Boucq © Le Lombard 2012 |
Dans Le manifeste du mâle dominant, Boucq met en scène un explorateur/ethnologue qui éclaire le lecteur sur la véritable nature de Moucherot : son intimité, son habitat, son art de la séduction… Une façon de redéfinir en douceur ce drôle de personnage après tant d’années de silence. Car pour ceux qui ne le connaissent pas, il importe de préciser que l’univers de l’assureur est sensiblement différent du notre. Son monde est un mélange d’onirisme, de poésie, d’humour et de fantastique. Avec lui tout peut arriver, tant son vaste champ des possibles se révèle sans limite.
Avec cette série, François Boucq, grand prix du festival d’Angoulême en 2000, se lance dans son travail le plus personnel. Contrairement au Bouncer (Jodorowski) et au Janitor (Yves Sente), il signe lui-même le scénario. Dans les histoires qu’il propose, l’absurde règne en maître. Digne héritier de Gotlib ou de Goossens, il manie la caricature à merveille. Surtout, sa virtuosité graphique (Boucq est pour moi l’un des tous meilleurs dessinateurs actuels) lui permet de jouer sur le contraste entre le classicisme d’un dessin réaliste et la mise en scène de situations surréalistes.
Une chose est sûre, les adeptes de l’humour « non-sensique », vont se régaler avec ce nouvel album. Pour ceux qui se sentent moins à l’aise avec ce type d’humour, sachez néanmoins que chaque aventure de l’assureur, même la plus irrationnelle, garde une certaine logique. Personnellement je reste un grand fan du sieur Moucherot, et pas seulement parce qu’il se prénomme Jérôme.
Jérôme Moucherot T5 : Le manifeste du mâle dominant de François Boucq. Le Lombard, 2012. 88 pages. 14,45 euros.
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