Je n’avais encore jamais un lu un manga s’ouvrant sur un concours de branlette entre collégiens. Pas que ça me choque, hein, entendons-nous (j’ai moi-même pratiqué ce genre de « compétition » dans ma jeunesse), mais c’est surprenant. Et pourtant ce n’est rien comparé à la suite. Shion, le champion de la branlette, doit abandonner ses meilleurs copains suite à un déménagement. Nostalgique des bons moments passés avec eux, il s’astique le manche en solitaire au bord d’une rivière. Sa semence tombe à l’eau et s’en va féconder un œuf de saumon. Trois ans plus tard, Shion repasse près de la rivière et tombe sur une créature mi-homme mi-saumon, une créature qui n’est autre que son fils...
Un titre qui fait partie de la collection WTF des éditions Akata, ce qui ne surprendra personne. Franchement, l’auteur doit consommer pas mal de substances prohibées. Il doit même faire de sacrés mélanges. Que penser de ce grand n’importe quoi ? Qu’il faut le prendre comme tel, même si les lecteurs voulant garder un minimum de respectabilité pourront arguer d’une ode à la différence, d’une œuvre bien plus profonde qu’il n’y paraît ou de je ne sais quel autre argument fallacieux pour justifier leur choix de se plonger dans un tel ovni. Pas besoin de tels arguments en ce qui me concerne, il y a longtemps que ma respectabilité s'est fait la malle de toute façon.
J’assume donc. Sans problème. Les gros délires, ça me plait. Comme j’aime savoir jusqu’où un auteur parti en vrille est prêt à aller. Impossible de rester dans le tiède avec l’homme-saumon engendré par une branlette d’ado. Alors on y va et on imagine une scène d’anthologie qui s’achève en malencontreuse éjaculation faciale dudit saumon sur son paternel. Rien que ça. Et là je me suis dit que j’en avais eu pour mon argent. Ériger le mauvais goût à un tel niveau n’est pas donné à tout le monde, je tire donc mon chapeau à l’auteur pour son audace (ou pour le choix pertinent de ses dealeurs, c’est selon).
Tu seras un saumon, mon fils… de Shôhei Sasaki. Akata, 2017.
220 pages. 7,95 euros.
PS : j'ai voulu, pour fêter les six ans du
Premier mardi c'est permis de Stephie, revenir à l'esprit originel de ce rendez-vous, à savoir parler de lectures dont on n'a pas à être fier. Et je crois bien avoir trouvé l'exemple parfait^^