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jeudi 23 février 2017

Défaite des maîtres et possesseurs - Vincent Message

Pour une fois (enfin j’espère que ce n’est pas le cas d’habitude), je vais faire un billet nébuleux. Ne rien dire du tout de l’histoire parce qu’il serait vraiment dommage de la déflorer. D’ailleurs celle qui m’a offert ce livre m’avait prévenu : « Lance-toi sans rien savoir, ne lis surtout pas la quatrième de couv ». Alors comme je suis un élève studieux j’ai respecté les consignes et je me suis jeté dans ce texte à l’aveugle.

Au début la déstabilisation a été totale. C’est simple, je n’ai rien compris. Qui est le narrateur, de quoi parle-t-il ? Où sommes-nous ? À quelle époque ? Que s’est-il passé pour que l’on en arrive là ? Le flou complet ! Je suis heureusement assez vite retombé sur mes pieds. Une grosse louche de dystopie, une fable philosophique qui ne dit pas son nom, une dénonciation de notre rapport aux animaux, une interrogation sur la notion de responsabilité, une réflexion sur la loi du plus fort qui finit toujours par desservir ceux voulant l’appliquer… rien que ça oui.

C’est donc particulièrement dense, assez perché, et le raisonnement est très construit. Trop même. Le narrateur théorise énormément, j’ai parfois eu l’impression d’être dans un essai plutôt que dans un roman. Il donne beaucoup d’explications, absolument nécessaires, j’en conviens, mais qui nuisent à la fluidité de l’histoire en elle-même. Une histoire qui avance d’ailleurs peu. Ou très lentement. Et puis c’est bien trop psychologique pour moi. Et trop politique aussi (les débats au parlement m’ont assommé).

Après, je suis obligé de reconnaître que le propos est solide, cohérent, engagé et pertinent. C’est un roman culotté, ambitieux, qui ne se cache pas comme tant d’autres derrière son petit doigt. Rien que pour cela j’admire la démarche et la prise de risque. Mais ce n’était tout simplement pas un roman pour moi, ce qui en soi n’a rien de dramatique. Même si je sais que celle qui a eu la gentillesse de me l’offrir aurait préféré que je l’adore. On va dire que ce n’est que partie remise.

Défaite des maîtres et possesseurs de Vincent Message. Seuil, 2016. 300 pages. 18,00 euros.




mercredi 21 août 2019

Cadavre exquis - Agustina Bazterrica

Une pandémie a décimé les animaux. Pour que l’on puisse continuer à manger de la viande, les scientifiques ont créé une nouvelle race humaine spécialement dédiée à la consommation. Marcos travaille pour un abattoir. Il fait le tour des fournisseurs et des clients, il gère les approvisionnements et les embauches. Depuis la mort de son enfant, Marcos est séparé de sa femme. Seul dans sa maison trop grande, il traîne son vague à l’âme sans but. Mais le jour où une connaissance lui offre une femelle d’élevage, son destin bascule. Specimen destinée à terme à finir dans son assiette, la jeune femme l’embarrasse dans un premier temps, avant de remplir peu à peu le vide de son quotidien. Leur relation évolue jusqu’à un point de bascule interdit par la loi. Marcos a beau savoir qu’il risque sa propre vie en la protégeant, il ne peut se résoudre à agir autrement.

Evidemment, celles et ceux qui ont lu Défaite des maîtres possesseurs vont tout de suite voir que ce roman possède de gros points communs avec celui de Vincent Message. Très, très gros même. M’étonnerait que l’Argentine Agustina Bazterrica ait lu l’écrivain français mais quand même, les similitudes entre les deux histoires sont particulièrement évidentes. D’ailleurs je n’avais pas franchement aimé le roman de Message et j’ai eu exactement le même ressenti avec celui-ci.

L’histoire n’est qu’un prétexte. Agustina Bazterrica a écrit un texte à charge dont le but est clairement de dénoncer l’exploitation et la maltraitance animale. Et pour se faire, elle emploie les grands moyens. Que ce soit dans la visite de l’abattoir ou dans la description d’une nouvelle forme de chasse à courre, elle ne lésine pas sur les détails. Je dirais même qu’elle décortique absolument tous les gestes et sévices effectués par les bourreaux sur leurs victimes. C’est à la limite du supportable, je ne me souviens pas avoir lu des passages aussi gerbants depuis… jamais en fait !

L’histoire ne sert donc qu’à dénoncer. Les personnages sont d’une froideur glaciale, sans charme et sans relief, ils sont juste là pour provoquer l’écœurement, pour choquer, pour montrer à quel point le traitement réservé aux specimens destinés à la consommation est plus que révoltante. En ce qui me concerne le fait d’insister lourdement sur les horreurs a été contre-productif. Ce côté « documentaire dégueu » enrobé sous des faux-airs de fable et de parabole m’a à la fois donné la nausée et une désagréable impression de complaisance face à la cruauté. Ce n’était évidemment pas le but mais c’est vraiment la sensation que j’ai eue.

Une lecture sans aucun plaisir donc. L’écœurement a pris le dessus sur tout le reste malheureusement, les situations révoltantes et les descriptions hyper précises n’étant jamais contrebalancées par une épaisseur romanesque qui aurait pourtant été bienvenue. Dommage. Mais au moins le message est clair !

Cadavre exquis d’Agustina Bazterrica. Traduit de l’espagnol (Argentine) par Margot Nguyen Béraud. Flammarion, 2019. 300 pages. 19,00 euros.