samedi 2 février 2013

Le peintre d’éventail - Hubert Haddad

Haddad © Zulma 2013
Après avoir causé la mort d’une jeune fille dans un accident, Matabei quitte Kobe et se réfugie à Atôra, au nord-est de l’île d’Honshu. Accueilli à la pension de Dame Hison, une ancienne courtisane, il tente de se reconstruire, loin du brouhaha du monde. Dans ce lieu si particulier, Matabei rencontre Osaki, peintre d’éventail et créateur d’un jardin zen qui lui enseigne son art. A la mort de son maître, il hérite de l’atelier et s’applique à terminer les éventails inachevés tout en entretenant le jardin. Dans cette quête de perfection esthétique hors de la folie des hommes, Matabei trouve l’apaisement. Au contact de la nature, il découvre que l’équilibre des compositions du jardin participe à l’équilibre de l’âme. Mais une passion naissante pour une jeune femme et surtout un terrible séisme entraînant un tsunami et une catastrophe nucléaire vont anéantir  sa sérénité retrouvée.
   
Une chose est sûre, Hubert Haddad ne ménage pas ses personnages lorsque ceux-ci se lancent dans un exil volontaire censé leur offrir une vie meilleure. Ce fut déjà le cas avec Alam l’afghan dans Opium Poppy, son roman précédent, c’est la même chose ici pour Matabei. La fuite, le rêve et la mort, point de salut. Mais dans son portrait du japon rural, l’écrivain ajoute cette fois-ci à la tragédie en cours la célébration de la beauté crue d’une nature indomptable. Une nature certes suppliciée par le séisme mais qui, toujours, finit par se relever.

L’écriture d’Haddad est aérienne, contemplative et mélancolique, tout en délicatesse. Il se dégage de son texte une musicalité vibrante qui jamais ne sombre dans une quelconque préciosité. Une forme de raffinement dans lequel le lecteur se laisse bercer avec délectation. Comme si, dans ce monde au bord de l’apocalypse, il était encore possible de préserver un soupçon de grâce.

Le peintre d’éventail d’Hubert Haddad. Zulma, 2013. 192 pages. 17 euros.

L'avis de Maryline
L'avis de Skriban


32 commentaires:

  1. Oui, c'est tout-à-fait ça, " beauté crûe et délicatesse " - " une apocalypse et une grâce "
    Ravie que tu es vibré avec cette lecture :)
    ( craqué pour le recueil de haïkus aussi ?? ^^ )

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    1. Tu sais je ne prenais pas grand risque avec ce titre. Déjà il y avait ton billet et puis c'est quand même Hubert Haddad, on ne peut pas être déçu si l'on aime sa petite musique.
      Par contre pas craqué pour le recueil d'haïkus (pour l'instant...).

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  2. Punaise, les fôtes !! crue et tu aies ... !!

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    1. ça m'arrive aussi tout le temps dans les commentaires.

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  3. Je n'avais pas du tout repéré ce roman, même si c'est un auteur que je croise régulièrement en librairie et sur les blogs depuis quelques années. J'ai lu un roman (pas encore chroniqué et pourtant ma lecture date de septembre !) sur un sujet similaire. C'est une histoire biographique, quelqu'un qui a renversé une jeune fille et finit par décider d'écrire pour aider à sa reconstruction, après des années de souffrance. ça s'appelle "La moitié d'une vie".

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    1. Je croirais le coté biographique me plairait moins. Je suis plus à l'aise avec la fiction.

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  4. Pas mal du tout comme histoire! Je suis passée à côté de cet auteur avec son roman "Opium Poppy". Je voudrais réessayer avec celui-ci!

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    1. Tu peux réessayer sans problème. Et puis Marilyne a beaucoup aimé, c'est signe qui ne trompe pas (son avis est souvent beaucoup crédible que le mien, c'est bien connu^^).

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  5. Je l'avais noté celui là...lu un article dans un magazine...?...et puis j'ai oublié...il est arrivé à la biblio...je réserve donc...bon dimanche...

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    1. Ah super, je pense que c'est un univers méditatif et contemplatif qui te conviendrait parfaitement.

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  6. Je n'ai toujours pas découvert cet auteur, mais il est dûment noté !

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  7. Un tsunami et une catastrophe nucléaire ? L'auteur se serrait-il inspiré du Japon ?

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    1. Oui, il s'est inspiré du tremblement de terre de Kobe.

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  8. Pas du tout réussi à entrer dans 'Palestine' de cet auteur, donc il est sur ma liste 'à éviter' depuis...
    Là encore, dois-je sortir/partir en courant !? ;-)
    Fini "L'éloge des garces", merci. Billet sur le blog à 15h.
    Après lecture, je me rends compte que ton billet (sur Eloge...) est très complet et vraiment intéressant ! voilà pourquoi j'avais eu aussi envie de lire ce petit livre.

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    1. Disons que cet éloge est un petit livre léger et sans prétention. Des fois ça suffit à mon bonheur^^

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  9. La fatalité est tenace ! Un auteur que je ne connais pas, je note.
    Bonne semaine !
    (C'est bientôt ?)

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    1. C'est tellement bientôt que c'était la nuit dernière^^

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    2. Journal d'un lecteur heureux...

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    3. T'as raison, faut que je change la bannière^^

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  10. comment résister ? en quittant vite (très vite) cette page, pardi ! bises

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  11. Zuma et leurs couvertures... :)

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    1. ça me rappelle la grande époque du Serpent à plumes.

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  12. Ton billet est beau. Mais, je n'ai pas envie. Je sors déjà d'un roman sur le Japon qui ne m'a pas plu...

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  13. J'avais beaucoup aimé Oppium poppy mais je n'avais jamais réussi à écrire un billet sur ce roman... Quelle belle écriture...!

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    1. Oui c'est tout le charme d'Hubert Haddad, son écriture est magnifique.

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  14. J'ai craqué pour les deux, roman et haikus (trouvés dans deux librairies différentes, pour faire bonne mesure !) J'espère que je serai séduite aussi...

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    1. Je l'espère aussi. A priori, il n'y a pas de raison.

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  15. J'avais lu "Opium Poppy" et, même si comme tu le dis l'écriture est assez belle, j'avais été ennuyé par le côté sombre. L'impression que pour rendre l'histoire encore plus frappante (ce qui n'était pas nécessaire), l'auteur n'hésitait pas à en rajouter. Pas certain que celui-ci me plaise davantage...

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    1. J'avais fait la même remarque, je trouvais que la barque de ce jeune afghan était un peu trop chargée. Ici je n'ai pas eu cette impression.

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