Préférant sa carrière à son rôle d’épouse et de mère, elle refuse de renoncer à ses aspirations professionnelles, brisant le carcan patriarcal dans lequel « la bonne société » souhaiterait la voir rester. Femme libre, elle mène une double vie auprès d’un interne de la faculté de médecine sans la moindre culpabilité. Au cours de la première guerre mondiale, Suzanne Noël développe des protocoles révolutionnaires pour réparer les gueules cassées et pendant les années folles, elle va chercher à mettre en place des techniques de rajeunissement que l’on peut considérer comme les premiers liftings de l’histoire. Pour elle la chirurgie esthétique est une forme d’émancipation féminine, une possibilité de se sentir mieux dans son corps à une époque où se développe l’industrie de la mode et où apparaissent de nouveaux canons de beautés.
Difficile de ne pas se montrer admiratif devant une telle force de caractère, une telle volonté d’indépendance et une telle confiance en soi. Ce premier tome peint une trajectoire aussi passionnante qu’impressionnante et offre l’occasion de découvrir une héroïne oubliée du 20ème siècle. La suite montrera, entre autres, son engagement dans le combat pour le droit de vote des femmes et plus généralement sa lutte pour l’amélioration de la condition féminine. Inutile de vous dire que j’attends cette suite avec impatience.
A mains nues T1 : 1900-1921 de Leïla Slimani et Clément Oubrerie. Les Arènes, 2020. 104 pages. 20,00 euros.