Bon, en toute franchise, je les ai vite rangés les couteaux. D’abord parce que comparaison n’est pas raison, ensuite parce que la demoiselle trace son chemin sans se soucier de son illustre prédécesseur et qu’elle le fait avec une légèreté qui ne pouvait que me séduire. En fait, les ingrédients sont toujours les mêmes pour que j’apprécie un carnet de voyage : pas de prise de tête, une pointe d’humour, une énorme dose d’autodérision, des trouvailles graphiques qui font mouche malgré leur simplicité apparente, une empathie pour les autochtones qui ne tombe pas dans la déclaration d’amour aveugle, suffisamment de recul pour ne pas raconter les événements « à chaud » et puis surtout qu’on me parle de la vraie vie des vrais gens au plus près de la réalité quotidienne. Ici tous les ingrédients sont réunis donc je me suis régalé.
Julie Blanchin Fujita raconte son arrivée au Japon en octobre 2009, ses colocations, ses petits boulots d’illustratrice, les cours de français donnés à droite à gauche. Elle décrit aussi bien les pièces de son appart que le fonctionnement des transports en commun, des bains publics ou que la richesse et la diversité de la gastronomie locale. Elle parle de sa difficulté à apprendre la langue, relate des événements marquants comme une excursion sur le Mont Fuji ou le terrible tremblement de terre de mars 2011 ayant déclenché la catastrophe de Fukushima. La jeune femme vit les choses avec une spontanéité qui fait un bien fou. En plus, loin d’un simple regard de « touriste », elle s’inscrit dans un véritable projet de vie, une réelle volonté de s’installer durablement.
Un carnet de voyage instructif, dépaysant et dénué de la moindre trace de cynisme. Cette aventure au Japon m’a fait passer un délicieux moment de lecture, exactement ce dont j’avais besoin en ce moment.
J’aime le nattō : une aventure au Japon de Julie Blanchin Fujita. Hikari éditions 2017. 230 pages. 18,90 euros.
L'avis de Mo