité de leur fils en France ... triste triste tout ça ...

    RépondreSupprimer
  5. J'adore l'éditeur, j'aimerais le lire !

    RépondreSupprimer
  6. toujours cette même question, quel jeune voudra lire ce roman? les adultes en pensant que des jeunes devraient lire ce roman, ça leur ferait du bien... mais les jeunes que je connais détestent ce genre de livres.. ils aiment la sciences fiction, l'imaginaire et ce qu'ils appellent la "fantasy"

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il y a énormément de jeunes lecteurs (et lectrices !) pour ce genre de thématiques. Ce sont des livres très demandés dans les CDI des collèges et lycées.

      Supprimer
  7. Je l'ai repéré en amont et là je veux encore plus le lire :D

    RépondreSupprimer
  8. C'est vrai que c'était mal parti... Parfois il faut savoir se laisser bousculer finalement, bonne pioche, encore ! ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, il faut donner sa chance à texte malgré les apparences (mêle si parfois ça ne fonctionne pas jusqu'au bout ;) )

      Supprimer
  9. sans doute intéressant si je tombe dessus à la bib je le prendrais sans doute !

    RépondreSupprimer
  10. Le père a l'air bien beauf. Et puis zut, pourquoi aimer le bricolage est-il réservé aux gars virils? (et qu'est ce qu'un gars viril? depuis jean yanne on sait que les gros bras peuvent s'aimer...)

    RépondreSupprimer
  11. Un roman bien mené. J'ai aimé aussi.

    RépondreSupprimer
  12. Comme quoi, la persévérance, ça paie

    RépondreSupprimer
  13. Sans ton avis final positif, le résumé me paraîtrait en effet un peu réchauffé.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il y a un air de déjà-vu, c'est certain, mais absolument pas gênant.

      Supprimer
  14. Tu sais ce n'est pas si clichés que ça tout ce dont tu parles, des pères qui deviennent des beaufs en puissance quand leur fils ne présente pas tous les stigmates de virilité ça existe, de même que ces bars gays où ces très jeunes hommes se rendent parce qu'ils n'ont pas tellement d'autres choix, ça existe aussi.
    C'est important que ces livres existent je pense, surtout pour un public ado, tu as bien fait de persévérer

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La situation ne m'a pas choqué plus que ça, j'ai davantage été gêné par le ton, au départ du moins. Après tout est rentré dans l'ordre.

      Supprimer
  15. Encore une pépite jeunesse notée, une !

    RépondreSupprimer
  16. "Une réflexion sur la tolérance et l'acceptation de soi". Un livre qui devrait être lu dans les écoles. Je me souviens aussi de la bonne critique de Nadège. À vous trois, avec Noukette, vous me donnez très envie de le lire...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tant mieux, c'est un titre qui mériterait d'être davantage mis sous le feu des projecteurs.

      Supprimer

Je modère les commentaires pour vous éviter les captcha pénibles de Google. Je ne filtre rien pour autant, tous les commentaires sans exception seront validés au plus vite, promis !