samedi 12 janvier 2013

Wilderness de Lance Weller (Gallmeister)

Weller © Gallmeister 2013
Le prologue se déroule en 1965. Dans la petite chambre de sa maison de retraite, Jane Dao-ming Poole est submergée par les souvenirs. La vieille femme, aveugle depuis que ses yeux ont gelé au cours d’un hiver fort lointain alors qu’elle n’était qu’une petite fille, repense à ses trois pères. De son premier, il ne lui reste rien. Elle sait juste qu’il a été tué en même temps que sa mère, dans les montagnes, alors qu’elle avait cinq ans. C’est son second père, Abel Truman, qui l’a secourue et l’a sauvée d’une mort certaine. Le troisième a pris le relais peu après. Glenn Makers l’a adoptée et éduquée au mieux. Lui, l’homme noir marié avec une femme blanche, qui sera retrouvé pendu à une branche de peuplier.

C’est Abel Truman qui est au cœur du roman. Les chapitres alternent entre deux époques. On suit d’une part son parcours en mai 1864, au moment de la terrible bataille de la Wilderness, une des plus sanglantes de la guerre de sécession. Soldat confédéré (sudiste), Abel vit l’horreur absolue pendant plusieurs jours avant d’être recueilli et soigné par une esclave en fuite. Fait prisonnier, il décide à la fin du conflit de rejoindre la côte pacifique, au nord-ouest. On l’y retrouve en 1899, vivant en ermite dans une cabane au bord de la plage avec son chien pour seul compagnon. Malade et fatigué, il décide d’effectuer un dernier voyage au cœur de la forêt. C’est là, après de douloureuses péripéties, que sa route croisera celle de la petite Jane.   

Encore un premier roman américain impressionnant. Quel souffle, quelle maîtrise de la narration ! L’écriture de Lance Weller est très visuelle, riche de bruits et d’odeurs. La longue partie consacrée à la bataille de la Wilderness est d’un réalisme sidérant qui m’a laissé groggy. Du très grand art ! Weller est un peintre subtil de la nature. Il procède par petites touches, entre lumière et crépuscule, s’attardant sur les moindres détails. Il serait toutefois injuste de limiter Wilderness à un simple exercice de Nature Writing. Il y est aussi question de souvenirs déchirants, de convictions ébranlées et de rédemption.    
            
Aussi solidement charpentée qu’ambitieuse, cette épopée à travers l’Amérique sauvage de la seconde moitié du 19ème siècle est une nouvelle pépite dénichée par les éditions Gallmeister. Pour mon premier roman de l’année 2013, je ne pouvais pas rêver mieux !           
  
Wilderness de Lance Weller. Gallmesiter, 2013. 335 pages. 23,60 euros. 

Les avis de Dominique et de Clara


48 commentaires:

  1. Gallmeister exagère... Bon, j'en ai un à lire (un totem) je vais rester là. Merci pour la tentation...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Une honte cette maison d'édition^^
      Le pire c'est que l'année ne fait que commencer...

      Supprimer
  2. Pas forcément fan de Galmeister, je suis néanmoins tentée par ce titre.
    Et pour répondre à ta question sur mon blog, M. Muller est inoubliable, alors bien sûr que je m'en souviens. J'ai eu la chance de l'avoir deux ans et je n'ai jamais trouvé l'hist-géo aussi passionnante. C'est bien sûr de lui dont je parlais dans le tag. Tu l'as eu aussi?

    RépondreSupprimer
  3. En fait, j'avais mal lu ton message, je croyais que tu me demandais si le nom de M. Muller ne me disait rien. Mais non, c'est à toi qu'il ne dit rien. C'est que tu ne l'as pas eu alors car tu ne l'aurais pas oublié.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il n'y était peut-être plus à mon époque. En tout cas c'est un nom qui ne dit rien du tout.

      Supprimer
  4. Le nature writting ne me tente pas, mais ce que tu dis dans ta conclusion me tente plus.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce n'est pas du pur Nature Writing même si tout se passe au grand air...

      Supprimer
  5. Ça m'a l'air prenant et le fait que tu mentionnes le "souffle" du roman, me fait le rapprocher du Sillage de l'oubli. Je me méprends peut-être sur cette "filiation", mais quoi qu'il en soit, il a tout pour me plaire.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu peux faire le parallèle avec le sillage de l'oubli, il y a il me semble cette même ambition littéraire de créer un récit ciselé qui a du souffle.

      Supprimer
  6. Dis, heureusement que tu n'aimes pas les secrets de famille, sinon qu'est-ce que cela serait !(je blague of course). Bisous

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah non ma p'tite dame pas de secret de famille dans ce roman, juste de l'aventure avec un grand A^^

      Supprimer
  7. Un beau roman surement avec un sujet lourd. Cela me fait penser à La solitude du Dr March de Géraldine Brooks pour l'évocation de la guerre et l'esclavage.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne connais pas le titre dont tu parles, je vais aller y regarder de plus près.

      Supprimer
  8. Je viens d'entamer ce livre et hier soir j'ai du me faire violence pour arrêter ma lecture, je ne suis pas au bout mais je partage totalement ton point du vue sur la qualité du livre, la richesse de l'écriture, l'empathie magnifique avec les personnages, des métaphores parfaites.
    Un signe qui ne trompe pas : je le lis lentement pour profiter de tout

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu as raison, c'est une lecture qui se déguste. Hâte de lire ton avis définitf !

      Supprimer
    2. Je suis cuite! Dominique va y revenir pour enfoncer le clou sur son blog...

      Supprimer
    3. Fais toi une raison, tu ne pourra pas y échapper, un point c'est tout.

      Supprimer
  9. Évidemment, après autant d'éloges, difficile de passer à côté... Mais ce ne sera pas pour tout de suite (à moins d'aller vivre avec mon chien dans une cabane au bord de la mer...).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne te le conseille pas, c'est pas une vie facile !

      Supprimer
    2. Je ne suis finalement pas parti vivre dans une cabane mais je l'ai lu! Un beau et grand roman.

      Supprimer
    3. Ah, je suis content qu'il t'ait plu, c'est un texte magnifique !

      Supprimer
  10. En passant chez Cryssilda, juste avant de venir chez toi, j'ai vu le documentaire de Sylvain Tesson sur ses six mois en Sibérie. C'est beau! J'avais déjà lu son livre et ce que tu dis de celui-ci m'évoque un peu cette ambiance de solitude extrême dans la forêt (californienne si je comprends bien?) Pas sûr de pouvoir le lire tout de suite mais je note ce livre en tout cas! Bon dimanche!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est quand même assez différent du bouquin de Tesson mais il y a toujours la forêt et les grands espaces.

      Supprimer
  11. Je note, pour Mr (c'est bientôt sa fête, voilà une super idée !). Merci.

    RépondreSupprimer
  12. Tu re-re-re...dis chez Valérie ce matin que tu n'aimes pas les polars-thrillers ! je pensais lancer un billet pour que les visiteurs te fassent part de leurs romans préférés dans ce genre.
    Mais je viens bien trouver seule ! ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En voila une bonne idée. Un "polarthon" rien que pour moi ! Tu sais quoi, si tu lances l'idée et que tu récupères de bonnes idées de polars incontournables, je m'engage à en lire un par mois tout au long de l'année (mais faut vraiment trouver de bons titres qui me donnent envie^^).

      Supprimer
  13. Et bien voilà une bonne raison que je passe à l'Ouest !! :)

    RépondreSupprimer
  14. Pas forcément le genre de roman que je choisirai de prime abord mais ton billet est très convaincaint...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Si tu n'aimes pas le genre, pas sûr que tu y trouves ton compte.

      Supprimer
  15. Réponses
    1. Typiquement le genre de roman qui devrait te plaire.

      Supprimer
  16. tu devrais savoir honte ! comment je fais moi maintenant ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ben tu le lis et tu aimes, c'est aussi simple que ça ;)

      Supprimer
  17. Bon bah voilà, deux romans notés aujorud'hui,c'est malin !

    RépondreSupprimer
  18. Voilà qui a l'air incroyablement réussi pour un premier roman ! Noté !!

    RépondreSupprimer
  19. Ca y est, je suis en mesure de le noter ! Et tu donnes très envie de le lire, est-il nécessaire de le préciser ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est un très beau 1er roman, il a tout à fait sa place dans ton chalenge !

      Supprimer
  20. Belle chronique. C'est effectivement un premier roman très prometteur.
    J'ai aussi pensé au roman Le sillage de l'oubli en le lisant.
    Cicatrices physiques et morales de guerre et une enfant qui aide à la rédemption.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Beaucoup de similitudes en effet entre ces deux titres. Je surveillerais cet auteur de près désormais.

      Supprimer
  21. Encore une terrible tentation de chez Gallmeister ! Il a l'air vraiment excellent mais je crois que c'est le cas de tous les livres de cette maison d'édition.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai que pour l'instant je n'ai jamais été déçu par un de leur livre.

      Supprimer
  22. Je me suis toujours gardé d’utiliser le terme de chef-d’œuvre pour parler d’un bouquin, me méfiant de ce mot trop galvaudé, mais aujourd’hui, j’avoue qu’il m’est difficile de ne pas le considérer comme tel. D’un coup, mais quel coup de maître, Lance Weller vient d’entrer dans la cour des très grands écrivains contemporains.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mon premier livre de l'année et je n'ai rien lu de mieux depuis. Vraiment excellent !

      Supprimer

Je modère les commentaires pour vous éviter les captcha pénibles de Google. Je ne filtre rien pour autant, tous les commentaires sans exception seront validés au plus vite, promis !