lundi 18 mars 2024

Qui tue ? - Karen M. McMannus

Ce « Qui tue ? » boucle une trilogie qui ne devait au départ être qu’un One Shot. Après « Qui ment ? » et « Qui meurt ? », voici donc la conclusion de la saga de Bayview, un quartier de San Diego en Californie. On y retrouve les mêmes protagonistes que dans les deux histoires précédentes, auxquels s’ajoutent quelques nouvelles têtes, ce qui fait beaucoup de personnages au final.

Quelques mois après les événements tragiques de Qui meurt, l’apparition d’un message étrange sur un panneau publicitaire de Bayview, la disparition d’une jeune fille au cours d’une soirée et la libération conditionnelle du principal protagoniste des troubles ayant frappé la communauté vont raviver de douloureux souvenirs. L’occasion pour le "Murder Club" de se lancer dans une nouvelle enquête où quelques uns de ses membres vont être dangereusement malmenés.  

Un groupe d’ados, un mystère, un meurtre, des indices au compte-goutte, un coupable tout désigné, un petit air de romance et le soleil de la Californie, les ingrédients sont vus et revus mais la mise en musique sans fausse note permet de passer un agréable moment. Karen M. McMannus maîtrise l’art des fausses-pistes et du cliffangher. Elle jongle habilement avec la multitude de personnages sans jamais donner au lecteur une impression de trop plein. Une grande lisibilité donc, pour une intrigue qui aurait pu facilement tourner au fouillis. 

Malheureusement, au niveau de l’écriture, c’est plutôt moyen. Surtout, l’usage abusif de dialogues loin d’être passionnants et utiles pour l’intrigue gonfle artificiellement le nombre de pages et donne parfois l’impression d’être dans un série ado de chez Disney.

Bref, un Teen Thriller qui ne réinvente pas le genre mais joue bien son rôle de page turner sans prise de tête. 

Qui tue ? de Karen M. McMannus. Nathan, 2024. 410 pages. 18,95. A partir de 13 ans.





jeudi 14 mars 2024

Les souris du Buisson-aux-mûres : Le Printemps - Jill Barklem

Quel plaisir de retrouver les petits habitants du Buisson-aux-Mûres ! La première publication date du début des années 80 et je m’en rappelle comme si c’était hier. Des petits livres carrés, blancs, avec à l’intérieur un univers animalier trop craquant. À l’époque la série avait pour titre Les souris des quatre saisons. Quatre albums, un par saison, rien de plus simple. Les histoires se passent toutes près d’un ruisseau bordant un champ, dans une haie sauvage où vivent des souris. Une communauté parfaitement organisée, habitant de jolies maisons dans les troncs d’arbre. 

Ce premier volume, consacré au printemps, se déroule le jour de l’anniversaire du petit Wilfred. Décidées à lui faire une surprise, les souris organisent un grand pique-nique pour célébrer l’événement, qui coïncide évidemment avec le retour de la belle saison.

L’anglaise Jill Barklem, décédée en 2017, était une illustratrice de génie. Ses dessins rappellent l’univers graphique de Béatrix Potter. On se perd avec délice dans la minutie de chaque illustration où aucun détail n’est laissé au hasard. C’est trop beau, trop mimi, trop choupi, trop kawaii, bref ça fait trop du bien. En plus cette réédition dans un format bien plus grand que les précédentes (la dernière datait d’il y a 15 ans) offre enfin un écrin à la hauteur du talent de cette virtuose de l’aquarelle.


Le deuxième tome sortira en mai, les autres suivront en septembre et en octobre. On ne peut que se réjouir à l’idée que, d’ici la fin de l’année, l’intégralité de cette série iconique de la littérature jeunesse anglo-saxonne soit à nouveau disponible dans nos librairies !

Les souris du Buisson-aux-mûres : Le Printemps de Jill Barklem. Qilinn, 2024. 32 pages. 13,95 euros. A partir de 5 ans.





lundi 11 mars 2024

On était des loups - Sandrine Collette

On était des loups, c’est plutôt une histoire d’ours. D’abord parce qu’un ours (un vrai) est le tragique déclencheur de l’histoire mais aussi parce que le narrateur, à sa façon, est un sacré ours mal léché. Un homme qui doit enfiler un costume de père trop grand pour lui, un homme incapable d’assumer la responsabilité d’un fils dont la présence ne devait en rien changer ses habitudes de vieux garçon. Bien que n’étant plus célibataire, il avait gardé la même routine, laissant femme et enfant dans sa cabane au cœur de la forêt, disparaissant plusieurs jours ou semaines pour vivre seul au grand air. Un quotidien bien huilé. Une situation idéale. Du moins jusqu’au jour du drame.

De Sandrine Collette j’ai lu Et Toujours les forêts ainsi que Juste après la vague. Deux récits de survie, deux textes mettant la nature au cœur de l’intrigue, pas seulement en tant que simple décor. Ici on retrouve ces thématiques. Milieu hostile, situation désespérée, figure masculine bourrue, violence des hommes et des éléments, tout y est. Sans compter une écriture très littéraire, où rien ne cède à la facilité.

J’aime  aussi le fait qu’il n’y a pas de baguette magique chez Sandrine Collette. Pas de miracle après le drame, pas de résilience, pas de feelgood. Ça pique, c’est douloureux, ni héros ni victimes, les rapports humains ne souffrent pas de faux semblant, la vie ne fait pas de cadeau. 

Un beau texte, finalement proche du roman de formation. Un texte âpre, rugueux, tendu, intense, puissant. Collette est vraiment la reine du Nature Writing à la française !

On était des loups de Sandrine Collette. Le Livre de Poche, 2023. 160 pages. 7,70 euros.





mercredi 6 mars 2024

Orignal - Max de Radiguès


Chaque matin, Joe traîne au petit déjeuner. Il préfère rater le car du ramassage scolaire et se rendre au collège à pied. Une petite escapade à travers bois qui lui offre un peu de répit. Car une fois dans son établissement, le cauchemar commence. Un cauchemar se prénommant Jason. Avec son acolyte Oliver, plus suiveur que meneur, cette brute épaisse fait vivre à Joe un enfer quotidien. Brimades, racket, humiliations, le jeune garçon subit sans broncher les pires affronts. Ses enseignants voient que quelque chose ne tourne pas rond mais Joe préfère garder le silence. Son salut viendra d’une infirmière compréhensive et d’un orignal, une espèce d’élan originaire d’Amérique du Nord (oui parce que cette histoire se passe au Canada).   

Un roman graphique qui aborde intelligemment la question du harcèlement à l’école. Le processus est décortiqué et révèle de façon implacable que le harcelé n’a souvent aucune issue. Mais la fin, des plus surprenantes, prouve une fois de plus qu’il ne faut pas grand-chose pour que les victimes se transforment en bourreau.

Une chose est sûre, ce n’est pas avec son ambiance graphique que cet album séduit. Trait minimaliste, quasi absence de décor, découpage en gaufrier de six cases hyper répétitif, il n’y a pas de quoi s’enthousiasmer esthétiquement parlant. Au moins la narration est fluide, c’est déjà pas mal. De toute façon, l’intérêt est ailleurs.

Orignal, Frangins, Un été en apnée… Max de Radiguès sait mettre en scène avec justesse les affres de l’adolescence. Son récit est simple et touchant, il interpelle le lecteur avec pertinence sur un sujet délicat mais ô combien d’actualité. 


Orignal de Max de Radiguès. Casterman, 2024. 150 pages. 25,00 euros.

PS : publié il y a dix ans en noir et blanc par Delcourt, cet album ressort aujourd’hui chez Casterman dans une version colorisée. Au passage le prix a augmenté de plus de 10 euros. Je veux bien qu’on me parle de l’inflation mais il y a des limites !


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mercredi 28 février 2024

Le chantier - Fabien Grolleau et Clément C. Fabre

Flora, jeune architecte engagée dans un grand cabinet barcelonais, se voit confier son premier grand chantier. Pour construire la maison de rêve d’une famille aussi riche qu’exigeante, la débutante va devoir allier diplomatie, force de conviction et moral à toute épreuve. Parce que le chantier, des premières ébauches à la pose de la dernière pierre, n’aura rien d’un long fleuve tranquille.

« Les ennuis juridiques, les clients compliqués, les assurances, la comptabilité, les problèmes de chantier, la recherche d’artisans, les délais qu’on ne tient pas, les gros coups de stress, les accidents de chantier, les malfaçons… », le scénariste  Fabien Grolleau s’est inspiré de sa propre expérience d’architecte DPLG (Diplômé Par Le Gouvernement) pour mettre en scène les premiers pas balbutiants d’une consœur écartelée entre ses convictions et la dure réalité d’un métier où le client a (presque) toujours le dernier mot.

Tous les problèmes rencontrés au cours d’une carrière semblent être rassemblés sur ce seul chantier. Du coup l’ensemble apparaît parfois un poil caricatural mais au final le récit est instructif et Flora terriblement attachante. Clément C. Fabre, propose un univers graphique proche de celui de Julien Neel (Lou !). Son trait souple va à l’essentiel et offre une rafraîchissante spontanéité pleine de peps. 

Une lecture agréable qui permet de découvrir la réalité d’un métier aux multiples facettes, de la plus clinquante à la plus terre-à-terre. A noter que l’album avait déjà été publié il y a quelques dans la collection Marabulles. Il ressort aujourd’hui chez Dargaud, agrémenté de 10 planches inédites et d'une nouvelle couverture.

Le chantier de Fabien Grolleau et Clément C. Fabre. Dargaud, 2024. 130 pages. 21,50 euros.



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mercredi 21 février 2024

Le chien gardien d’étoiles : intégrale - Takashi Murakami

Voilà une intégrale franchement bienvenue tant ce diptyque, publié il y a une douzaine d’années par les éditions Sarbacane, était devenu difficile à trouver, même sur les sites d’occasion.

Dans le premier tome, un homme perd son emploi. Quand sa femme demande le divorce, il se retrouve à la rue avec pour seuls biens sa voiture et Happy, le chien de la famille. Gravement malade, se sachant condamné, il décide de partir pour le sud, dans un dernier voyage avec ce compagnon à quatre pattes qu’il chérit plus que tout. Dans le second tome, on découvre le destin de la sœur d’Happy, récupérée par une vieille dame dans un carton laissé sur le trottoir.

Si la première histoire est d’une infinie tristesse, la seconde se veut davantage positive et lumineuse. Le « papa» d’Happy n’est pas un battant. Il subit les événements mais n’en veut pas particulièrement à la société. Le bouleversement de sa vie sans histoire et de ses habitudes est un élément déclencheur qui le pousse à tout quitter pour partir sur la route, sachant que seule la mort l’attend au bout du chemin. La mamy qui adopte contre son gré le chiot abandonné suit quant à elle un parcours inverse. Acariâtre, percluse de douleurs, ne supportant plus la solitude, elle retrouve le goût à la vie grâce à l’irruption dans son quotidien d’une boule poils qu’elle finira par trouver attachante.

Tenant davantage du roman graphique que d’un manga classique, ce récit tout en finesse et d’une grande humanité a l’intelligence de ne jamais sombrer dans le pathos le plus dégoulinant. Pour autant, nul doute que les plus sensibles ne pourront s’empêcher de verser une petite larme devant ces destins pas épargnés par le malheur.

Le chien gardien d’étoiles : intégrale de Takashi Murakami, Pika, 2024. 320 pages. 20,00 euros.



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lundi 29 janvier 2024

Confessions d’un masque - Yukio Mishima

 

« Un menu constitué de la somme des angoisses de mon existence m’avait été attribué avant même que je ne sois capable de le lire. Il me suffisait de m’asseoir à table, une serviette autour du cou ».

Il y a deux parties bien distinctes dans cette autobiographie publiée en 1949 alors que Mishima n’avait que 24 ans. La première revient sur son enfance passée auprès d’une grand-mère tyrannique, la seconde s’attarde davantage sur son quotidien d’étudiant et de jeune adulte alors que le Japon subit les bombardements américains, à la fin de la seconde guerre mondiale.

L’enfance reste pour lui le moment clé de la formation de sa personnalité. Une époque où il découvre son attirance pour les garçons. Son trouble est grand face à la figure androgyne de Jeanne d’Arc ou face au martyre de Saint Sebastien, représenté par le peintre italien Guido Reni torse nu, les mains liées dans le dos. Perturbé par l’odeur de la sueur de ses camarades de classe, irrésistiblement attiré par l’un d’eux plus âgé que lui, il comprend très tôt que son existence ne rentrera jamais dans les normes.

En grandissant, il n’aura pourtant de cesse de vouloir s’intégrer à la société qui l’entoure, se persuadant même qu’une relation hétérosexuelle est envisageable avec la belle Sonoko, sœur de son meilleur ami Kusano. Malheureusement, leur premier baiser le ramène à son indifférence pour la gent féminine. Une indifférence confirmée lors d’une lamentable tentative de relation tarifée avec une prostituée.

Le masque du titre est l’artifice qui cache aux yeux du monde la véritable personnalité de Mishima. Une posture de façade devant lui permettre d’avoir une vie sociale « normale » alors que bouillonne en lui « le désordre des sens ». Un texte forcément introspectif, même si l’autobiographie semble parfois avoir été très romancée. Quoi qu’il en soit, la désillusion est au cœur du récit, couplée à une impitoyable lucidité. Au final, celui qui deviendra l'un des plus grands écrivains japonais de l'après-guerre prend conscience avec résignation qu’il ne pourra échapper à une vie en marge.  

Confessions d’un masque de Yukio Mishima (traduit du japonais par Dominique Palmé). Folio, 2020. 285 pages. 8,30 euros.



Le rendez-vous des Classiques c'est fantastique s'invite ce mois-ci aux portes de l'Asie.
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lundi 22 janvier 2024

Mon nom dans le noir - Jocelyn Nicole Johnson

Depuis le début du « démantèlement », rien ne va plus en Amérique. L’enchaînement des catastrophes climatiques a engendré le chaos. Incendies, inondations, tornades dévastatrices, avions cloués au sol, pannes énergétiques, émeutes, la spirale de l’effondrement semble inarrêtable. A Charlottesville, l’étudiante Da’Naisha doit quitter dans l’urgence son quartier attaqué par des suprémacistes blancs. Elle s’enfuit en car, avec sa grand-mère et quelques voisins, sur les hauteurs de Monticello, qui fut la maison et la plantation du troisième président des Etats-Unis, Thomas Jefferson. Dans ce vaste domaine, lieu de mémoire de l’esclavage transformé en musée, le groupe de nouveaux arrivants s’organise pour cohabiter et survivre. Une mission difficile, sachant que la petite communauté reste en permanence sous la menace de ceux qui ont voulu les lyncher en ville.

Un roman post-apocalyptique anxiogène, dans une Amérique pas si dystopique étant donné le contexte actuel. Da’Naisha est la seule narratrice. Elle relate les événements avec calme, exprimant davantage de tristesse que de colère face à la situation. L’espoir de créer dans leur refuge chargé d’histoire une micro-société altruiste et tolérante se heurte malheureusement à une réalité beaucoup moins optimiste.

Dans un récit où l’apaisement le dispute à l’angoisse, Jocelyne Nicole Johnson dresse le portrait d’une jeune afro-américaine aussi volontaire que désemparée, dont la volonté de façade cache une détresse dévorante. C’est à la fois tendu et poignant, douloureux et bienveillant. On ne connaîtra pas la fin de l’histoire. Ce n’est pas nécessaire, tant le dénouement laissé en suspens est inéluctable. Et à l’évidence dramatique.

Un texte engagé et politique. Reste à savoir s’il restera dans la pure dystopie ou s’il s’avèrera, pour le pire, totalement prémonitoire.

Mon nom dans le noir de Jocelyn Nicole Johnson (traduit de l'anglais par Sika Fakambi). Albin Michel, 2024. 215 pages. 20,90 euros.






mercredi 17 janvier 2024

Le bal des folles - Véro Cazot et Arianna Melone

Paris, 1885. Eugénie est internée de force par son père à La Salpêtrière parce qu’elle affirme dialoguer avec les esprits. Un don qui lui vaut d’être cloîtrée dans un bâtiment de l’hôpital où sont traitées les « hystériques ». Eugénie y découvre le parcours de ses sœurs de souffrance et les méthodes discutables du renommé professeur Charcot, médecin en charge du service qui pratique l’hypnose pour traiter ses patientes. Un univers où la captivité est le meilleur moyen trouvé par les hommes pour mettre hors d’état de nuire des femmes considérées comme « nuisant à l’ordre public ».

Victoria Mas a obtenu un succès aussi inattendu que phénoménal avec son premier roman Le Bal des folles : Prix Renaudot des lycéens, inscription dans les programmes scolaires du lycée, adaptation cinématographique et, pour ce qui nous intéresse aujourd’hui, adaptation en BD.

D’un point de vue graphique, rien à dire, les aquarelles tout en douceur d’Arianna Melone rendent à merveille l’ambiance vaporeuse et éthérée qui traverse le récit. Pour ce qui est du scénario, le résultat est moins convaincant. Trop de scènes réduites à quelques cases, trop de scènes qui ont carrément disparu par rapport au texte d’origine, bref tout avance trop vite, au point que l’on a l’impression de survoler les événements. La psychologie des personnages n’est pas suffisamment approfondie et les femmes qui, dans le roman, suscitaient admiration et empathie, ont du mal à se rendre attachantes.

Conclusion, si l'on ne veut pas en déceler les faiblesses, mieux vaut lire cet album sans avoir lu le roman. Et en même temps, il vaudrait mieux ne pas en rester à la simple découverte de la BD si l’on souhaite profiter de toute la richesse de l’œuvre de Victoria Mas. Bref, débrouillez vous comme bon vous semble...

Le bal des folles de Véro Cazot et Arianna Melone (d’après Victoria Mas). Albin Michel, 2021. 130 pages. 21,90 euros.


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mercredi 10 janvier 2024

Momo : l'intégrale - Jonathan Garnier et Rony Hotin

Parce que son père est parti plusieurs semaines en mer sur un bateau de pêche, Momo doit passer l’été chez sa grand-mère. La petite fille, souvent laissée livrée à elle-même, multiplie les rencontres et les longues balades dans la campagne. Jusqu’au jour où un drame va venir bouleverser ses paisibles vacances…
Il y a vraiment deux salles/deux ambiances dans cette intégrale. La première partie célèbre l’innocence de l’enfance et la simplicité d’une existence au grand air. Elle est joyeuse et pleine de vie. La seconde est beaucoup plus triste, pesante, silencieuse et souvent contemplative. Mais au final, l’apparent contraste entre les deux albums réunis dans cet unique volume offre une vision cohérente de l’ensemble du récit.
Graphiquement, Rony Hotin allie simplicité et lisibilité, rappelant parfois les débuts de Miyazaki, notamment sur l’animé Conan, le fils du futur.
Une BD douce-amère, oscillant entre joie, mélancolie et tendresse. Les thématiques de l’enfance, du deuil, de l’amitié et de l’amour sont abordées avec pudeur et sensibilité. Clairement, une BD qui fait du bien malgré la douleur de la perte d’un être cher.

Momo de Jonathan Garnier et Rony Hotin. Casterman, 2023. 175 pages. 25,00 euros.



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